Cette nouvelle version du 630 Nuova Jolly, sous son allure de bon père de famille, cache un bateau vif mais très sécurisant. Mais, par-delà ce tempérament sportif, ce semi-rigide possède bien d’autres atouts dans son jeu…
Texte et photos Franck Van Espen
Une gamme très étendue, un rapport qualité/prix convaincant et surtout plus de 45 années d’expérience, la marque italienne Nuova Jolly s’est rapidement hissée dans le groupe de tête des constructeurs de semi-rigides les plus vendus en France. Rebaptisé NJ 630, ce modèle très abouti vient de subir un léger lifting pour être plus en phase avec les attentes du marché. Fidèle au tissu Orca, de type Néoprène/Hypalon, il affiche toujours un look moderne et agressif grâce à une étrave haute et bien défendue, dessinant un V de 50 degrés. Des caractéristiques qui, comme nous le constaterons pendant cet essai, ne sont sûrement pas sans incidence sur le potentiel sportif du bateau.
Quant au plan de pont, il apparaît ingénieux avec un petit passage bordant le solarium arrière qui facilite la circulation à bord. Le moteur hors-bord est encadré par deux demies plateformes de bain et malheureusement, l’une d’elles est en grande partie encombrée par une échelle de bain trop proéminente à notre goût. Dommage qu'elle ne soit pas intégrée ou coffrée, plutôt qu'à claire-voie… La banquette bascule vers l’arrière et forme un bain de soleil, mais de petite surface, il est compensé par celui de la proue, nettement plus spacieux. Sous l'assise de la banquette, la soute est suffisamment volumineuse pour accueillir l’armement de sécurité et, éventuellement, une seconde batterie de secours. Les deux tuyaux d’évacuations du cockpit sont facilement accessibles et en cas de problème, une vanne peut condamner le passage de l’eau.
Désormais, en standard, le constructeur propose deux extensions en polyester formant des plats-bords sur la partie supérieure des flotteurs. Un équipement plutôt habituel sur ce genre de semi-rigide, qui supporte deux taquets d’amarrage et deux mains courantes pour que les passagers de la banquette puissent se tenir en navigation. L’intérieur du leaning-post, avec sa trappe d’accès, est une autre solution de rangement, mais rien n’est malheureusement prévu pour piloter assis. Si la position de conduite est parfaite, un repose-pieds, fixé ou moulé dans la console, permettrait de mieux se caler en utilisation sportive bien évidemment, où lors des longues randonnées.
Toujours dans la colonne "petits reproches", on peut regretter le manque de hauteur du pare-brise qui n'apporte pas la protection escomptée face du vent ou aux embruns. Au besoin, un modèle plus haut peut être fourni par l’importateur qui nous annonce aussi la possibilité de "semi customiser" son bateau, dans la limite du raisonnable. Jouant la carte de la simplicité, le chantier n'a pas jugé bon de proposer un guindeau électrique pour le NJ 630, mais l’accès à la baille à mouillage est aisé et les apparaux de mouillage bien étudiés. En soulevant le coussin du solarium avant, spacieux et confortable, il est possible d’utiliser un autre grand coffre, où l’absence de deux vérins de maintien pour le capot se fait néanmoins sentir. Un détail auquel il sera facile de remédier... Par contre, un bon point pour le système de fermeture discret et qui se condamne facilement à l’aide d’une clé fournie par le constructeur. En option, Nuova Jolly prévoit de pouvoir aménager cet espace avec une table et un bimini afin de se protéger du soleil lors des repas. Sinon, côté fabrication et qualité d’assemblage, nous confirmons que le NJ 630 s’inscrit bien dans le segment des pneumatiques haut de gamme. De retour au poste de barre, nous découvrons un peu plus en détail le tableau de bord. L’écran multifonction du motoriste se révèle très pratique et occupe une bonne place sur bâbord car, au centre, une imposante prédisposition est prévue pour un compas de grande dimension. Du coup, impossible d'encastrer le GPS-traceur qui devra être fixé sur étrier. Dès sa mise en régime, le Suzuki émet une belle sonorité qui ne se dégradera pas, bien au contraire, en accélérant. On est évidemment à des lustres de l’ancien moteur quatre temps poussif, lent et encombrant. Le Suzuki est impressionnant de couple et de nervosité. Dès 3 000 tr/min, il fait bondir cette coque qui ne demande qu’à défier les vagues. Fort heureusement, le sillage d’un motoryacht d’environ 18 mètres, croisant à 20 nœuds, a pu nous fournir une houle artificielle d’environ un mètre. Le résultat est au-delà de notre attente: le Suzuki dispose d’un tel couple entre 4 500 et 6 000 tr/min qu’il est facile de contrôler, au gaz, les petites envolées de la coque qui démontre un parfait équilibre. La carène du NJ 630 est une pure merveille et elle absorbe le clapot de 15 à 20 centimètres pratiquement sans la moindre secousse. Passé 4 000 tours, il ne faudra surtout pas hésiter à relever le power trim pour gagner quelques nœuds, au bénéfice des rendements. En dépassant légèrement la limite des 6 000 tours préconisés par le motoriste, nous avons pu atteindre 35 nœuds en pointe, une vitesse satisfaisante eu égard au gabarit de ce semi-rigide. Une hélice un peu plus longue pourrait sans doute faire gagner deux ou trois nœuds, mais il faudra alors éviter de charger lourdement le bateau. En virage serré, même sensation de sécurité, le NJ 630 se cale sur son flotteur intérieur, sans déraper. Seule petite ombre dans le tableau idyllique de cette navigation, la direction par câble répercute d’une manière trop intense le couple de l’hélice, selon les régimes du moteur.
Conclusion : L’essai de ce nouveau Nuova Jolly nous confirme bel et bien les raisons du succès de la
marque en France. Même si quelques petits défauts mineurs sont à signaler, le NJ 630 reste
un bateau très agréable, doté de capacités surprenantes en navigation rapide. Très joueur,
ce semi-rigide peut être considéré comme sportif, même avec cette motorisation raisonnable
de 115 ch. Autre argument de poids, son tarif reste cohérent y compris les quelques
options indispensables.