Silhouette élégante, finition soignée, le MX-11 Coupè ne passe pas inaperçu, sans pour autant faire d’effets de manches. Cette relative sobriété n’empêche pas un confort de premier plan qui, allié à de solides performances, donne envie de prolonger les sorties au-delà du coucher du soleil.
Texte et photos Philippe Leblond
Il faut saluer le chantier sicilien pour sa constance à affirmer un style personnel qui donne une identité forte à sa marque. Impossible de confondre un Magazzu avec un autre semi-rigide, que ce soit pour le « petit » 9 mètres ou le navire-amiral de 18 mètres. La ligne montante du flotteur s’accompagne d’une diminution du diamètre de ce dernier, découvrant une étrave haute, marquée par un brion fuyant, à l’opposé de la mode des étraves verticales… Il y aussi la fluidité des formes, y compris dans le mobilier de pont qui, lui aussi, s’affranchit du courant dominant (edge-design) pour jouer des rondeurs plutôt que des angles vifs. L’élégance et la qualité perçue s’imposent d’emblée lorsqu’on observe un Magazzu. Même pour ce qui ne se voit pas, la construction ne lésine pas sur les matériaux haut de gamme, à l’image de la coque et du pont qui utilisent un polyester renforcé de fibres de carbone et de résine Epoxy. Une garantie de rigidité et de légèreté, qui permet au MX-11 Coupé d’afficher un rapport poids/puissance très favorable, sans même faire appel à la puissance maxi (2 x 400 ch). Précisons aussi que cette version hors-bord est dérivée du modèle in-board (voir essai sur Pneumag.com).
*Au ponton*
Baptisé « Beauté Noire » par son propriétaire, ce MX-11 Coupè arbore des flotteurs et un gel-coat intégralement noirs. La sellerie beige et le teck massif qui habille toutes les parties planes du pont apportent un heureux contraste. Commençons la visite par la poupe, qui est la seule partie différenciant la version hors-bord de celle à moteurs intérieurs. Les deux gros Verado étant montés sur chaise, les deux demies plates-formes de bain sont très praticables. Par contre, elles ne dépassent pas les moteurs, et une maladresse en marche arrière à l’accostage se paiera « cash » pour ce qui est des capots. La douchette et l’échelle de bain (intégrée) font partie de l’équipement standard. L’absence de passage au cœur du solarium est compensée par de larges plats-bords en teck, permettant d’éviter de fouler le matelas lorsqu’on revient de la baignade. Ce dernier (153 x 222 cm), doté d’appui-tête, peut aisément accueillir trois ou quatre amateurs de séance UV. Dans le cockpit, où les espaces de circulation sont respectés, il est facile de se déplacer autour des deux petites tables de pique-nique, ou du leaning-post qui renferme la kitchenette (évier inox, frigo, plan de travail) qui peut aussi intégrer un réchaud. L’immense cale arrière, qui sur le modèle in-board renferme deux moteurs, est ici disponible pour le rangement des matériels encombrants (matelas des deux solariums, tables, skis, wakeboard…), peut aussi se convertir en couchage supplémentaire (option). Mais, en raison de la place prise par le vérin hydroélectrique levant le capot, la couchette ne sera pas double…
Le poste de pilotage permet au barreur d’officier debout, ou assis avec l’apport du cale-pied. Mais, l’espace entre le siège et le volant sera mesuré pour un pilote de grande taille. Les commandes – un joli volant sport gainé de cuir havane et le boîtier DTS Mercury – tombent bien sous les mains. Par contre, le tableau de bord devant composer avec la porte de cabine, il ne peut accueillir de GPS-traceur à grand écran… L’accès au dispositif de mouillage (ancre à l’étrave commandée par guindeau électrique) et au solarium avant (250 x 211 cm) se fait via de généreux passavants (40 cm !). Une découpe circulaire dans le matelas laisse libre l’ouverture du capot de pont de la cabine. Cette dernière offre un confort qui incite à partir pour un week-end ou en croisière. La hauteur est de 1,73 m à l’entrée et de 1,68 m dans la salle d’eau qui dispose d’un WC marin, d’un lavabo en forme de vasque et d’une douche. Quand vient la nuit, il est temps de rejoindre la grande couchette double (198 x 184), flanquée d’une batterie d’équipets fermant dont le bois clair contraste avec l’Alcantara « chocolat » du dessus de lit.
*En mer*
Après la série des photos statiques devant les installations d’OMV (distributeur de Magazzu), situées sur le petit cours d’eau de la Giscle, voisin de Port –Grimaud, nous gagnons la mer. Dans le Golfe de Saint-Tropez, un clapot agressif, poussé par une brise de force 3, vient à la rencontre de la fine carène du MX-11 Coupè. Quelle que soit l’allure, à 25 nœuds comme à plus de 40, le Magazzu pulvérise le relief marin qui, il est vrai, n’est pas encore à même de mettre en difficulté un semi-rigide de plus de 10 mètres. Certes, cette carène barrée de deux redans n’offre pas la sensibilité d’une carène conventionnelle aux réglages de trim en positif et paraît, de ce fait, moins vivante à piloter, moins aérienne. Les redans sont en quelque sorte des concurrents du trim puisqu’ils ont, à leur manière, la même finalité : réduire la surface mouillée de la carène. L’effet d’un trim positif n’est donc pas le même que sur une carène en V classique. Pas le peine d’en rajouter dans ce domaine, ce qui donne l’impression d’un bateau plus proche de l’eau, avec une assiette plus plate. On s’en aperçoit dès le déjaugeage, où le Magazzu ne cabre presque pas. Malgré son gabarit imposant, il plane en moins de cinq secondes, dès 2 400 tr/min et 13,6 nœuds, ce qui est remarquable pour ce type de semi-rigide. La plage des régimes de croisière est donc particulièrement large, jusqu’à 4 500 tr/min et 34,5 nœuds, régime auquel, généralement, les consommations s’envolent. Au régime économique de 3 500 tr/min, soit à 21 nœuds, le Magazzu devrait pouvoir couvrir environ 250 nautiques, ce qui espace singulièrement les corvées du ravitaillement.
Au plan du comportement, ce grand semi-rigide se montre confortable dans un clapot de 60 à 80 cm, mais nous avons décelé comme un léger manque de rigidité générale. Le de pression de gonflage dans les flotteurs en est sans doute la cause... La tenue de cap ne pose pas de problème, mais réclame quelques corrections à la barre lorsqu’on navigue à plein régime avec le vent et la mer par le travers. Très maniable malgré sa longueur, le MX-11 est capable de virer court, même avec beaucoup de gaz. La carène se montre précise et offre un grip constant, de l’inscription à la sortie de virage, où les deux Verado 300 ch relancent énergiquement, sans perte de motricité. Peu pratique pour ce qui est du réglage de trim (les boutons revêtus de caoutchouc ne sont pas faciles à doser), les commandes électriques DTS des Verado s’avèrent très plaisantes et précises à manier lors des manœuvres de port. Le Magazzu réagit bien aux inversions de marche, ce qui nous laisse à penser qu’un propulseur d’étrave ou un Joystick Piloting ne s’imposent pas. Pilote et copilote sont bien protégés derrière le haut pare-brise qui se poursuit en un spectaculaire hard-top.