Paré d'un grand nombre de qualités, le nouveau vaisseau-amiral du chantier milanais devrait rapidement s'avérer un redoutable concurrent sur le segment des semi-rigides "plaisance" de 35 pieds. À vrai dire, il faut se creuser la tête un moment pour lui trouver quelque faiblesse… Élégant, performant, confortable, marin, il a de solides atouts à faire valoir pour séduire les amateurs de mouillages lointains.
Texte et photos Philippe Leblond
Cela faisait 35 ans que Mar.Co construisait des bateaux, lorsqu'il a lancé la construction, l'an dernier, de ce grand semi-rigide affichant 35 pieds, en clin d'œil au nombre de bougies soufflées par le chantier. Un beau cadeau d'anniversaire, à la vérité, tant il est difficile de trouver une faille ou un défaut significatif à cette superbe unité. Et l'essai que nous avons effectué à Bari, au sud-est de l'Italie, n'a rien changé à l'affaire. Le R-evolution est un bateau réussi, tant du point de vue esthétique que dynamique. Commençons par la construction, qui utilise l'infusion en lieu et place d'une stratification classique pour un résultat en tous points impeccable, avec un polyester aux surfaces sans défauts et au gel-coat miroir. Pas de faiblesse non plus en ce qui concerne le rendu du flotteur, pourtant compliqué par une élégante courbe ascendante et un diamètre en diminution vers la proue. Et l'accastillage n'est pas en reste pour ce qui est de la qualité, avec des belles pièces en inox poli miroir : taquets, mains courantes, armature de T-top. Et le soin n'est pas absent des détails : joints de caoutchouc à la périphérie des coffres pour éviter les bruits de capots, vérins à gaz pour le maintien ouvert de ces derniers, ferrures de protection du tableau arrière pour les boulons de fixation des moteurs siglées "Mar.Co", éclairage de courtoisie par LED… La classe ! Le tout au service du confort proposé par le vaste cockpit.
Il est vrai que le plan de pont du R-evolution offre une habitabilité remarquable, du fait de la largeur, bien sûr, mais aussi de la longueur intérieure (9 m !), grâce à une motorisation repoussée loin en arrière sur une plate-forme de bain faisant office de bracket. Les concepteurs de Mar.Co ont profité de l'architecture "open" (pas de cabine) pour proposer deux très grands solariums sans pénaliser la facilité de circulation. C'est ainsi que l'on notera le confort des passavants, la delphinière en polyester traitée en escalier (bien pratique pour embarquer par l'avant) ainsi que les plats-bords latéraux arrière, recouverts de teck, comme la plage arrière, faisant presque oublier (mais pas totalement), l'absence d'un portillon d'accès vers cette dernière. Comment ne pas louer également le volume de rangement proposé par les multiples coffres et soutes ? Que ce soit sous la banquette arrière (trois coffres), sous le solarium avant (trois aussi, dont un super long pour les skis ou les cannes) sans oublier la cale au sol, en avant du siège de console… En parlant de console, Mar.Co n'a pas manqué l'occasion de lui inclure un vrai cabinet de toilette. Une fois la porte frontale de la console relevée, on découvre un lavabo, une douche et un WC marin. En bas des deux marches moulées, la hauteur sous barrots est de 1,80 m, et l'aération se fait par un hublot regardant vers l'avant. L'intérieur au gel-coat brillant et de couleur claire donne une impression de volume agréable. À coup sûr, un "plus" pour le confort de tous au mouillage, et la réponse à une demande de plus en plus forte dans ce domaine concernant les grands semi-rigides.
Le confort, à bord du Mar.Co, c'est aussi l'immense carré arrière (huit, et même dix places avec deux sièges d'appoint) dont l'originalité réside dans sa table grand format faisant partie intégrante du pont et se levant électriquement sur son pied télescopique (une trouvaille Fiart d'il y a 15 ans !). Une astuce qui évite un démontage et un stockage fastidieux. Qui dit carré dit cuisine et, de fait, une kitchenette est adossée au siège pilote, comportant un lave-mains, un réchaud à gaz et un plan de travail amovible recouvrant un frigo de 70 litres. De surcroît, ses deux tablettes en teck rabattables peuvent faire office de désertes. Bref, un beau coin-repas ! Côté baignade, la plate-forme en teck s'avère spacieuse d'autant que l'échelle de bain est coffrée. La douche de pont est à portée de main, comme les nables de remplissage des réservoirs d'eau et de carburant, dissimulés dans des coffrets. Dernier temps fort de ce tour de propriétaire : le poste de pilotage. Encore un bon point pour le Mar.Co, avec une ergonomie de pilotage agréable. L'assise biplace du leaning-post est fixe, mais elle est utilisable en appui fessier/lombaire debout, ou assis, grâce au cale-pieds moulé dans la base de la console, à l'abri d'un hard-top optionnel de belle facture. Dans les deux cas, les commandes se trouvent à la bonne distance (bien les commandes en position centrale !), et le pare-brise offre une bonne protection. Simple, mais spacieuse, la planche de bord est capable d'intégrer sans mal tous les instruments indispensables, y compris le combiné Humminbird 1157c à grand écran et la VHF fixe Garmin. La hi-fi Clarion (avec haut-parleurs Alpine) trouve aussi facilement sa place, et la boîte à gants n'a pas été oubliée.
Avec les deux V8 Yamaha, totalisant 700 ch et près de 11 litres de cylindrée, on pouvait s'attendre à de solides performances. Compte tenu du gabarit du bateau, elles vont même au-delà de ce qu'on supposait, avec un tonitruant 53 nds de V-max ! Cette carène est à la fois véloce et vivante pour une unité de près de 11 mètres et de près de 4 tonnes en ordre de marche. D'où un certain plaisir à profiter de son potentiel dans la houle résiduelle de 80 cm où, même avec les hélices sorties de l'eau, l'équilibre reste sain avec des réceptions bien amorties. Cette bonne balance permet aussi au Mar.Co de déjauger en moins de 6 secondes, de planer sur un filet de gaz (11 nds à 2 000 tr/min !), et d'offrir en corollaire, une large plage d'utilisation en croisière. Le meilleur rendement (0,39 mille pour un litre consommé) s'établit à 3 000 tr/min, un régime auquel la vitesse est déjà de 23 nds. Sans trop pénaliser le rendement, il est possible de hausser le ton à 4 000 tr/min, avec une allure croisière rapide de 34 nds, ce qui met la Corse à moins de trois heures ! Voilà qui classe d'emblée le R-Evolution 35 comme un day-boat de grand tourisme, avec une autonomie de 220 milles. Sa maniabilité en navigation est aussi à mettre en exergue, avec un comportement précis et incisif en virage (gîte intérieure marquée, pas de ventilation), et un feeling de barre excellent. Deux petites critiques néanmoins : une tenue de cap qui perd de sa précision avec houle par le travers à la vitesse maxi, et une manoeuvrabilité au port limitée lorsqu'on ne se sert que des inverseurs. Il faudra aussi utiliser le volant…
CONCLUSION
Que dire de plus sure cette unité de grande classe, aux performances et au comportement surprenants, dotée d'un plan de pont bien maîtrisé, offrant un confort haut de gamme sans pénaliser les déplacements à bord… On peut ajouter qu'au mouillage, malgré des flotteurs qui ne touchent pas l'eau, le plus grand des Mar.Co témoigne d'une belle stabilité latérale. Quant à son esthétique et à sa qualité de réalisation, les photos parlent d'elles-mêmes…