Le King 600 Exclusive démontre une fois de plus le savoir-faire du chantier italien en matière de design nautique. élégant et fonctionnel, il soigne le confort des passagers sans négliger celui du pilote. Et sa carène bien née démontre qu'elle n'a pas besoin d'un moteur surpuissant pour aller vite et se faire plaisir.
Texte et Photos Jacques Anglès
Si la série King distingue sans ambiguïté le haut de gamme de la production NuovaJolly (à côté d'une série Winner moins luxueuse), on cherche en revanche une signification aux appellations complémentaires des divers modèles (Excel, Extrême, Exclusive, Exclusive-X et même Excel-Extrême !). Pour sa part, le King 600 Exclusive est une évolution du King 600 Excel, toujours présent au catalogue 2007 mais sans doute appelé à disparaître. Il en reprend le «châssis» (carène et flotteur), avec un cockpit radicalement repensé, offrant plus d'espace, un look séduisant et une meilleure ergonomie. Le designer a notamment gagné de la place en modifiant la partie arrière et en dessinant une nouvelle console de pilotage inclinée (où l'on ne se cogne pas les genoux !), avec siège relevable sur la face avant au lieu du siège coffre de la version Excel. Ceci a permis d'avancer légèrement la console et d'installer un leaning-post confortable mais hélas un peu trop étroit pour deux, d'autant plus qu'il est encadré par une main-courante trop haute, parfois douloureuse pour les fessiers si l'on s'y cogne par mégarde (par exemple par mer agitée). Cette erreur mise à part (qu'une légère modification suffirait à corriger), le cockpit du 600 Exclusive se révèle tout à fait convivial, avec une circulation facile et une sacrée habitabilité : six places assises confortables dans le sens de la marche, huit à dix en utilisant le vaste solarium avant. De fait, il affiche une longueur record pour un 6 m et supporte aisément la comparaison avec des modèles de 6,25 m à 6,50 m. Ce qui ne l'empêche pas d'échapper à toute critique. La principale porte sur l'accès à l'échelle de bain, pas pratique voire dangereux si l'on ne se méfie pas de l'étroitesse du passage et des pans inclinés glissants. Autre détail agaçant, les loquets des coffres avant nécessitant une petite clé spéciale (facile à perdre) à chaque fois que l’on veut sortir ou rentrer quelque chose.
Cela dit, la construction est sérieuse, tant pour le flotteur, évidemment réalisé en CR/CSM (type Néoprène-Hypalon), avec coupe des pièces «à l’italienne» (dans le sens de la longueur), que pour le polyester, qui présente un gel-coat ultra-brillant et un bon antidérapant type pointe de diamant sur tout le plancher, les plats-bords arrière ou le massif/marche-pied de proue. De nombreux détails révèlent le souci de qualité : valves de flotteur en inox, découpe du coussin de proue pour le passage de la ligne de mouillage, cloison des coffres avant percée pour ranger facilement skis nautiques ou cannes à pêche, banquette arrière convertible en solarium en trois secondes, grilles d’aération des coffres, etc. Tout aussi louable est l’équipement standard, incluant nombre d’éléments souvent proposés en option (mais dont personne ne se passe), tels que les coussins de bain de soleil (extension comprise), la table de pique-nique, le taud de mouillage, l’échelle de bain, le crochet de ski, ou la douche avec réservoir d’eau douce. Certes, ceci est à mettre en rapport avec un prix de base au-dessus de la moyenne, mais au moins s’épargne-t-on la mauvaise surprise des «options obligatoires».
Ayant satisfait haut la main à la revue de détail, le King 600 Exclusive doit encore faire ses preuves sur l’eau. Pour une fois la motorisation de l’essai, un 100 ch Yamaha 4-temps, est sage et sans doute plus en phase avec les aspirations de nombreux plaisanciers que la motorisation maximale, souvent adoptée par les constructeurs dans l’optique des essais presse pour faire valoir les performances. C’est parti ! Au ralenti, le F-100 Yam se fait tout simplement oublier, c'est déjà un bon point. On le laisse chauffer le temps de sortir de la Giscle, petite rivière au fond du golfe de Saint-Tropez, d'où nous appareillons. Quelques tests en route permettent de vérifier que de la coque en V profond manœuvre facilement au ralenti, sans déraper de l'avant. Avec 100 ch au tableau arrière, on vise plutôt le rendement que les chronos record. Malgré cette puissance modeste (50 ch de moins que le maxi autorisé), le King 600 livre un tableau de performance pourtant flatteur. Jugez-vous même : il lui faut tout juste 3,5 secondes pour déjauger sans cabrer, sa carène ultra-longue fournissant un bon appui dans cette phase et, une fois bien réglé, il accroche plus de 35 nœuds au GPS, ce qui est remarquable compte tenu du rapport poids/puissance peu avantageux ! Et lors d'un second test avec une hélice 19» inox, nous obtiendrons 35,7 nœuds en pointe et un gain de 2 à 3 nœuds aux régimes intermédiaires, au prix d'un rendement moins constant (mieux de 4 000 à 4 500 tours, moins bien au-dessus). Rapporté à la puissance modérée, c'est élogieux, mais ce qui est encore plus intéressant, c'est l'excellent rendement global (consommation de 10 l/h sur trois heures cumulées à tous les régimes). Côté pilotage, on n'a pas non plus à se plaindre. Le King 600 procure de bonnes sensations, même avec cette motorisation «basse». Il montre une stabilité sans reproche en ligne droite comme en courbes rapides, est capable de virer court pour aller repêcher un skieur, et répond bien au trim pour aérer la carène à haute vitesse ou ajuster l'assiette dans les vagues. On reste loin des limites dynamiques de la carène, ce qui permet de confier les commandes à des néophytes en toute sécurité, avec une vitesse de croisière de 20 à 23 nœuds offrant un confort optimal. On sent néanmoins que la coque a un gros potentiel en réserve, ce qui permet de prédire 25-28 nœuds en croisière et 43-45 nœuds en pointe avec la puissance maxi. .
CONCLUSION
Modèle familial par excellence ce nouveau King accumule les bons points, côté confort avec un cockpit qui n’a rien à envier à des modèles plus grands, côté pilotage avec une agréable vivacité malgré une puissance modérée. Le 100 ch est en parfaite adéquation avec son programme de balade estivale, tout en allégeant le budget carburant. Une motorisation plus puissante ne s’impose pas dans ce cadre, mais fera la joie des pilotes sportifs désireux d’exploiter les qualités dynamiques évidentes de cette carène.