Grâce à son tableau arrière très reculé, typique de la marque, le King 820 bénéficie d'une carène ultra-longue et d'un cockpit à l'avenant, offrant un espace très généreux. Robuste et puissant, il justifie son appellation «Extreme» par son potentiel dans la grosse mer, et possède déjà de solides performances avec un duo de 140 ch Suzuki, encore loin de la puissance maxi autorisée.
Texte et photos Jacques Anglès
Ce grand pneu est un séducteur qui commence par éveiller la curiosité avec son plancher en teck très classe qui le distingue de la production ambiante. Il force également le regard par la sensation de puissance que dégagent ses boudins de fort diamètre et son étrave élancée, sensation renforcée par le duo de Suzuki 140 ch, montés très en arrière à la manière des offshores. Cette disposition, caractéristique des NuovaJolly, est due au prolongement de la carène Hi-Power entre les extrémités arrière des boudins. Cela devrait jouer en faveur de la stabilité longitudinale, tout en ménageant une large plate-forme de bain et en profitant à la longueur de cockpit. De fait, celui-ci est sensiblement plus grand que ses concurrents, avec un agencement simple en deux zones et une circulation très facile grâce aux larges passages de chaque côté de la console de pilotage. L'avant dispose d'un immense solarium (2,26 m de long !), relativement bas par rapport aux boudins, ce qui s'avère très sécurisant en mer. L'élément postérieur de ce solarium, amovible, se rehausse avec un pied tubulaire pour former une table de pique-nique. Astucieux, mais ce serait encore mieux avec une allonge jusqu'au siège frontal de la console ! à l’arrière on trouve une large banquette pour quatre personnes offrant les places les plus confortables en navigation. Ici encore, on apprécie l’astucieux dossier, qui bascule vers l’avant pour former un second solarium ayant les dimensions d’un lit double. Avec ces deux grands «lits», le King 820 semble donc tout à fait adapté à la croisière-raid. D’autant plus que le leaning-post est conçu pour recevoir, sous le siège de pilote, une mini cuisine et un réfrigérateur, l’un et l’autre proposés en option. Dans cette optique, le chantier a également prévu une tente de camping intégrale, volumineuse et pratique qui se fixe à l’arrière sur le roll-bar et, à l’avant, sur deux arceaux rabattables. Une fois installée, cette tente offre un beau volume habitable. Tout cela est traité avec un design recherché qui cultive les formes courbes, à l’exemple de la console profilée en forme d’arc, avec un bon cale-pied pour le pilote. En revanche, le poste de pilotage en estrade, bien qu’il favorise la visibilité, n’est pas des plus commodes : attention à la marche qu’il forme, notamment quand on écarte les pieds pour se caler en pilotant, et l’on n’aime guère le gros massif avant en polyester, très proéminent, qui gâche quelque peu la ligne de la proue, même s’il est pratique quand on embarque par l’avant depuis un quai. Pour en finir avec les critiques, on regrette aussi le manque de mains courantes sur les flotteurs, chichement dotés de quatre poignées en sangle rigide de part et d’autre du bain de soleil avant. Cela dit, la qualité d'ensemble est de très bon niveau, que ce soit pour le flotteur ou le polyester. Le premier est réalisé en tissu CR/CSM de fort grammage, avec coupe en long et collage soigné ne laissant pas deviner le compartimentage intérieur (à six segments). Il est bien protégé sur l'extérieur par un double liston intégral. On aurait apprécié d'y trouver un doublage en marche-pied pour embarquer par le côté, et il manque des points d'accrochage pour les pare-battage. Le polyester montre lui aussi une finition de bon aloi, avec un gel-coat brillant, et les robustes mains courantes en inox inspirent toute confiance pour se cramponner par gros temps. On peut se féliciter des nombreux volumes de rangement. Bonne idée : la petite soute très pratique sous le plancher. Cela ne va pas sans quelques réserves : l'assise de pilotage est trop dure et l'arceau arrière (fixe) est un obstacle pour accéder à la plate-forme arrière, faute de plats-bords extérieurs. Dehors, les conditions sont idéales pour évaluer la carène Hi-Power vantée par le chantier. Contact ! Au ralenti, les DF 140 sont d'une discrétion exemplaire, avec à peine 58 dB… Leur couple à bas régime assure un super-chrono au déjaugeage, la carène ultra longue décollant absolument sans cabrer. Dans le gros clapot, l'étrave travaille sans heurts, et le confort s'avère… parfait. On note tout de même qu'à vitesse moyenne (20-25 nœuds), la carène dégage des embruns qui se rabattent sur le cockpit par vent de travers, ce phénomène s'atténuant au fur et à mesure que l'on accélère et que la coque s'élève. En virage, ce King est sur des rails bien que gîtant peu. Deux mots résument ses atouts maîtres : stabilité et douceur. Le tableau des vitesses assez impressionnant, avec un maxi légèrement supérieur à 40 nœuds qui laisse présager une belle pointe de vitesse, considérant la possibilité de monter 2 x 225 ch au tableau arrière. Cela devrait se situer aisément autour de 50 nœuds. Autre satisfaction, le comportement dans la grosse mer est un régal : ça passe, et fort bien, à plus de 25 nœuds dans des creux de plus de deux mètres où beaucoup de bateaux seraient à la peine. Malgré le caractère sportif de ce régime, ponctué par quelques belles envolées, on se sent parfaitement en sécurité, et si l'on veut ménager les passagers, il suffit de lever un peu le pied : à 18-20 nds, on a l'impression d'une tranquille balade parmi les crêtes que lève le mistral. .
CONCLUSION
Confort du cockpit et qualités marines ont les points forts de ce grand semi-rigide qui fait résonner l’appel du large et n’aime rien tant que la mer formée. Sa sécurité permet d’envisager des traversées en toute sérénité, sans crainte de rencontrer du gros temps. à l’évidence, le constructeur l’a programmé pour la croisière hauturière, en proposant tous les accessoires nécessaires, avec en alternative un programme de balade entre amis dans un confort optimal.