Doté d'un comportement sûr, d'une fabrication de qualité et d'un large choix de couleurs pour le flotteur, ce modèle transalpin au look chic assurera de jolies balades en famille, en toute sérénité. Avec le 115 ch de notre essai, les performances restent sages, mais rien n'interdit d'offrir un 150 ch à cette carène qui a du potentiel en réserve.
Texte et photos Jacques Anglès
Vu à quai, ce familial inspire confiance par sa facture soignée et un design qui cultive une élégance discrète sans oublier de soigner les détails. Voyez par exemple la disposition des taquets arrière, intelligemment placés sur le côté des plats-bords, dans un retrait ad hoc du moule de pont : efficace sans que rien ne dépasse et surtout sans risque de croche-pieds quand on se déplace vers l'arrière, par exemple pour accéder à l'échelle de bain. Autres exemples, l'arceau (optionnel), disposé de manière à laisser libre tout le plat-bord, ce qui n'est (hélas) pas si fréquent sur les semi-rigides, ou encore les petites portes intégrées au tableau arrière qui masquent, à bâbord la douchette et le nable de réservoir d'eau, à tribord le nable de carburant et l'évent du réservoir. Voilà un aménagement qui exclut tout risque de répandre de l'essence dans le cockpit, dont bien des constructeurs pourraient s'inspirer ! Ce sont ces petits plus qui, en toute discrétion, signalent une réalisation de qualité. Cette qualité est d'ailleurs bien visible sur l'ensemble de ce modèle, qu'il s'agisse de la partie polyester ou du pneu proprement dit. La première montre un gel-coat brillant, sans défaut de surface ou trace de démoulage comme on en voit parfois, avec un antidérapant efficace sur le plancher et les plats-bords. Et quand on embarque, la rigidité de ce plancher, comme celle des capots de coffres (en sandwich) semble à toute épreuve.
C'est tout aussi soigné côté flotteur, réalisé en CR/CSM Orca de 1 670 décitex, avec des collages nets et un jeu de couleurs qui permet de personnaliser chaque exemplaire : avec quatre tons (blanc, beige, bordeaux, bleu marine) combinés deux à deux, un pour le boudin lui-même, un autre pour le liston et les mains-courantes, on dispose ainsi de seize "recettes" différentes. Bien vu ! Continuons la visite de détail par la sellerie, elle aussi de bonne facture, avec de bonnes idées, à l'image de la banquette arrière (à trois places) dont la partie centrale se relève pour offrir un bon appui en pilotage debout. Mais ici le constructeur n'est pas allé au bout de la démarche, en oubliant d'ajouter un verrouillage de la position haute : du coup, en pilotage sportif dans les vagues, il arrive que cette assise retombe en position basse (mauvaise surprise quand on reprend appui... sur du vide !). Voilà qui mérite une amélioration. Autre bonne idée, le grand coussin du solarium avant est découpé de manière à permettre l'accès à chaque coffre en repliant juste la partie du coussin qui le recouvre. Simple et très pratique ! De plus, la fixation de ce coussin par de larges bandes Velcro sur chaque côté est vraiment efficace. L'agencement du cockpit est quant à lui assez classique, avec un grand bain de soleil avant (qui ne nécessite pas d'allonge amovible), une console de pilotage centrale laissant deux passavants assez larges et une banquette arrière à trois places, avec partie centrale relevable en leaning-post. Points forts : la commodité de circulation et les grands coffres de rangement (à l'avant et l'arrière). Il y a toutefois quelques ombres au tableau : les coffres avant ne sont pas autovideurs, le capot de l'échelle de bain limite l'angle de pivotement du moteur (ce dont se ressent la manœuvrabilité au ralenti, notamment en marche arrière), et la "baignoire" du moteur, très basse, se remplit d'eau à faible vitesse. En outre, cette configuration réduit la possibilité de rehausser le moteur, pour les amateurs de pilotage rapide. Cela étant dit, l'impression de qualité reste dominante. Encore faut-il confirmer en mer cette bonne impression. L'exemplaire de notre essai est doté d'un Honda 115 ch, un attelage sage par rapport à la puissance maxi autorisée (150 ch). Compte tenu du poids généreux du Mar-Co Eighteen et de celui du Honda (le plus lourd des 115 ch actuels, avec 30 à 50 kg de plus que les autres), on ne s'attend pas à crever le plafond. Pourtant le déjaugeage est assez vif, avec un léger cabré avant la reprise d'assiette. La coque est bien déjaugée à partir de 3 200 tr/mn et délivre une sensation de sécurité absolue. Je pousse donc franchement la manette des gaz, notant comme première qualité la stabilité de la carène et l'excellente tenue de cap : à 5 000 tours, volant lâché, le bateau reste "sur des rails". à 33,4 nœuds en vitesse de pointe, on est loin d'exploiter à fond le potentiel de ce bateau, et le pilotage serait à coup sûr plus ludique avec un 150 ch. Mais la performance est tout de même honorable en regard du poids total, et tout à fait suffisante pour un programme de balade. Mieux vaut souligner le confort de en navigation, avec un très bon amortissement des vagues, y compris par mer de face. Plus significative est la vitesse de croisière, 20 à 25 nœuds entre 3 800 et 4 500 tr/mn, soit dans la plage de meilleur rendement du moteur. Et en virages, le Mar.Co Eighteen se joue des courbes les plus serrées, sans déraper ni déclencher la ventilation de l'hélice. Globalement, le comportement est plaisant, mais le 115 ch ne permet pas de profiter des sensations et des perfomances que peut offir cette carène..
La motorisation de l'essai, destinée à un usage en "bon père de famille" suffira aux amateurs de balade confortable, mais laissera sur leur faim les amateurs de pilotage sportif, d'autant plus que la carène, saine et bien équilibrée, révèle de belles qualités marines. Côté fabrication, ce modèle élégant, robuste et bien fini, n'échappe pourtant pas à quelques critiques, et l'équipement de base assez réduit fait grimper la facture par le jeu des "options indispensables". Le bilan est néanmoins positif, et le charme du Eighteen peut emporter la décision.