Cette nouvelle appellation "Plus " se justifie par de nombreuses améliorations qui font des modèles Heavy Duty, des semi-rigides encore plus fonctionnels, comme va nous le montrer le 550. à cela, s'ajoutent des performances remarquables. En revanche, le pilotage réclame une certaine vigilance.
Texte et photos Philippe Leblond
De la poupe à la proue, la série HD bénéficie d'une évolution qui porte sur de nombreux points de détail. Faisons donc le tour de ces améliorations… Tout d'abord, les flotteurs ont vu leur diamètre maxi passer de 52 à 55 cm, tenant compte du succès rencontré par les hors-bord 4-temps, sensiblement plus lourds que les 2-temps à carburateurs. La disposition des tissus de renfort, destinés à protéger les zones de friction a été optimisée, et notamment l'emplacement du « passage plongeur », situé au niveau de la console pour pouvoir s'aider de la main courante de celle-ci. Un détail qui a son importance quand l'échelle de bain est absente, y compris de la liste des options ! Par ailleurs, sur le tableau arrière, les taquets coinceurs qui maintiennent relevés les manchons de vidange ont été remontés pour un accès plus facile. Il y a aussi la baille à mouillage qui a gagné en profondeur, car elle était un peu trop plate sur le modèle précédent. Et puis, la quille qui reçoit une cornière de protection en alu sur toute sa longueur afin de protéger le polyester lors des manutentions (mise à l'eau avec la remorque ou tirage au sec). Autre nouveau (bon) point, la présence d'un bac de rétention d'eau pour éviter les retours d'eau intempestifs sur le plancher. Enfin, on note l'adoption d'une gaine en PVC pour canaliser et protéger les câbles, du moteur jusqu'à la console. Pour ce qui est l'agencement du cockpit, il reste assez proche de celui qui confère au HD-550 sa polyvalence. Hormis l'absence d'un coffre long pour des skis ou des cannes, les quelques éléments de confort présents (console haute, siège pilote biplace convertible en leaning-post) et la facilité de circulation sur le plancher en contreplaqué stratifié et antidérapant (notez les passages de chaque côté de la banquette) permettent au HD-550 Plus de présenter un CV tout à fait convenable aux utilisateurs multi loisir. Une petite famille trouvera tout aussi bien sa place à bord qu’un groupe de chasseurs sous-marins ou de pêcheurs. Grâce aux longues ralingues dotées de saisines, on peut se maintenir assis sur les flotteurs en navigation. La position de pilotage, avec un dossier basculant vers l’avant pour un appui en semi flexion, s’avère efficace et confortable. Du côté du rangement, on note l’apport du siège-coffre qui offre une bonne contenance au sec et peut-être fermé à l’aide d’un cadenas. En revanche, la console rapportée n’est pas étanche à sa base qui est d’ailleurs occupée par le réservoir de 45 litres. Pour en terminer avec la construction, il faut créditer le Narwhal d’un avantage peu répandu : l’insubmersibilité. Cette dernière, qui fait l’objet d’une certification en bonne et due forme, a été obtenue par l’insertion de mousse à cellules fermées entre la coque et le pont.
C’est dans la baie très fermée de Vigo, en Espagne, que nous avons pu piloter le HD-550 Plus. Premier constat, les performances sont de premier choix, avec près de 38 nœuds au régime maxi (6 100 tr/mn) avec une hélice de 19’’. Un bon choix puisque la plage du constructeur s'étend de 5 000 à 6 000 tr/mn, et qu'en charge (là, nous n'étions que deux à bord, sans équipement et réservoir à moitié plein) le compte-tours devrait baisser de 300 à 400 tr/mn. Toutefois, si l'on est sûr de naviguer en équipage réduit, on peut opter pour une 21'' et peut-être obtenir un petit plus en vitesse de pointe. Le déjaugeage est atteint en 3''7, au terme d'un cabrage prononcé. Autant dire qu'avec une telle vélocité et l'injection électronique du Yamaha, les chiffres de rendement devraient être excellents, et notamment à 4 000 tr/mn, allure de croisière rapide (23,2 nds).
En termes de comportement, les choses sont plus compliquées… L'obtention de la vitesse maxi n'est pas sans réclamer un bon « feeling », ne serait-ce que pour combattre le roulis d'un bord sur l'autre, ce dernier prenant de l'ampleur avec la montée du trim. De même, en virage, il convient de se montrer vigilant car cette instabilité latérale débouche sur des réactions déroutantes, en fonction de l'angle de braquage et du dosage des gaz. Le HD-550 Plus a tendance à refuser l'inscription avec une gîte intérieure limitée, puis à partir vivement en gîte extérieure, un phénomène que nous avions déjà observé avec le Lux-520 (Pneu Mag n°47) et le HD-450 (Pneu Mag n°52). Ceci pose le problème de l'adéquation puissance/charge embarquée. à notre avis, pour un équipage restreint (2 ou 3 personnes) un 60 chevaux serait suffisant et limiterait sans doute ce manque de stabilité latérale. Un 80 chevaux, voire un 100 ch (attention seul à bord !) imposerait sans doute au Narwhal d'être chargé pour trouver son équilibre, mais nous n'avons pu le vérifier à cette occasion. Par ailleurs, le plan d'eau rigoureusement plat ne nous a pas permis de juger plus avant de son comportement marin. Le seul indice de passage dans la vague a été de constater des croisements de sillages assez confortables...