Aussi à l'aise sur mer plate que sur les vagues, ce semi-rigide de qualité délivre à son pilote de bonnes sensations dynamiques, tout en restant très rassurant pour les passagers.
Texte et photos : Jacques Anglès
Bien que les Apex soient construits au Costa Rica et principalement diffusés en Amérique, ils ne renient pas leurs gènes hexagonaux puisque la marque a été créée par deux Français, jumeaux à l'état civil et associés en affaires. Il n'est donc pas surprenant que leur style démontre une nette parenté européenne, voire franchement méditerranéenne. Au premier regard, on pourrait donc prendre cet Apex 20, avec son pont très structuré et ses larges plats-bords arrière en polyester pour un typique modèle transalpin. Jusqu'à une période récente, les Apex étaient restés relativement confidentiels en France, handicapés par une absence de réseau structuré et par le surcoût du transport transatlantique. L'accord passé récemment avec Everset, diffuseur européen des moteurs Evinrude/Johnson qui va désormais livrer les Apex en package avec moteur, devrait donner à cette marque une place qu'elle mérite. Pour l'heure, l'Apex 20 préparé pour notre essai par Everset fait d'emblée bonne impression, avec ses gros flotteurs gris pâle rehaussés de blanc et son pont lui aussi tout blanc. Le flotteur est réalisé avec soin en Néoprène-Hypalon avec des renforts bien placés et de nombreuses poignées. On apprécie le liston de protection ultra-large qui borde intégralement, le boudin, y compris les extrémités arrière hémisphériques. Avec un tel "pare-chocs", on ne craindra pas trop de se frotter aux quais ! Le cockpit d'esprit très italien est bien adapté à la balade en famille, avec de larges plats-bords arrière et un marche-pied de proue qui facilitent l'embarquement. Avantage supplémentaire de cette disposition, les passagers assis sur la banquette arrière, bien enveloppés par ce haut franc-bord se sentent tout à fait en sécurité. Les coffres sont nombreux, avec toutefois des ouvertures un peu étroites pour le gros matériel (bouteilles de plongée ou skis) et l'accastillage est de bonne facture, à l'image des loquets de coffres recouverts de protection en caoutchouc ou de la robuste main-courante de console laquée blanc.
Enfin la console basculante typique des Apex offre un accès pratique au coffre situé dessous. Bon point pour le tableau arrière assez large pour recevoir une double motorisation, chère aux amateurs de pêche au large, nombreux sur le marché américain. En revanche, le pare-brise (environ 20 cm de haut) est purement symbolique…Pour notre essai c'est un unique 150 Ch Evinrude D.I., correspondant à la puissance conseillée par le constructeur, qui trône à la poupe. L'essai en mer nous confirmera rapidement que c'est un excellent conseil, le bateau étant toutefois homologué pour une puissance maxi de 180 Ch qui en fera un engin très sportif. Contact ! Le moteur a le temps de monter en température pendant que nous gagnons le large au ralenti… le reste sera une partie de plaisir ! à commencer par le déjaugeage, aussi rapide (2,5 secondes, un temps record) qu'il est doux. Le bateau "décolle" sur sa carène en V profond sans se cabrer le moins du monde tout en restant parfaitement équilibré en latéral, puis les tours grimpent vite, le pilote n'ayant qu'à suivre progressivement au trim pour conserver une assiette optimale en fonction de la vitesse, de l'état de la mer et de l'angle d'attaque des vagues. Dans tous les cas, l'Apex 20 montre une stabilité de route et un équilibre latéral imperturbables. Il se révèle facile à régler et a même le bon cœur de pardonner les fautes de réglages sans rechigner. En ligne droite, nous le monterons à plus de 44 nœuds en "aérant" bien la carène, avec un trim franchement positif, sans pour autant parvenir à une instabilité critique. Mis en confiance par ces premiers tests, nous enchaînerons avec quelques sauts de vagues décoiffants sur un reste de houle attaqué bille en tête, qui viendront confirmer ces excellentes dispositions, ainsi que la rigidité de la coque dont le V amortit bien les phases "d'amerrissage". C'est également dans ces moments sportifs que l'on regrette l'absence d'assise pour le pilote (disponible seulement en option) et, surtout le manque de rigidité du volant.
En virage, L'Apex 20 s'appuie sur le flotteur en gîtant assez peu, et l'on peut raccourcir le rayon de giration autant que l'on veut sans le faire décrocher, un exercice néanmoins déconseillé avec des passagers non prévenus tant la force centrifuge tire alors vèrs l'extérieur. Marin, tel est le qualificatif qui résume le mieux les qualités de ce modèle que l'on peut tour à tour piloter très "sport", avec un vrai plaisir à la clé, ou "cool", ce qui met en valeur son confort de limousine. .
Conclusion
On retiendra d'abord la qualité de construction, les performances et les qualités marines de ce modèle, mises en relief par la pêche du 150 ch Evinrude D.I. Avec un tel attelage, on peut sortir pratiquement par tous les temps. Les pêcheurs apprécieront sa généreuse autonomie et la possibilité de motorisation bimoteur. Pour les sorties en famille l'espace de cockpit est un de ses meilleurs atouts, mais on regrette l'absence d'échelle de bain. Enfin, sa largeur de 2,49 m permet de le transporter sur remorque sans dégonflage préalable.