Ce semi-rigide italien en impose autant par son généreux gabarit que par le luxe de ses aménagements. Un luxe qui reste heureusement fonctionnel, et permet d'envisager de longues navigations, bien aidé en cela par le puissant 250 ch Suzuki, avec qui il forme un binôme convaincant.
Texte et photos Philippe Leblond
Bien amarré dans le petit port de Théoule-sur-Mer (Alpes Maritimes), l'Alson 750 appartient au sommet de la gamme de ce constructeur basé près du Lac de Côme. Au-dessus de lui, on trouve le Flash 880 - le même en plus gros - et le Charme 32, long de 9,80 m, pour le coup bien différent, avec sa véritable cabine. Pour sa part, celle du Flash 780 se limite à occuper l'espace qui se trouve sous le solarium avant. Si l'on préfère, on peut laisser ce volume à l'état de coffre XXL. Marc Sorais, importateur de la marque et propriétaire de ce bateau, a disposé un matelas recouvert d'une housse en tissu mousse, et l'utilise tantôt comme coffre, tantôt comme couchette double. Celle-ci est bordée d'équipets latéraux contenant les brassières de sauvetage. L'occupation de cette pseudo-cabine se fait capot relevé, simplement fermée par une bâche amovible. C'est l'un des “plus” de ce bateau dont le pont est particulièrement large dans la partie avant. Le diamètre des flotteurs (64 cm) n'est pas mal non plus ! Pour protéger cette belle enveloppe gonflable en tissu Orca, Marc a fait réaliser, sur mesure, un taud bleu marine de protection. Une tenue très chic pour un pneumatique qui ne l'est pas moins, avec son pont habillé de teck véritable. La qualité de réalisation de l'Aslon, que ce soit en matière de construction, ou de finition, apparaît sans détour. La propreté de l'assemblage des films de tissu Orca 1670 décitex, comme celle des collages des différents éléments d'accastillage (poignées, ralingues de saisines, bande de ragage), ne souffre aucune critique. Les moulages de polyester sont propres et bien échantillonnés, comme on peut le sentir en foulant les différentes surfaces du pont (plancher, hiloires, coffres…). D'ailleurs, la rigidité structurelle nous est apparue exemplaire lors de l'essai, et surtout de la traversée vers la Corse (voir reportage dans ce numéro), avec absence de vibrations ou de bruits parasites. Comme bon nombre de gros semi-rigides italiens, le Flash 750 présente un ouvrage polyester assez développé, notamment à la poupe, avec un module qui englobe les petites plates-formes de bain (celle de gauche supporte l’échelle), la banquette en U et son dossier, et les hiloires recouvrant les boudins et servant de support au monumental arceau porte-antennes. C’est sur ce dernier que s’articule le taud de soleil qui peut abriter à la fois le carré et le poste de pilotage. Les taquets inox arrière sont bien dimensionnés, mais d’un accès moyennement aisé. Une partie du dossier de la banquette arrière s’ouvre à la manière d’un portillon pour faciliter le chemin vers la plate-forme bâbord et la douchette. L’énorme coffre de la banquette est percé, à sa base, de deux vide-vite de grand diamètre en inox, de quoi assurer l’assèchement rapide du cockpit. Cette partie arrière est évolutive : une table en teck amovible (relativement petite) peut faire se transformer le convivial carré de pont, en solarium de bonne dimension.
Plus au centre, la console (rapportée) et le leaning-post sont décalés vers tribord pour laisser un large passage vers l’avant. L’assise biplace est placée un peu loin des commandes. L’ergonomie de conduite est préférable en position debout, en appui sur le dossier réversible de ce siège qui ressemble étrangement à celui d’un Joker. Hélas, du fait de l’absence d’un vrai capitonnage, ce dossier n’est pas des plus confortables pour les fesses (ou le bas du dos en fonction de la stature du pilote)… Le tableau de bord possède un large plan supérieur qui laisse le loisir d’installer les instruments à sa guise, à l’abri d’un pare-brise enveloppant mais pas assez haut pour protéger le visage du pilote en navigation. Côté pilote, on trouve un grand vide-poches en teck, bien pratique car amovible. Lorsqu’on l’ôte, on bénéficie d’un bon accès au volumineux coffre de la console qui se prolonge sous le siège frontal, biplace, lui aussi, mais d’un confort perfectible.
Le grand solarium avant recouvre donc l'immense coffre-cabine et le dispositif de mouillage comportant un guindeau totalement intégré, avec ancre à poste dans un écubier d'étrave, le nez du bateau étant surmonté d'un discret socle en polyester, muni d'un taquet inox. Voilà pour le tour du propriétaire… Passons derrière le volant !On ne présente plus le Suzuki 250 ch, apparu l'année dernière pour concurrencer le Yamaha, de même niveau de puissance. L'an prochain verra, soit dit en passant, l'arrivée d'un 300 ch chez le premier nommé. En attendant, ce gros V6 est ce qui se fait de plus puissant dans la sphère 4-temps. C'est aussi celui qui possède la plus grosse cylindrée du marché, tout en se montrant le moins lourd. Partant de là, la vitesse de pointe que nous avons atteinte avec l'Alson est un peu décevante : 40,6 nds. La carène un peu sale, cause d'un séjour à l'eau prolongé, y est sans doute pour quelque chose… Toutefois, il convient de prendre en compte le poids peu commun du Flash 750, supérieur de 200 à 300 kg aux valeurs moyennes. Le temps de déjaugeage, d'à peine plus de trois secondes est plus flatteur. De même que sa faculté à planer dès 2 400 tr/mn, à seulement 12,9 nds. Ces deux derniers chiffres témoignent d'ailleurs de l'énergie du gros V6 nippon. Autre mesure intéressante : le chiffre relativement contenu de la consommation, même dans les hauts régimes. Pour ce qui est des sensations à la barre, elles sont limpides… Le bateau reste manœuvrant et sécurisant à tous les régimes, que ce soit en virage serré ou en ligne droite, trimé à fond de gaz. La stabilité de cap est exemplaire (on peut lâcher la barre sans dévier), et le confort dans la vague satisfaisant, la puissante carène amortissant bien les impacts. Un petit désagrément tout de même, le « spray » occasionné par la présence de l'ancre, placée sous le nez du bateau, qui lève une moustache d'embruns passant par-dessus le flotteur, lorsque le bateau pique dans la vague. Le pare-brise relativement bas ne suffit pas à éviter cette petite pluie salée qui se répète à intervalles réguliers dans la mer formée..
Conclusion
Avec ce semi-rigide lourd et bien doté, Alson vise un programme de type « grand tourisme », où le confort et l’endurance sont deux impératifs dont s’acquitte bien le Flash 750. Avec lui, on peut partir à plusieurs, pour de longues virées, sans arrière-pensée, grâce à sa stabilité et sa robustesse. Au mouillage, on profitera de son cockpit à l’agencement convivial, et de son équipement complet et de qualité.