Ce grand day-boat cossu et marin illustre bien l'expérience de Nuova Jolly, l'une des premières marques italiennes. En navigation, il fait valoir son pilotage sportif et sûr, tandis qu'au mouillage, il érige le farniente en art de vivre grâce à son carré convivial, ses solariums et sa grande plate-forme de bain.
Texte et photos Jacques Anglès
Un observateur peu averti pourrait ne voir sur ce Prince 25 qu'un “pneu“ parmi d'autres, un peu plus chic sans doute, avec un agencement “3 zones“ largement partagé dans cette catégorie de taille. Mais pour le connaisseur, la qualité d'ensemble saute aux yeux. Par exemple la sophistication du design, particulièrement remarquable sur l'ensemble console de pilotage/leaning-post. L'esthétique s'y combine à des formes étudiées pour renforcer la rigidité sans augmenter le poids de stratifié, notamment grâce à des ressauts sur les surfaces planes et à un design en pans coupés tout à fait dans l'air du temps. Le caractère fonctionnel est lui aussi bien étudié, à l'instar du massif de proue en forme d'escalier (pratique pour embarquer/débarquer par l'avant). De plus, ce massif abrite le guindeau électrique (sous un capot) et le puits à chaîne. Les détails attestent aussi du souci de qualité : antidérapant efficace (type pointe de diamant), valves de flotteur en inox siglées Nuova Jolly, vérins sur tous les capots de coffres, mains-courantes solides et bien placées, bimini pliable exactement adapté à l'arceau, etc. Le polyester est sans défaut, de même que le flotteur, réalisé en néoprène-hypalon (CR/CSM). Tout fignolé et visiblement robuste. L'impression de solidité se confirme quand on examine l'intérieur de la coque, structurée par de forts longerons, des cloisons transversales intégralement stratifiées, et des virures de fonds. Le traitement esthétique est tout aussi soigné, à l'exemple de notre modèle d'essai, traité dans un camaïeu gris et blanc du meilleur effet, avec quelques touches rouge vif.
Le cockpit “3 zones“ est bien proportionné pour un programme de sorties à la journée : large zone farniente à l'avant, pilotage au centre, avec cabine-WC sous la console et grand carré arrière en U. Le concepteur a favorisé la circulation de l'avant à l'arrière grâce à deux passavants extra-larges, avec un poste de pilotage monoplace, moins convivial qu'un biplace plus agréable pour vraiment piloter. En navigation, on compte six à neuf places assises dans le “bon“ sens : une ou deux devant la console, une au pilotage, quatre à six sur la banquette arrière en U. Le total est en rapport avec la capacité “optimale“ de ce modèle pour les sorties à la journée (six à huit personnes). On peut embarquer occasionnellement jusqu'à dix passagers, mais la capacité maximale autorisée (16 personnes) n'est pas réellement utilisable, sinon pour des trajets brefs. Côté rangements, le Prince 25 est généreux : deux coffres profonds et larges à l'avant un petit sous le volant, un autre, plus grand sous l'assise de pilotage et une vaste soute arrière, très accessible, qui se prolonge sous les banquettes latérales du carré. Des cloisons entre ces petits coffres et le volume principal de la soute seraient d'ailleurs bienvenues pour éviter que tout ne glisse irrémédiablement vers l'arrière. Enfin, quand on rentre au port, le compartiment WC sous la console permet de ranger les coussins de pont plus facilement que dans les coffres.
Terminons par l'équipement standard, digne d'éloges : solides taquets avant et arrière, guindeau électrique, direction hydraulique, table amovible de belle surface, douche de pont, échelle de bain et WC. Pour un confort total, il suffit d'ajouter l'arceau arrière et le bimini, tous deux en option.
Côté qualités marines, j'espère retrouver la stabilité et la puissance habituelle des Nuova Jolly, dont le Prince 25 affiche les caractères dominants : grande longueur de carène, V profond et poids au-dessus de la moyenne. Pour cet essai, le tableau arrière est doté d'un Yamaha 300 V6, une puissance généreuse pour un bateau de cette taille. C'est 50 ch de moins que la puissance maximale autorisée, mais certainement un meilleur choix que le 350 ch V8 de Yamaha, nettement plus lourd. Nous allons voir qu'il convient très bien à ce modèle. Contact !
Premier bon point pour le poste de pilotage super confortable, dont le leaning-post monoplace très large peut aussi s'utiliser en siège. Debout ou assis (avec un large cale-pied en teck), on est bien installé. Le grand tableau de bord est très lisible, le volant et les commandes de gaz à hauteur idéale, et le pare-brise enveloppant protège efficacement contre d'éventuels embruns.
Bien calé, je pousse à fond la manette des gaz, et le Prince 25 “décolle“ parfaitement en ligne et sans aucun cabré. Il est totalement lancé en 4 secondes, et atteint 20 nœuds en 5,5 secondes, un chrono remarquable compte tenu de son poids. La suite est à l'avenant, grâce au punch du V6 Yamaha à tous les régimes, qui procure un pilotage vif et accrocheur, en mettant en valeur les qualités intrinsèques de la coque. En ligne droite, la stabilité est parfaite, tant en latéral qu'en longitudinal, la longueur de carène n'y étant pas pour rien. L'étrave fine et remontante, typique des Nuova Jolly, assure le franchissement des vagues en douceur. Aucune diminution de stabilité quand on accélère, avec une tenue de cap imperturbable quel que soit l'angle d'attaque des vagues. Et quand il s'agit de gagner des nœuds, cette carène aime le trim, jusqu'à l'excès, sans que la stabilité s'en ressente. La limite se signale juste par un début de ventilation, entraînant une diminution de motricité. En procédant avec doigté, le résultat est là : 45,5 nds à 5 700 tr/min. Bien que le chrono soit flatteur, une hélice un peu plus courte permettrait sans doute d'exploiter encore mieux les ressources du V6 (capable de monter à 6 000 tr/min), avec encore plus de nervosité. Impeccable en ligne droite, le Prince 25 est tout aussi à l'aise en virages, Excellent en longues courbes rapides où il ne dérape pas d'un pouce (et ceci même avec du trim), il confirme son caractère accrocheur en virages serrés, sans être mis en défaut dans des virages de 25 m de diamètre à 5 400 tr/min. En resserrant encore le virage, on parvient tout de même à provoquer la ventilation de l'hélice ! Pour résumer , Le Prince 25 est en parfait accord avec le 300 ch V6, qui lui délivre de belles performances et un pilotage ludique sans jamais outrepasser les limites de stabilité de la carène.
CONCLUSION
Solidement construit et très bien équipé d'origine, le Prince 25 se classe parmi les meilleurs de sa catégorie. Bien conçu, son cockpit accueille aisément six à huit personnes en sorties à la journée, avec possibilité d'aller jusqu'à dix. La cabine-WC est un vrai plus pour le confort et le carré arrière est vraiment convivial. Côté performances et plaisir de pilotage, le V6 Yamaha répond à toutes les attentes, et ceci en toute sécurité.