Pas de doute, ce semi-rigide de 23 pieds, élégant et cossu, ne dépare pas dans le cadre de Saint-Tropez. Le confort y est à l'honneur, tant au mouillage qu'en navigation, où la carène fait preuve d'une belle aisance. Le soin apporté au détail est omniprésent, et le Mar.co se classe d'emblée parmi les unités haut de gamme.
Texte et photos Philippe Leblond
Le compte-tours affiche 5 000 tr/mn, le GPS, 30 nœuds… à cette allure pourtant respectable, on croirait glisser sur un plan d'eau totalement lisse tant le confort, procuré par l'imposante carène du Mar.co, est bluffant. Pourtant, un petit clapot désordonné n'est pas sans troubler la quiétude de la baie de Saint-Tropez. L'aisance de ce semi-rigide est telle que c'en est bluffant. Je décide d'aller chercher un peu de houle au-delà de la sortie du Golfe. J'aurai beau essayé, il ne reste pas suffisamment de creux pour faire décoller vraiment ce lourd semi-rigide italien, où semble-t-il, on n'a pas lésiné sur l'échantillonnage de polyester. Même en montant franchement le trim, rien n'y fait, les 60 centimètres de houle sont avalés sans effort par cette carène « zéro impact ». Le niveau sonore émis par le Honda reste peu élevé et on pourrait considérer cette allure comme une vitesse de croisière. Considérant que le Mar.co plane dès 15 nds (2 900 tr/mn), cela laisse au pilote une plage de régime appréciable pour adapter sa vitesse de croisière aux conditions de mer. La haute étrave assure par ailleurs une excellente déflexion, permettant à notre équipage (trois personnes) de terminer l'essai complètement sec. L'assiette du Mar.co semble imperturbable, quelle que soit la direction de la mer. En virage serré, il s'incline légèrement vers l'intérieur et fait preuve d'une accroche remarquable. Même braquée à fond, la barre reste douce et précise, et l'hélice ne perd rien de sa motricité. Le bateau demeure maniable et sécurisant même lors des brutales remises de gaz. Tout juste peut-on ressentir un léger dandinement latéral lors de la recherche de la vitesse maxi avec un réglage du trim très positif, mais sans accentuation du phénomène. Bref, il se révèle hyper sécurisant et facile à prendre en main malgré les 225 chevaux. En revanche, les accros de la performance seront un peu déçus. Avec une telle puissance, sur un semi-rigide d'à peine 7 mètres, on pouvait s'attendre à franchir facilement les 40 nds. Mais, le Mar.co est très lourd du fait de sa construction robuste et de son équipement très complet. On peut dès lors s’étonner que le chantier n’ait pas fixé à 300 chevaux la puissance maxi applicable. Car, sa carène semble tout à fait en mesure de maîtriser une telle cavalerie.
Toutefois, le régime maxi atteint avec le Mar.co (à mi-charge) est sensiblement supérieur à celui préconisé par le constructeur, ce qui laisse penser qu’avec une hélice plus longue, le régime pourrait redescendre à 6 000 tr/mn et la vitesse gagner deux ou trois noeuds. Une dernière appréciation sur le pilotage avec la position de conduite : si celle-ci s’avère ergonomique lorsqu’on barre debout, elle est moins confortable assis, en l’absence d’un repose-pieds.
L’un des traits particuliers du Mar.co est son étrave bien défendue, au brion quasiment vertical. Celle-ci est d’autant plus mise en évidence qu’elle est percée d’un écubier pour l’ancre reliée à un guindeau électrique. Le large socle de proue en polyester sert avant tout à l’intégration du guindeau et supporte deux taquets et un petit davier pour un éventuel second mouillage. La main courante intérieure est une bonne idée pour se tenir lors de manœuvres de mouillage. Le grand solarium avant (230 x 140 cm) couvre de nombreux coffres, tous équipés de vérins à gaz facilitant l’ouverture des solides capots. L’un de ces coffres possède la longueur nécessaire pour abriter skis et autres cannes à pêche. On notera la qualité de la sellerie et la fixation du matelas par des Velcro efficaces. Comme les coffres, la console et son siège frontal sont partie intégrante du moule de pont, afin d’augmenter la rigidité structurelle et de faciliter l’entretien. Cette console suffisamment haute pour protéger le pilote et son copilote comporte deux rangements « secs » (capots de fermeture avec joint d’étanchéité). Malgré sa largeur, elle laisse des passavants de 32 cm de part et d’autre. Si la position de pilotage est globalement satisfaisante, on peut néanmoins relever le peu de place en vue d’intégrer de l’électronique de navigation, alors que le bateau est homologué en catégorie B.
à défaut de rangements (il n’en manque pas par ailleurs), le leaning-post contient un frigo et un évier auxquels on accède en faisant basculer l’assise vers l’avant.
Ce meuble est totalement justifié par la présence d'un grand carré arrière en U qui devrait inciter à faire de beaux pique-niques à l'escale. La table étant astucieusement intégrée au plancher du cockpit (c'est aussi le cas du panneau complémentaire du solarium avant, qui se trouve sous les pieds du pilote), point n'est besoin de chercher un lieu de stockage. Sous cette banquette en U, qui peut facilement accueillir quatre convives, on trouve trois coffres supplémentaires, dont l'un contient les deux batteries (une pour le démarrage, une pour le service). Bien sûr, ce carré peut se convertir rapidement en un second solarium (158 x 103 cm). Au sol, deux vide-vite de fort diamètre assure la vidange du cockpit, tandis que le coffre central arrière est asséché par une pompe de cale électrique. Il contient aussi la pompe de pression d'eau de la douchette, située côté plate-forme de bain, comme il se doit. Cette plage arrière antidérapante propose aussi deux coffres « humides » pour le stockage du matériel de plongée ou de pêche. Un regret, sur ce bateau soucieux d'esthétique, l'échelle de bain n'est pas dissimulée dans un coffre. Précisons, par ailleurs, que le bel arceau polyester fixé sur des platines inox du meilleur effet, et qui sert de support au bimini arrière (un second est prévu à l'avant !), est rabattable pour le transport routier (flotteurs dégonflés). Les larges plats-bords, sur lesquels il repose, offrent une surface antidérapante facilitant l'embarquement par l'arrière. On y trouve deux larges taquets bien placés pour l'amarrage cul à quai..
Conclusion
Voilà un beau semi-rigide, typique de l’école italienne qui n’en finit pas de perfectionner le concept du day-boat gonflable, capable de concurrencer les modèles rigides, avec une capacité d’accueil record (14 passagers), un confort au mouillage et en navigation particulièrement poussé. Le souci apporté a l’agencement du cockpit, la qualité des matériaux, en font un produit de grand standing qui s’adresse, en priorité, à une clientèle pour qui le semi-rigide n’est pas synonyme de bateau à budget modéré. Du fait de son caractère familial et convivial, le manque (très relatif !) de performances est secondaire.