Ce petit semi-rigide s'adresse d'emblée à une clientèle éprise de confort et d'élégance. Ce qui ne l'empêche pas, en raison d'un cockpit bien agencé, de pouvoir contenter des plaisanciers actifs, demandeurs d'une certaine polyvalence. Le niveau de performance convaincant, même avec 50 ch, va ici de pair avec le plaisir de pilotage.
Texte Philippe Leblond - Photos Philippe Leblond et Jacques Anglès
Une vingtaine de modèles composent la gamme de ce constructeur italien qui travaille en synergie avec Lomac. Le SP 80 (SP pour Sport) appartient à la série de type familial, assez proche dans l'esprit des modèles de la série Comfort, mieux équipés encore. La série Open est, elle, plutôt destinée, aux amateurs de plongée, tandis la série Classic est composée de quatre modèles à fond souple, pour le marché de l'annexe et du petit pneu d'entrée de gamme. Un seul coup d'œil suffit pour appréhender la philosophie du SP 80. La robe gris pâle rehaussée par un gris plus foncé (bande antiragage et renforts de flotteurs), joue l'élégance discrète. Le soin apporté aux finitions, tant en ce qui concerne l'assemblage des flotteurs sur la coque, que la brillance du gel-coat, témoigne d'une volonté de cibler une clientèle attentive à l'esthétique. La belle facture du cockpit avec ses volumes contre-moulés tout en courbes, ajoute à la notion de « qualité perçue ». Le bateau étant amarré « nez à quai », la visite du propriétaire commence par la proue. Le large support de davier en polyester antidérapant est assez pratique pour embarquer par l'avant, d'autant que ledit davier est incorporé au moulage. Un taquet inox sur la face postérieure de la delphinière garantit un amarrage efficace et commode. La baille à mouillage fait partie du même socle que le grand coffre avant. C'est sur ce pontage surélevé que prend place le solarium dont la surface est peu commune pour un semi-rigide de cette longueur. Il est à noter que le matelas fragmenté de celui-ci se range aisément dans le grand coffre. Remarquons au passage que ce coffre et la baille ne ferment pas à clé… En revanche, il est possible de poser un cadenas sur celui du bas de la console, accessible en relevant l’assise du petit siège moulé sur sa face antérieure, le coffre haut, pour sa part, n’étant pas verrouillable. Le petit siège de la console (biplace pour des enfants) est pourvu d’un dosseret fixé par pressions à même le polyester. L’élégante main courante qui protège le haut pare-brise en épouse les contours. Décalée sur tribord, la console laisse un passage latéral généreux sur bâbord. Le tableau de bord offre dans sa partie supérieure une bonne surface les aides électroniques à la navigation, ainsi qu’une platine déjà prévue pour l’installation d’un compas. Les instruments du moteur sont facilement lisibles et le boîtier de commandes latéral, bien placé. La position de conduite définie par le siège pilote à dossier rabattable, avec son épais capitonnage, est bonne dans les deux cas : assis et debout (position leaning-post). Ce siège a l’autre particularité de posséder une base très large qui offre un volume de rangement important et qui, grâce au dossier basculant, peut aussi servir à la pêche à la traîne (assis en sens inverse de la marche). L’ouverture du coffre se fait judicieusement dans le sens transversal (meilleur accès). Ce siège, bien que biplace, ménage un passage latéral à bâbord pour gagner la partie arrière du bateau. L’absence d’échelle sera tout de suite remarquée par les amateurs de baignades dans les criques. La base du tableau arrière est percée de deux nables de vidange cerclés de laiton. à tribord, un moulage spécifique a été réalisé pour conduire les câbles moteur sous le plancher.
Bien qu'esthétiques, les brides en tissu enduit remplacent les saisines en corde pourtant plus pratiques. Le flotteur est réalisé en CR/CSM label Orca (Pennel & Flipo), un gage de sérieux quant à sa longévité. Bien qu'équipé d'une puissance intermédiaire (50 ch), le Mar.Sea s'est montré à son avantage, tant dans son comportement dynamique que ses performances. à tel point, que l'on n'envisagerait pas à d'y monter un 65 ch, sa puissance maxi. Le Yamaha F50 est il est vrai un 4-temps au tempérament généreux. Cela se constate dès la phase de déjaugeage, avec une sortie rapide, en dépit d'un cabrage prononcé, et une accélération qui mène rapidement à la vitesse maxi, laquelle dépasse les 30 nds ! Une « barrière » pour un semi-rigide équipé avec seulement 50 ch, a fortiori d'un 4-temps, sensiblement plus lourd qu'un 2-temps. Malgré un plan d'eau, passé à la « soufflerie » du Mistral (force 5 à 6), en forme de tôle ondulée, le Mar.Sea s'est tiré honorablement d'affaire pour ce qui est du confort de navigation, même si de temps à autre on enregistrait quelques impacts secs, avec la mer par le travers. Le plus étonnant, est sa sensibilité mesurée au réglage de trim positif, malgré son poids léger. Du coup, on n'a pas la sensation que le nez soit trop léger, comme c'est très souvent le cas, à bord des semi-rigides de moins de 5 mètres. Il n'en est pas moins plaisant à barrer avec, en outre, une bonne position de pilotage, mais une commande de gaz pas assez progressive (un mauvais réglage sans doute…). En virage, la carène du SP 80 se signale par un guidage précis tout en passant plutôt à plat et en glissant peu. Par contre, le moteur en raison d'un montage haut voit son hélice prise de ventilation, dans les virages serrés..
Conclusion
Esthétique soignée, cockpit bien pensé dans l’optique d’une utilisation en famille, avec notamment une belle capacité de rangement, comportement marin cohérent, pilotage sûr et plaisant, performances satisfaisantes… Voilà un tableau flatteur, pour le moins. Mais, un semi-rigide réussi, comme ce petit Mar.Sea, ne prête pas facilement le flanc à la critique. Malgré ses moins de 5 mètres, c’est un vrai bateau.