Le chantier italien nous a habitués à des réalisations soignées, et les nouveaux RS, que ce soit le 700 ou le 750, sont à la hauteur de nos attentes dans ce domaine. A cette qualité intrinsèque, ces deux grands semi-rigides ajoutent une touche sportive qui flatte le regard. Une sportivité que l'on ne retrouve pas vraiment à la barre, malgré des essais dynamiques très concluants.
Texte et photos Philippe Leblond
Dans la gamme King, le 700 RS est l'un des cinq modèles de la série "RS" (il y a aussi les 650, 750, 800 et 850) qui se différencient des autres King (Exclusive et Extreme), notamment par leurs flotteurs gris en Orca à motif "fibres de carbone", rehaussés d'un bandeau et de poignées couleur corail, et leur sellerie coordonnée.
Parmi les points forts du 700, il y a la longueur "hors taxe" et le gabarit routier, flotteurs gonflés. Revers de la médaille, sa largeur habitable est assez restreinte en regard de sa longueur, et sa stabilité à l'arrêt moindre que celle d'autres semi-rigides de ce gabarit. Cette largeur volontairement contenue explique la présence d'une console et d'un leaning-post assez étroits, afin de conserver une circulation facile. Rejoindre la plate-forme de bain, sur laquelle repose l'échelle télescopique flanquée de deux anses, implique néanmoins d'enjamber le dossier de la banquette, à moins que celui-ci ne soit abaissé pour étoffer le solarium de poupe. Emprunter les plats-bords, qui supportent des poignées et taquets inox, nous semble délicat, quand bien même ils sont antidérapants. Le leaning-post est ceint d'une main courante qui offre une bonne prise pour les passagers arrière préférant naviguer debout, par mer difficile. Par ailleurs, la main courante de console permet à quatre passagers (deux de chaque bord), de voyager assis sur les flotteurs, en sécurité. Le strapontin, sur le devant de la console, peut offrir une place supplémentaire lorsque les conditions sont clémentes. Il sert aussi à prendre place autour de la petite table en bois, à l'heure de l'apéro ou du pique-nique (quatre places au mieux), mais l'on se sent un peu à l'étroit entre la table et la console qui fait office de dossier.
Point de vue rangement, le 700 RS se montre généreux, avec une grande soute arrière (avec plancher isolant les affaires du fond de coque), l'intérieur du leaning-post et de la console, et trois coffres à l'avant, dont un long pour le matériel encombrant du type skis ou cannes à pêche… Le mouillage possède un coffre dédié, dominé par une delphinière en polyester, dotée de deux taquets avec chaumards et d'un davier avec vis de blocage, pour laisser l'ancre à poste.
Bien protégé derrière la console à haut pare-brise, bénéficiant d'un tableau de bord spacieux et bien agencé (si ce n'est le compas désaxé), le pilote a les commandes bien en main pour lancer la cavalerie du Verado 150 ch. Les chiffres de performances que nous avons obtenus vont montrer qu'il ne faut pas descendre beaucoup plus bas concernant le choix de la puissance (pas moins de 135 ch), car le 700 RS n'est pas un poids plume. Il faut toutefois préciser que la carène était protégée par un antifouling qui coûte environ trois nœuds de vitesse maxi. Sans ce "frein" hydrodynamique, notre semi-rigide d'essai aurait sans doute taquiné les 40 nœuds… Pour ce qui est de la mise en vitesse, les chronos sont satisfaisants, avec à peine plus de trois secondes pour déjauger et moins de cinq pour franchir les 20 nœuds, ce malgré le petit temps de réponse du Verado (compresseur). Plus significatives, pour un bateau d'usage familial comme le 700 RS, sont les allures de croisière. Entre 3 500 et 5 000 tr/min (soit de 17,7 à 29,6 noeuds), le 150 Verado fait preuve d'une discrétion sonore appréciable et d'un appétit mesuré (près de 1 mille par litre). Cependant, pour des sorties en équipage nombreux, il serait préférable d'opter pour un 175 ou un 200 ch.
Au vu de son caractère docile et sûr, le 700 RS acceptera sans problème la puissance maxi autorisée. Avec le Verado 150, les chiffres sont satisfaisants, mais le comportement n'est pas très alerte. Le bon côté, c'est que ce semi-rigide peut être mis sans crainte entre toutes les mains. Sa tenue de cap est exemplaire, même pleins gaz et généreusement trimé, et il vire très sainement, avec une bonne accroche qui permet de dessiner des courbes précises, et sans perdre sa motricité lorsqu'on braque à fond. Difficile, en revanche, de se prononcer sur son confort à la mer, car cette dernière était on ne peut plus calme, même à l'extérieur du Bassin…