Le constructeur espagnol élargit sa gamme en inaugurant une nouvelle ligne : Neo. Les deux premiers modèles nous ont été présentés dans leur antre, à Vigo. La version Sport, la mieux équipée, a retenu notre attention. Vive à piloter mais confortable, dotée d'un bon volume de rangement et d'un solarium, elle devrait séduire plus d'une famille.
Texte et photos Philippe Leblond
Narwhal a décidé de soigner son look. Témoin sa dernière production, un 5,40 m portant le nom de Neo qui a fière allure, décliné en deux versions : famille et pêche. N'allons pas jusqu'à dire que Narwhal à besoin d'un « sauveur », comme le Messie éponyme du film Matrix, mais il faut reconnaître que Neo vient ajouter un peu de brillance à une gamme où dominent les semi-rigides basiques, notamment ceux des lignes HD et WB. Le Neo-550 Sport risque même de faire de la concurrence en interne, surtout aux Lux-520 et 580, puisque comme eux, il a été pensé pour un programme familial. Le plan de pont montre des volumes de proue et de poupe contre-moulés formant de profonds coffres pour le rangement, tandis que la console, excentrée pour privilégier le passage à bâbord, est rapportée et fixée avec de la… colle. Celle-ci, reliée au moteur pas des câbles qui passent sous le plancher, abrite un réservoir en polyuréthane de 45 litres. Placé non pas sous mais sur le plancher, il occupe en revanche une partie du volume potentiel, tout en laissant un peu de place pour stocker quelques affaires en complément des coffres. L'un des points forts de cet aménagement, c'est qu'il offre un beau solarium à l'avant grâce à une rallonge sur support polyester (non présentée le jour de l'essai) qui vient prendre appui sur la face avant de la console, celle-ci étant dépourvu de siège. Nous n'avons donc eu droit qu'au bain de soleil partiel, dont le matelas (déhoussable) est fixé par boutons-pression sur le coffre et le puits à chaîne. La sellerie à deux tons est à la fois agréable à l'œil et confortable. Toutefois, à la différence du Lux-580, le Neo ne dispose pas de table de pique-nique… Du côté de l’accastillage, on note bien sûr la présence de la petite delphinière en polyester dotée d’un petit davier simple mais aussi de deux chaumards pour guider les amarres jusqu’aux deux taquets. à la base des flotteurs, côté cockpit, des supports en caoutchouc (plus élégants mais moins efficaces que des straps en Velcro) maintiennent les pagaies à portée de main. Originalité : ces pagaies à pelles plastiques se terminent par un embout en forme de gaffe. La main courante, en périphérie du pare-brise de console, offre une bonne prise pour le copilote. Le roll-bar, équipé des feux de navigation, est fixé directement sur le moulage polyester qui intègre le coffre qui sert de base à la banquette arrière, et le bac moteur, conçu avec une certaine profondeur pour éviter les retours d’eau dans le cockpit en cas de décélération brutale. On note par contre l’absence d’échelle de bain, qui pourtant s’impose sur un semi-rigide de ce type. Mais, le chantier devrait rapidement combler cette petite lacune, bien que la configuration de la poupe n’y favorise pas l’accès… Le flotteur, en tissu PVC, se signale par un fort diamètre, légèrement dégressif vers la proue, mais surtout par une belle livrée jaune vif, rehaussée par des accessoires et des renforts gris pâle. Si les poignées, un peu légères, font penser à celles des pneumatiques fabriqués en Chine, les saisines en forme de bride sont du plus bel effet. Par contre, comme sur les précédents Narwhal, la bande antiragage est un peu fine à notre goùt. Le « passage plongeur », situé au centre du flotteur est encadré de deux poignées pour aider à se hisser à bord. L'assemblage des cloisons est soigné, et se met au diapason de l'ouvrage polyester dont la finition est impeccable. Terminons la visite par le poste de pilotage. La console est assez large et haute pour offrir une bonne protection au pilote. Le copilote peut prendre place sur la banquette biplace, mais il paraît difficile d'asseoir une troisième personne, car Narwhal a disposé de part et d'autre un passage vers l'arrière. De fait, cela facilite l'embarquement par la poupe ou l'accès au moteur en cas de problème. Le siège est bien réalisé avec son épais dossier de forme arrondie qui, en basculant vers l'avant, offre un appui fessier en position debout. Comme la banquette est placée suffisamment en arrière, la position de pilotage est efficace, d'autant que la façade postérieure de la console est légèrement concave. Le tableau de bord ne dispose pas de la place nécessaire pour intégrer une petite centrale de navigation, mais le compas et les instruments moteur sont bien disposés, tandis que le boîtier de commandes latéral, logé dans une niche, tombe bien sous la main. Léger, le Neo-550 Sport ne devrait pas nécessiter un hors-bord de forte puissance, quand bien même son tableau arrière est donné pour recevoir 100 ch. De fait, le modeste Yamaha 60 ch 4-temps à injection va se révéler un excellent partenaire pour le nouveau semi-rigide espagnol. Silencieux en manœuvre et discret en balade, même à 4 000 tr/mn (20 nœuds semble être la bonne allure de croisière pour cet ensemble), il possède suffisamment de ressources pour passer le cap des 30 nœuds avec deux personnes à bord. Seul le déjaugeage risque d'être un peu laborieux avec un équipage plus nombreux. Il est à préciser que le moteur était monté assez haut, car l'hélice était prise de ventilation en virage serré, ce qui pénalisait les accélérations, au profit de la vitesse. Des virages où le Narwhal a fait preuve d'une belle maniabilité, virant court avec une gîte intérieure marquée tout en conservant une barre souple et précise. On a aussi noté la sensibilité au trim de cette carène qui conserve une tenue de cap correcte, même avec un réglage très positif. Toutefois, il est difficile d'apporter un commentaire définitif sur le confort en navigation, le plan d'eau étant vraiment calme dans la baie de Vigo. Il est toutefois permis de supposer un certain confort eu égard à l'aisance montrée par le Neo dans le franchissement des sillages que nous avons rencontrés. Une rapide prise en main de son frère, le Neo-550 Fisher, a révélé un autre visage de son comportement. à l'évidence, le Yamaha 100 ch 4-temps pose des problèmes à cette carène, qui avec deux personnes à bord, s'avère très difficile à maîtriser (roulis excessif, contre-gîte en virage) à l'image de certains Narwhal déjà essayés. L'occasion ne nous a pas été donnée de le vérifier, mais lorsqu'on opte pour une puissance élevée, il est préférable de charger le bateau… ou de rester « cool » sur la manette des gaz..
CONCLUSION
Le Neo-550 Sport, comme la version Fisher construite sur la même carène, bénéficie d’une esthétique soignée et attire immédiatement la sympathie par la convivialité de son plan de pont à la fois simple et fonctionnel. Pour un budget à l’achat raisonnable, et un coùt à l’utilisation économique (voir son excellent rendement à mi-régime), il forme avec le Yamaha 60 ch un ensemble attractif pour profiter des loisirs nautiques en famille, tirant parti de sa polyvalence.