Réputé pour le design avant-gardiste de ses grandes unités, le chantier transalpin Sacs propose aussi une gamme de semi-rigides familiaux de belle prestance, à l'image du S-500 essayé ici. Avec son design raffiné et sa finition chic, ce "petit" Sacs n'a rien du bateau de "monsieur tout le monde", qualités marines en prime. Intéressant.
Texte et photos Jacques Anglès
Vous avez sans doute déjà vu, sur les salons ou en mer, ces fabuleux "dream-ribs" que sont les grands Sacs, du délirant 850 Samuray (Pneu Mag n°54) au 50 Indaco, propulsé par 2 x 1 200 ch (!) diesel, en passant par le 42 Stratos, véritable GT des mers. à côté de ces unités de prestige, la marque milanaise dispose d'une gamme plus accessible, avec seize modèles de 4,5 m à 7,80 m. Il est à noter que Sacs conçoit et fabrique intégralement ses bateaux en interne (contrairement à beaucoup de marques italiennes qui recourent à la sous-traitance, soit pour le flotteur, soit pour le polyester) avec une qualité haut de gamme pour tous les modèles. à cet égard, le "petit" S-500 tient bien son rang. Le design de la console de pilotage donne le ton : profil aérodynamique, pare-brise incurvé, élégant tableau de bord doté d'un volant sport trois branches et d'une commande type "pupitre" ne laissant pas voir la câblerie. Les détails sont soignés, à l'exemple du logement pour la bouée couronne au tableau arrière, de l'excellent antidérapant de plancher ou des coffres avec fermoirs à clé. Sous un look personnel, l'ensemble dégage une sensation de qualité qui n'est pas que de surface. L'exploration des fonds montre en effet une coque très structurée, avec de puissants longerons stratifiés qui viennent épauler le tableau arrière. Le cockpit est du type "deux zones", un classique dans cette catégorie : coffres et farniente à l'avant, pilotage à l'arrière, avec console de pilotage décentrée sur tribord. Il se distingue néanmoins par une esthétique flatteuse et par des détails pratiques qui font la différence. Exemple, le coffre avant, d'une taille déjà supérieure à la moyenne, est doublé sur tribord par un second coffre formant siège. On y gagne en surface de bain de soleil et en volume de rangement. Autre exemple, le dessin en creux de la console ménageant de la place pour les jambes quand on pilote assis. Soulignons aussi la facilité de circulation et le drainage parfait du plancher (pas de remontée d'eau par les évacuations). En navigation, le S-500 offre un bon confort pour cinq personnes (trois à l'arrière, deux à l'avant). Au mouillage, on appréciera la surface généreuse du bain de soleil, dont la rallonge peut se convertir en une belle table de pique-nique, moyennant l'installation du pied amovible. L'accastillage est lui aussi de qualité, avec un arceau arrière en inox, des fermoirs à clé (ou cadenas) sur les coffres, de solides taquets d'amarrage et un bon davier à la proue. Grosse erreur toutefois au niveau du massif de proue formant marchepied pour débarquer par l'avant, dangereusement glissant dès qu'il est mouillé, faute d'antidérapant, une bande autocollante antidérapante, est conseillée. Et puisque l'on en est aux critiques, signalons aussi l'accès peu commode à l'échelle de bain (optionnelle) ainsi que le dossier arrière, trop bas pour être confortable. En revanche, il n'y a rien à redire côté flotteur, réalisé en CR/CSM, avec des assemblages nets, un double liston sur tout le pourtour, des passages "plongeur" latéraux renforcés, six grosses poignées et des mains courantes autour du cockpit avant. Pour résumer, ce petit Sacs fait bonne impression en statique, et l'on s'attend aussi a du positif en ce qui concerne les sensations dynamiques, les carènes Sacs ne nous ayant jusqu'à présent jamais déçus. Celle du 500 n'a d'ailleurs rien de révolutionnaire : un V à environ 20°, avec un petit méplat de fond sur l'arrière et trois paires de longues virures de guidage, les plus hautes (juste sous le boudin) étant nettement plus saillantes. Notre exemplaire d'essai est doté d'un 60 ch, assez modeste au regard des 100 ch autorisés en puissance maximale. Au passage, je note que le vérin de direction entrave l'ouverture du capot d'échelle de bain, quand le moteur est en ligne droite (il faut le braquer à gauche pour sortir l'échelle). Contact : avec son étrave assez fine qui freine le dérapage de l'avant, le S-500 est facile à manœuvrer au ralenti, en avant comme en arrière. La position de conduite assise est confortable, avec de l'espace pour les jambes sous la console. Ainsi installé, le pilote est bien à l'abri du pare-brise, et il reste deux places à gauche pour les passagers. Avec deux personnes à bord, le déjaugeage est facile, bien en ligne et sans trop cabrer, malgré la concentration des poids sur l'arrière : comme sur tous les petits bateaux, il faut veiller à la répartition des charges pour en tirer le meilleur. On apprécie tout de suite l'excellente rigidité structurelle de cette coque (aucun "bruit de caisse" parasite) et l'agrément de pilotage : bonne stabilité en latéral comme en longitudinal, assiette "propre", tenue de cap impeccable (on peut lâcher le volant), inscription précise dans les trajectoires, passages de vagues bien amortis. En vitesse de croisière (18 à 23 nœuds), la coque est bien dégagée, avec la vague d'étrave au tiers arrière. Bon point pour le confort : aucun embrun ne vient mouiller le cockpit. En virage, le S-500 conserve une gîte modérée, mais accroche bien. Bref voilà un semi-rigide marin et ludique, qui supportera sans souci une puissance supérieure si l'on veut tirer la quintessence de sa carène..
CONCLUSION
Dans une catégorie où la concurrence est nombreuse mais l'imagination pas toujours au pouvoir, le S-500 fait valoir son esthétique recherchée sans oublier les aspects pratiques (circulation, rangements, etc.), avec une fabrication sérieuse et de belles qualités marines. Bref, le niveau général est au-dessus du lot, ce qui justifie un tarif au-dessus de la moyenne. Si le 60 ch convient à une utilisation habituelle à quatre personnes, nous conseillerons plutôt un 80 à 100 ch aux amateurs de pilotage sportif ou avec un équipage nombreux.