Essai Mariner 620 Ibiza

Un air marin

Docile, efficace, sportif au besoin, ce Mariner a bien l'air marin. Avec le Tohatsu 115 ch 2-temps, qui ne manque pas de nerf, il régale son pilote ! Mais pour la balade et le mouillage, il n'est pas mal non plus. La famille appréciera son solarium et ses rangements pratiques, mais aurait aimé une banquette de plus. Nul n'est parfait.

Texte et photos Philippe Leblond


 27 677 € sans moteur (tarif 2008)
 6.2 m
 12
 38,5 nds avec Tohatsu 115 TLDI 2T
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Paru dans le Pneumag n° 63 Janvier/février 2008




La robe jaune, signe distinctif des Mariner, lui sied à merveille. Les passepoils de la sellerie reprennent cette touche vive avec bonheur et, même si les finitions de la partie polyester sont perfectibles, l'ensemble à fière allure. Simple dans sa réalisation, le Mariner l'est aussi dans sa conception, restant bien en phase avec l'esprit semi-rigide, souvent malmené ces derniers temps par souci de vouloir trop en faire. De fait, pour un 6,20 m, le Mariner ne “fait pas de gras” : 490 kg sur la bascule, voilà qui, avec ses 2,42 m de large, fait de lui un bateau facile à mettre et surtout à sortir de l'eau et performant sans trop de puissance. Pour autant, le chantier de Ravenne n'a pas chipoté sur l'équipement, à l'exception du réservoir fixe en inox de 110 litres qui figure, hélas, parmi les options. On y trouve une delphinière dotée d'un petit davier débordant bien du nez (pas de ragage de la chaîne sur le flotteur) et pourvue d'un taquet inox pour la ligne de mouillage ou l'amarre de pointe. Elle domine un puits à chaîne à large ouverture, mais peu profond, suivi d'un grand coffre dont le couvercle est garni, à l'intérieur, d'un petit filet pour maintenir, à portée de main, les menus objets qui risqueraient de se perdre dans les fonds. Le tout est recouvert par un grand matelas de bain de soleil (la mousse de la sellerie est un peu molle) qui repose aussi sur deux rallonges, lesquelles définissent un espace couvert mais non fermé, difficilement utilisable. Une place en partie perdue lorsque le solarium est à poste, mais exploitable dans le cas contraire, pour se mouvoir facilement dans la partie avant du cockpit (pêche, plongée), ou y dresser une petite table de pique-nique ne figurant pas sur la liste des options, mais proposée par l'importateur. Au sol devant la console, une trappe de visite permet d’accéder à un gros réservoir d’eau (75 l !) destiné à alimenter la douche de pont. Les passavants sont facilement praticables avec un poste de pilotage placé sur l’axe central, d’autant que le boîtier de commandes latéral s’inscrit dans une niche, afin de ne pas faire saillie à tribord. Une robuste main courante encadre le haut pare-brise qui protège bien le pilote et les instruments de la planche de bord, sur laquelle les cadrans du moteur sont en partie masqués par le volant lorsqu’on pilote assis. Debout, la lecture est satisfaisante. Reste que ce tableau de bord offre toute la place nécessaire pour y installer GPS, sondeur et autre VHF. La console propose un seul vrai rangement, dans sa partie haute, le bas étant en grande partie occupé par le réservoir d’essence. Pas de leaning-post – et c’est dommage ! – sur le Mariner, qui se contente d’une unique banquette capable d’asseoir trois personnes, dont le pilote. C’est peut-être l’un des reproches majeurs à adresser au 620 Ibiza que de ne pas proposer davantage de places assises, hors flotteurs. Avec le petit siège monoplace devant la console, cela donne quatre places assises ; sur un plus de 6 mètres à vocation familiale, c’est un peu juste. L’assise de cette banquette se relève pour libérer un profond volume de rangement qui abrite la batterie, la pompe de cale et le groupe d’eau pour la douche. Les coffres du Mariner sont tous équipés d’un ressort pour maintenir le couvercle ouvert, et d’un fermoir auquel peut être adjoint un cadenas. En revanche, pas trace de joint de caoutchouc pour amortir les impacts dans la vague… L’accès aux petites plates-formes et à l’échelle de bain n’est pas facilité par l’imposant arceau polyester, appendice bien encombrant pour sa maigre fonction : servir de support aux feux de navigation et aux éventuelles antennes du GPS et de la VHF. Encore que dans le cas présent, il supporte aussi les anneaux de ski… La carène, d'un dessin plutôt classique, avec son V évolutif cher à l'école italienne, reçoit un pont contre-moulé avec antidérapant “pointe de diamant” qui remonte sur le flanc interne des tubes, en prenant soin de former un arrondi, évitant les risques de blessure aux chevilles. Le tissu assemblé dans le sens de la longueur est un Néoprène/Hypalon de 1 670 décitex provenant de chez Novurania, très voisin d'aspect de l'Orca de Pennel et Flipo. La finition générale est satisfaisante et la garantie est portée à six ans. à l'aise dans sa silhouette, le 620 Ibiza se montre tout aussi naturel dans son comportement. D'une prise en main très facile, en raison d'un comportement dynamique des plus sains, il distille de bonnes sensations de vitesse et d'évolutivité à son pilote. On éprouve rapidement aucune crainte à solliciter à fond les 115 chevaux du Tohatsu. Ce dernier est d'ailleurs un excellent choix sur ce semi-rigide qui peut se piloter de manière sportive, tant son équilibre est rassurant. La mer calme nous a obligés à aller chercher des sillages de vedettes, et c'est essentiellement en slalomant dans celui d'un Mangusta 80 pieds (24 m), que nous avons pu apprécier son équilibre et le bon amorti de sa quille lors des réceptions. Plein de punch le Tohatsu à injection directe délivre de bonnes reprises en sortie de virage (sans ventiler), où la carène décrit des courbes d'une grande précision, tout en glissant légèrement, épargnant à l'équipage de devoir se cramponner comme les occupants d'un manège de foire. Le déjaugeage est obtenu en moins de cinq secondes, après un cabrage modéré et une reprise d'assiette progressive, sans effet de bascule. Pour obtenir la vitesse maxi, on peut faire appel au trim sans réserve, la stabilité latérale et longitudinale étant exemplaire. En effet, la carène n'a pas plus de véléité à marsouiner qu'à rouler, même lorsque l'air s'engouffre sous la moitié arrière des œuvres vives. Un regret, la position de pilotage debout, avec les talons dans le socle de la banquette arrière, peut s'avérer fatigante lors des longs trajets..



photo Mariner 620 Ibiza


photo Mariner 620 Ibiza


photo Mariner 620 Ibiza





CONCLUSION
Voilà un semi-rigide qui ne se la joue pas. Volontairement simple dans sa conception, il ne cherche pas à vamper la clientèle, juste à faire bien ce qu’il sait faire. Son élégance est naturelle, tout comme sa tenue à la mer, et les performances sont au rendez-vous, même avec une motorisation relativement économique. Taillé pour la balade côtière en famille ou entre amis, on lui reprochera peut-être l’absence d’un leaning-post de pilotage, afin d’offrir deux places supplémentaires.




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