Les années passent, mais cet élégant semi-rigide conserve de nombreux atouts. En effet, il ne prête guère le flanc à la critique, que ce soit en navigation où il se montre sûr et performant, ou pour ce qui est de la vie à bord, avec un plan de pont bien pensé et convivial.
Texte et photos Philippe Leblond
Après plus de dix années de présence sur le marché du semi-rigide familial de gamme supérieure, on aurait pu s'attendre à ce que Mar.Co remplace son Twentythree XL. Mais, c'est comme le décalage qu'il existe pour certains d'entre-nous entre l'état civil et l'âge apparent. Les semi-rigides ne vieillissent pas tous au même rythme, et de ce point de vue, le Mar.Co porte encore beau. La robe grise de notre modèle d'essai lui va à ravir, accentuant son élégance. Seul détail un peu "old school", le nez du bateau, carré et coiffé d'un socle polyester imposant. Il est vrai que celui-ci intègre, en option, un guindeau avec ancre traversante, non monté sur cet exemplaire. Pour le reste, nous allons voir que ce milieu de gamme du chantier lombard (une dizaine de modèles de 5,30 à 10,65 m) reste d'actualité.
*Conception : tout un lot de bonnes idées*
Soigneusement fini avec ses flotteurs en Orca impeccablement assemblés, respirant la qualité avec son gel-coat uniformément brillant, le Twentythree donne immédiatement envie d'y embarquer en famille et de profiter de son cockpit bien agencé. A l'évidence, les escales devraient se dérouler dans le confort et la convivialité, car le Mar.Co n'est avare ni de surface pour bronzer (deux solariums), ni de rangements pour maintenir le pont dégagé, ni de praticité, à l'exemple de son carré de poupe (pour quatre personnes) où la table surgit du plancher (c'est aussi le cas de la rallonge du solarium avant), évitant ainsi toute complication de stockage. Une idée que l'on trouve également chez BSC Colzani (70 Sport). Au reste, les astuces ne manquent pas à bord du Mar.Co. Autre exemple au niveau des plages de bain, avec un volet articulé qui une fois à plat vient couvrir la cavité du bac moteur, pour faciliter le passage d'une plate-forme à l'autre. Il y a aussi le dossier basculant du siège de pilotage qui transforme l'assise classique en un leaning-post permettant de piloter debout, en appui lombaire. Ou les taquets de la poupe, intégrés aux plats-bords (pas de risque de blessure aux pieds), une réserve ayant été pratiquée dans le moule polyester à dessein. Le siège de pilotage est également utilisé comme bloc-cuisine abritant un évier, une glacière dont le couvercle sert de plan de travail ou de planche à découper, et en option un petit frigo électrique. On remarque aussi la présence de trois coffres sous le bain de soleil de proue, dont un long pour ranger les accessoires encombrants tels que skis, cannes à pêche, gaffe… Notez que les deux coffre de bâbord peuvent à la demande n'en faire qu'un. Et pour faciliter l'ouverture de ces coffres, le chantier a fragmenté le matelas de bain de soleil, et doté les couvercles de vérins à gaz. Jusque dans le détail, ces exemples témoignent d'un bateau bien pensé et justifient un prix de vente supérieur à la moyenne.
Bien sûr, tout n'est pas parfait. Nous en voulons pour preuve l'échelle de bain laissée à claire-voie, encombrant ainsi la plate-forme, ou la mousse à cellules fermées de la sellerie manquant de moelleux. Il y a aussi l'absence de repose-pieds lorsqu'on veut piloter assis, ou de poignée pour le passager du siège sur le front de la console… Bref peu de reproches au regard des nombreux arguments.
*Des performances surprenantes !*
C'est Mistral Plaisance, importateur de la marque depuis l'an dernier, qui a mis à notre disposition ce Mar.Co Twentythree destiné à la location. Après un appareillage sans histoires, nous quittons le port du Lavandou en direction du Cap Nègre. Une légère brise d'Est entretient un solide clapot de 60-80 cm. Plus au large, une légère houle le fait se creuser un peu plus, jusqu'à un mètre. Dans ces conditions, à même d'altérer le confort de bon nombre de semi-rigides de 7 mètres, le Mar.Co s'en tire à son avantage. Son étrave bien défendue et aux entrées d'eau fines coupe la mer pour un passage en souplesse. Les impacts sont limités au mieux de ce qui peut se faire dans ce type de mer quelque peu anarchique, et l'on n'hésite pas à solliciter les 250 chevaux du gros V6 Yamaha (4 169 cm 3 !). Malgré des flotteurs qui ne touchent plus l'eau à vitesse élevée, le Mar.Co fait preuve d'un bel équilibre latéral, et d'une stabilité de cap impeccable, même lorsque mer et vent viennent par le travers. L'assiette longitudinale est aussi très stable, et l'on ne note pas de "marsouinage" à l'usage du trim. Autre qualité appréciable, la carène du Twentythree défléchit efficacement les embruns, grâce au bouchain inversé qui court le long de la partie basse des flotteurs. Ce dernier assure aussi une bonne tenue en virage, même en mode sportif, avec une gîte intérieure marquée et constante (pas d'oscillations verticales de la proue). Et comme l'hélice du Yamaha 250 conserve toute sa motricité, les relances en sortie de courbes sont énergiques, quel que soit le rayon de braquage.
Autre rayon, celui des performances… Là aussi, le Mar.Co se signale à son avantage. Avec une V-max relevée par nos soins à 46,1 nœuds. Dans des conditions plus favorables, et avec une carène plus propre, l'importateur nous fait part d'un 47,8 nœuds GPS qui ne manque pas d'allure ! En dépit de sa cylindrée – la plus forte pour un hors-bord de cette puissance – le V6 Yamaha fournit des rendements plutôt bons, surtout à mi-régime, avec notamment 0,82 mille parcouru par litre, à près de 20 nœuds. Quant aux accélérations, malgré une hauteur de montage moteur de + 6 cm, orientée vitesse, le chrono de 0 à 20 nœuds (4"1) parle de lui-même ! Capable de couvrir plus de 200 nautiques au meilleur rendement, avec le concours d'un réservoir d'essence généreux, le Mar.Co à de quoi espacer les corvées du ravitaillement.
Conclusion : En résumé, ce vénérable Twentythree possède encore de nombreux atouts face à une concurrence plus jeune, à commencer par un plan de pont bien conçu pour les sorties en mer collectives et les heures passées au mouillage. Il y aussi ses qualités marines, avec une carène qui confirme n'avoir pas pris une ride et qui pourrait se contenter d'un 200 chevaux, tout en restant performante. Si l'on peut formuler un regret, il se situera au niveau des sensations de pilotage un peu en retrait, sans doute en raison du poids important lié à une construction robuste.