Certes, le HD-580 n'est pas le plus récent ni le plus charismatique des Narwhal, mais il a toujours sa place, grâce à un ensemble de qualités qui ne se démentent pas : polyvalence, comportement marin, facilité d'entretien et de manutention, économie d'utilisation, prix accessible… Retour sur une valeur sûre.
Texte et photos Philippe Leblond
Les fervents de Narwhal n'auront sans doute pas manqué d'observer que le modèle essayé est équipé d'accessoires qui ne proviennent pas du chantier espagnol. Pour mieux coller à la demande de son client, Frédéric Danet (DSL), agent Narwhal de Nantes, a eu recours à une console et un leaning-post réalisés sur mesure en Pologne. On note que celui-ci est plus large que la console pour offrir un volume de rangement décent, malgré la batterie, mais s'avère un peu étroit pour recevoir pilote et copilote. Par ailleurs, sa surface d'appui, si elle est légèrement arrondie, est dépourvue de capitonnage… La position de pilotage s'avère toutefois satisfaisante, les commandes (volant vertical et boîtier dans une niche) étant à bonne hauteur, et le haut pare-brise, protecteur. Légèrement décalée sur tribord (pour contrer l'effet de couple de l'hélice), la console laisse des passavants praticables avec une préférence pour bâbord. Elle autorise également du rangement sur une étagère située à mi-hauteur, puisque sa partie basse est occupée par le réservoir fixe en Polyéthylène de 70 litres. Ce dernier accapare aussi une partie de la base du siège situé sur l'avant de la console. Un mot sur le tableau de bord, on ne peut plus simple, sur lequel le compas à été décentré pour laisser la place de monter un sondeur-GPS sur étrier.
Pour ce qui est du pont, il intègre un plancher en contreplaqué stratifié, recouvert d'un antidérapant au rouleau, et une baille à mouillage, ample mais peu profonde. Les câbles du moteur passent à même le plancher, sous la base du flotteur tribord. Le tableau de bord, renforcé par deux puissantes équerres stratifiées, n'est percé que d'un seul nable d'évacuation doté d'une manche en PVC relevable à l'aide d'une cordelette sur taquet coinceur. Les flotteurs, dont les flancs intérieurs supportent les avirons, montrent comme à l'accoutumée une finition soignée et sont protégés par une valve de surpression. Les saisines en cordelette de Nylon (un peu rudes à la main) s'interrompent à mi-longueur pour libérer un passage "plongeur". Deux poignées-taquets, ainsi qu'une saisine spécifique sont collées de part et d'autre pour s'aider à remonter à bord. L'accastillage se résume à une bitte inox à l'avant, un guide de mouillage en PVC et deux anneaux de ski au tableau.
C'est à bord de ce bateau que nous avions procédé à l'essai du Tohatsu 90 ch, sorti l'an dernier. Ce trois cylindres 2-temps à injection directe donne au Narwhal des performances satisfaisantes, tant en vitesse de pointe (plus de 35 nds) qu'en accélération, avec un déjaugeage exécuté en 3,5 secondes, au terme d'un cabré modéré. La capacité du Narwhal à hydroplaner dès 2 500 tr/min fait qu'à 3 000 tr/min, il signe une vitesse de croisière ultra- économique, avec un rendement qui approche les deux milles par litre consommé (!), assorti d'une vitesse de 16,6 nds. Et à 4 500 tr/min, soit à 25,6 nds, il parcourt encore 1,36 mille par litre… De quoi choisir une allure à sa guise, en fonction de son emploi du temps ou de l'état de la mer.
Au plan du comportement et du pilotage, on note tout de suite la disponibilité du Tohatsu qui offre de bonnes reprises mais en se montrant plus progressif que l'ancien 90 ch. Cette souplesse alliée à un niveau sonore assagi se fait apprécier, notamment en croisière. Plaisant à la barre, le Narwhal s'accommode parfaitement de cette puissance qui permet à sa carène de conserver un bon équilibre, même lorsqu'on abuse du trim au régime maxi. Pas de roulis, pas de pompage. Il en va de même en virage rapide, où le grip s'avère efficace et le guidage précis. Par contre, lorsqu'on resserre le braquage et que l'on insiste sur les gaz, la gîte intérieure a tendance à s'interrompre et le bateau à se redresser, donnant alors l'impression de vouloir refuser d'enrouler la courbe. Dans ce cas, une réduction des gaz lui permet de reprendre sa gîte et sa trajectoire. Notre essai s'étant déroulé sur l'Erdre, rivière des environs de Nantes, l'absence de vagues naturelles ne nous a pas permis de vraiment juger du confort de passage. Nous avons donc pris le sillage d'une vedette de passagers, pour observer un amorti du V de coque de bon augure.
EN MER
Contrairement aux apparences, le HD-580 n'est pas si à l'aise dans les virages pris "au taquet". Il est préférable de bien gérer la remise de gaz ou de ne pas trop refermer le virage pour éviter que le bateau ne se redresse sur sa quille et refuse de suivre sa trajectoire. À vitesse modérée, il se révèle docile et très maniable.
AU PONTON
Le volume de rangement se limite aux coffres de la console et du leaning-post. Il est vrai que le HD-580 reste aussi un semi-rigide de baroud dont le cockpit doit laisser libre une surface au sol importante.
La légèreté du Narwhal est un atout pour une manutention facile (mise à l'eau et sortie d'eau aisées), mais aussi pour une économie d'énergie, car ne nécessitant pas un hors-bord très puissant.
La console étant étroite, le tableau de bord l'est aussi. Pourtant, il y a la place de fixer un combiné GPS-sondeur sur étrier.