Avec son long cockpit capable d'accueillir quatorze passagers, sa mise soignée, et ses grandes surfaces de bain de soleil,ce gros Nuova Jolly affiche clairement le programme : farniente estival et balade avec famille et amis, avec de grands coffres pour ranger le matériel de bord et les effets personnels.
Texte et photos Jacques Anglès
Installé près de Milan, Nuova Jolly fut une des toutes premières marques de pneumatiques créées en Italie, précisément en 1961. Après 44 ans d'existence, l'expérience du chantier est son point fort, avec un esprit créatif toujours intact, à l'image de l'innovant 750 Cabin, sorti l'année dernière. La marque offre trois gammes : la gamme Diving, des baroudeurs costauds avec un aménagement minimal, la gamme Winner, constituée de modèles légers et nerveux, à tendance sportive, et la gamme King, la plus luxueuse, qui donne la priorité au confort, avec des cockpits très aménagés et une présentation raffinée. Signe distinctif de cette dernière, tous les modèles sont déclinés en deux versions, hors-bord ou in-board, avec options diesels sur le haut de gamme.Pour l'heure, c'est le King 670 Excel qui est livré à notre curiosité, en version hors-bord avec un Suzuki 140 ch sur le tableau arrière, ce qui correspond à la puissance conseillée. Comme sur tous les King, on remarque le grand solarium arrière, installé sur le dessus de la cale pour motorisation intérieure, cale qui forme un vaste volume de rangement en version hors-bord. Autre particularité du modèle hors-bord, la carène est prolongée par la «baignoire» du moteur HB, avec un tableau arrière qui dépasse légèrement l'extrémité des flotteurs.La construction est sérieuse, avec des finitions de bonne facture, à l'image des nombreuses pièces d'inox (mains-courantes, rampe d'échelle de bain, davier d'ancre avec bloqueur, etc.), ou des portes d'équipets en teck massif. Le flotteur, à cinq compartiments, est réalisé en tissu-néoprène label Orca 1670 décitex de Pennel & Flipo, avec un assemblage des flotteurs latéraux dans le sens de la longueur, ce qui évite les déformations au niveau des raccords. Le choix d'un tissu blanc, souligné par un gros liston protecteur bleu marine, ajoute une note d'élégance à cette longue coque. Avantage connexe, appréciable en Méditerranée, le blanc ne chauffe pas au soleil, mais il est plus salissant que le gris habituel. Un regret : les poignées en sangle raide sur le flotteur sont peu nombreuses et moins agréables que des classiques mains-courantes en cordage nylon.
Cela paraît tout aussi sérieux côté polyester : la coque est généreusement renforcée et le pont est moulé en une seule pièce (sauf l’ensemble console/leaning post, démontable en cas de changement de réservoir) avec un plancher remontant sur les côtés pour rigidifier les flotteurs. Principaux atouts de ce cockpit : la facilité de circulation, le dossier arrière rabattable pour agrandir le bain de soleil, et les énormes volumes de rangement. Les flotteurs, assez hauts, posent juste sur l’eau à l’arrêt et sont bien dégagés quand le bateau est déjaugé.
Globalement, c’est un modèle élégant et pourvu de tout ce qu’il faut pour être agréable à vivre en sorties estivales. Ce luxe de l’agencement, ajouté à une construction qui ne lésine pas sur la matière, se ressent sur la balance, le King 670 se classant parmi les plus lourds de sa catégorie.
Après ce tour du propriétaire, voyons ce que donne ce King sur l’eau.
Contact ! La première impression au port est positive : le bateau se manœuvre facilement, l’avant ne dérapant que très peu grâce à son étrave fine, bien engagée dans l’eau. Dès que nous sommes dégagés de la côte, je pousse sur la manette des gaz : le déjaugeage est rapide (3,3 secondes) et se fait sans cabrer, la longueur exceptionnelle de la carène offrant un avantage incontestable dans cette phase. Sous la poussée du 140 ch Suzuki, le bateau accélère vite et avec continuité, montrant une excellente stabilité longitudinale (un bon point au crédit de la longueur de carène) et transversale.
Un bon point également pour la tenue de cap : volant lâché, le bateau continue sa route bien droit, sans se laisser perturber par les vagues. Cette aisance se confirme dans la houle, où il passe sans martyriser les passagers, son poids étant un atout pour amortir les passages de vagues. Dans ces phases un peu sportives, on ressent la dureté du leaning-post, avec d'autant plus de regrets que la position de pilotage debout est bonne et qu'il serait facile de corriger ce détail. Le contrôle de l'assiette au trim est efficace et, en outre, le King 670 se montre assez tolérant sur ce point. En courbes, il fait aussi preuve d'une belle tenue, sans jamais déraper. En virage serré, il prend un angle de gîte impressionnant (grâce à ses flotteurs placés hauts) mais reste imperturbablement accroché à sa trajectoire.Si les bonnes notes s'accumulent en ce qui concerne le comportement, les mesures de vitesse sont en revanche assez décevantes, avec moins de 37 nœuds en pointe et environ 25 nœuds en régime de croisière. Le King 670 paie ici la rançon de son poids et de son importante surface mouillée. Il n'y a toutefois pas à se plaindre : de telles vitesses sont en accord avec le programme «familial» du bateau et, compte tenu de sa sécurité de comportement, nous n'hésiterons pas à conseiller un 200 ch à ceux qui ont envie d'un pilotage plus sportif. .
Conclusion
Bien construit, confortable, sûr, agréable à piloter sans pour autant exiger une grande expérience, ce modèle est en adéquation avec son objectif de sorties en famille. Dans cette optique, le 140 ch de l’essai lui convient très bien, permettant de naviguer en sécurité par tous les temps sans risque de dépasser les possibilités du bateau. Certes, les performances en vitesse pure n’ont rien d’exaltant, mais ce n’est pas le principal sur ce type d’unité (si vous cherchez un bateau sportif, voyez la gamme Winner de la même marque). Et au vu de l’équipement fourni en standard (roll-bar, réservoir fixe de 300 l, pompe de cale, taud de mouillage...). son tarif apparaît assez compétitif.