La réputation des semi-rigides milanais n'est plus à faire. Qualité de construction remarquable, finition tatillonne, plan de pont travaillé dans l'optique de la convivialité au mouillage… Des bateaux sophistiqués et élégants aux solides qualités marines. Le 26 pieds possède tout cela mais malgré 600 chevaux, le plaisir à la barre reste mesuré…
Texte et photos Philippe Leblond
Nous avions découvert le Twentysix, il y a deux ans, avec 2 x Honda 150 ch sur son tableau arrière (voir essai dans Pneu Mag n°70)… Nous le retrouvons cette fois-ci avec une puissance qui a doublé ! Une heureuse perspective, car nous l'avions trouvé plutôt apathique, signant un modeste 35,3 nds de vitesse maxi. Sans antifouling, il aurait sans doute dépassé les 38 nds, mais, cela n'aurait pas changé grand-chose à son tempérament plutôt placide. Armé de deux Verado de 300 chevaux chacun, on attendait une rébellion ! Malgré un déjaugeage bien enlevé (3"6), on ne peut pas dire que le comportement du TwentySix ait franchement évolué. Côté vitesse de pointe, les 51,1 nœuds sont bien sûr très au-dessus de la marque réalisée avec les Honda. Sans antifouling, les 55 nds étaient même envisageables. Mais sur le plan du comportement et du feeling de barre, le doublement de la puissance n'a pas transfiguré le Mar.Co dont la carène est toujours difficile à aérer, malgré des doses de trim généreusement distribuées. En comparaison, le 35 R-evolution (essai dans Pneu Mag n°81), qui atteint 53 nds avec ses 11,65 m et son déplacement deux fois supérieur (2 400 kg à lège), s'est montré plus maniable et plus réactif, et avec seulement 100 chevaux de plus… On peut s'interroger sur la présence du second réservoir de 150 litres (plein lors de notre essai), placé à l'avant et donc peu propice à la réduction de la surface mouillée de la carène. Le TwentySix n'en reste pas moins marin, sûr et confortable et surtout très agréable en vitesse de croisière économique (30 nds quand même !) l'étrave coupant bien la vague et les Verado ronronnant avec modération (3 500 tr/min), et c'est bien là l'essentiel. Si la tenue de cap est rigoureuse par mer de face et de travers, elle l'est moins par mer d'arrière. On notera aussi le comportement atypique en virage, avec une tendance à "engager" de l'avant (assiette négative) mais sans prendre de gîte intérieure, et donc avec un passage à plat même en virage serré. Il faut vraiment braquer fort et réduire les gaz pour le faire gîter et ne pas remettre la "sauce" brutalement, sinon le TwentySix se redresse aussitôt sur sa quille. La bimotorisation, si elle ne favorise pas la maniabilité, ne saurait être tenue pour seule responsable de ce comportement singulier en virage…-S'il est domaine dans lequel le TwentySix fait l'unanimité, c'est la qualité de sa réalisation. La construction est classique et robuste (pont contremoulé, renforts de coque stratifiés sur les fonds), tandis que la finition n'appelle que des éloges (gel-coat et flotteurs impeccables). Le cockpit, agencé dans l'optique des loisirs en famille, avec la trilogie farniente-baignade-pique-nique, répond tout à fait aux exigences de ce programme, auquel on peut ajouter le ski ou le wake-board. Nombreuses et confortables places assises, surface bain de soleil généreuse, solariums arrière et avant convertibles en deux beaux carrés, bloc-cuisine au dos du leaning-post, imposante console abritant un petit cabinet de toilette (WC, douche, lavabo), rangements nombreux et volumineux, plate-forme de bain spacieuse et facile d'accès par les plats-bords polyester antidérapants, grand cabriolet maintenu à poste par l'arceau polyester… Bref, si ce n'est pas du confort haut de gamme ! Pour autant, les impératifs de la fonctionnalité marine n'ont pas été négligés, comme en témoignent la facilité de circulation (passavants praticables, large delphinière antidérapante pour accès par l'avant, espace entre le siège de console et le solarium avant) et l'accastillage de qualité et bien distribué. Dans ce secteur, on appréciera la main courante de delphinière pour sécuriser les manœuvres de mouillage, celles qu'on trouve aussi de part et d'autre de la console et de la banquette arrière, et les anses de l'échelle de bain. Côté pratique, on notera aussi le rack à défenses moulé dans le tableau arrière, les quatre gros taquets d'amarrages bien placés, la table du carré arrière qui s'intègre au sol (pas besoin de la stocker dans un coffre !) et le tableau de bord spacieux, capable d'intégrer de nombreuses options électroniques (combiné GPS-sondeur, VHF fixe, radio FM-lecteur CD, compas) et d'offrir au pilote un bon confort de lecture des uns et des autres.
AU PONTON
La table du carré de la proue sert de complément central au solarium.
Au tableau arrière, notez les coffrets qui masquent la douchette et les nables de réservoir, de même que le très utile râtelier à défenses.
Le guideau électrique est dissimulé à la vue car situé dans le coffre de mouillage.
Excellente idée que cette table de carré arrière qui est partie intégrante du pont ! Elle s’encastre dans ce dernier, ainsi il n’est point besoin de la manipuler pour configurer le solarium et d’espace pour la stocker. Il est possible d’asseoir 6 à 8 convives autour d’un apéro.
Le tableau de bord est un modèle du genre. Sa surface généreuse permet d’agencer efficacement tous les instruments. Même l’équipet pour les petites affaires du pilote n’a pas été oublié !
EN MER
Bien que marin et sûr par son comportement, le Twentysix n’est pas un modèle de dynamisme, et ce malgré l’énorme puissance montée sur le tableau arrière : 2 x Mercury 300 ch Verado. Peu réactif au réglage de trim, il donne l’impression de coller à l’eau et en virage, la gîte intérieure modérée donne la curieuse sensation qu’il ne veut pas boucler sa trajectoire. Par ailleurs, son chrono de 0 à 20 nœuds est très modeste eu égard à sa cavalerie…