Si le Lux-520 surprend par son comportement fantasque, il comporte d'autres signes auxquels nous a habitué la marque espagnole : un tube PVC doté de valves de surpression, un certificat d'insubmersibilité et une finition… inégale. Reste le charme d'un bateau joueur et fonctionnel, pour un budget attractif.
Texte et photos Philippe Leblond
Attention, on va virer ! à la barre du Narwhal, mieux vaut prévenir son équipier (nous n'étions que deux à bord)… Dans cet exercice, le comportement du Lux 520 est un brin fantasque, dès lors qu'il s'agit de le pousser dans ses retranchements. Si l'inscription en courbe se déroule normalement, avec une prise de gîte progressive vers l'intérieur, la suite est plus surprenante… Lorsqu'on referme le virage, tout en maintenant un régime moteur élevé, le Narwhal interrompt soudain son inclinaison intérieure, comme s'il ne pouvait pas aller plus loin, et bascule sans prévenir sur l'extérieur. Cette contre-gîte inattendue est pour le moins déroutante, tant pour le pilote que pour son passager. Elle l'est d'autant plus que la carène du Lux- 520, comme celles des autres bateaux de la marque, arbore un V profond, encore bien marqué au tableau arrière. Une architecture qui favorise précisément la gîte intérieure, même parfois jusqu'à toucher l'eau avec la bande antiragage. Vous voilà prévenus ! Il n'est pas impossible que ce phénomène s'atténue, voire disparaisse, si l'on navigue avec un chargement plus important, la légèreté des Narwhal étant sans doute un facteur aggravant dans ce comportement rarissime… Autre constat, le Lux-520 s'avère très sensible à l'effet de couple de l'hélice (un effet qui devrait être encore plus prononcé avec la puissance maxi). à tel point que si l'on n'utilise pas le trim, le bateau navigue en s'inclinant sur bâbord. Il suffit de trimer en positif pour rétablir l'assiette. Un phénomène, déjà constaté, il est vrai, sur les petits bateaux de sport en monomoteur, de type Phantom, Pirhana ou Ring, dont la carène est en V très profond. Après un déjaugeage rapide, malgré un cabrage prononcé, dû à une dominante de poids sur l'arrière, le 75 chevaux Honda laisse parler sa puissance et la vitesse maxi est vite atteinte au régime de 6 000 tr/mn. L'utilisation du trim est obligatoire pour laisser s'exprimer les qualités sportives de cette carène au tempérament joueur. Un réglage fin s'impose pour éviter au roulis de s'installer. Le lieu de l'essai, le lac du Bourget, n'est malheureusement pas propice aux envolées, le plan d'eau étant désespérément lisse… Les sillages d’autres bateaux ne suffiront pas à faire sortir l’hélice. Impossible dès lors de valider les qualités de passage de cette carène, réputée efficace dans la mer formée. Nous aurions bien aimé voir le Narwhal à l’œuvre dans des conditions moins clémentes et avec 100 chevaux sur le tableau arrière, car ce semi-rigide fait appel à une bonne sensibilité de pilotage et réclame un minimum d’expérience pour le mener rapidement. De retour au port d’Aix-les-Bains, en compagnie de Gilles Mathelin, distributeur de la marque espagnole dans la région de Grenoble (Plein Sud Nautic), nous faisons le tour des aménagements… Le flotteur bleu roi est du plus bel effet et sa finition n’appelle aucune critique. Le PVC 1 300 décitex est assemblé avec soin et les mains courantes en inox, solidement fixées sur le dessus du flotteur, scintillent sous le soleil. Un choix surprenant, délaissant la traditionnelle ralingue en caoutchouc qu’affectionne le chantier ibérique, mais qui s’explique par le besoin d’offrir des points de fixation au bimini proposé en option. Autre bon point, le dispositif de mouillage : le socle en polyester qui coiffe le nez du bateau comporte des chaumards et des taquets, relayés par une robuste bitte d’amarrage, elle aussi en inox. En revanche, pas de baille à mouillage indépendante. Le coffre avant principal (verrouillable) permet d’y loger un peu de matériel en plus de l’ancre et sa chaîne, mais ce n’est pas idéal. Deux petits coffres latéraux procurent un supplément de rangement, ainsi que celui, plus grand, situé sous la banquette de pilotage biplace (abritant la batterie, la table de pique-nique et le matelas du solarium) et le vide-poches de la console. Une capacité de rangement acceptable pour une unité de ce gabarit qui prétend au titre de bateau familial. Dans cette optique, la petite table en bois qui permet de convertir le bain de soleil en petit carré à l’heure du repas est l’un des atouts principaux pour élargir le programme d’un bateau que l’on aurait tendance à ranger d’office dans la catégorie « sport ». Signalons aussi le roll-bar inox (option) supportant les feux nécessaires aux escapades nocturnes.
Quant à la surface de cockpit, elle reste mesurée malgré une console compacte mais au dessin basique. Cette dernière comporte néanmoins un tableau de bord lisible et capable de recevoir un GPS-sondeur. Il est vrai que la largeur interne est modérée (V profond et flotteur de bon diamètre)… Le passage à claire-voie du câblage des commandes, bien que gainé, n'arrange rien il est vrai..
Conclusion
Premier constat : ce Narwhal n’est pas à mettre entre toutes les mains. La spécificité de son comportement dynamique requiert une petite expérience du pilotage sur coque planante. Ensuite, il est notable que la politique de prix, chère au constructeur espagnol, repose sur des solutions économiques (câblage apparent, sellerie bas de gamme, console et sièges au design élémentaire, équipement limité…). Ceci n’enlève rien aux qualités de ce semi-rigide certifié insubmersible et qui présente un bon rapport qualité/prix pour naviguer avec un budget contenu et profiter d’un programme polyvalent.