Dans la classe des moins de six mètres, le S 590 fait partie des semi-rigides qui offrent beaucoup dans l'optique d'une utilisation en équipage. Et hormis quelques détails discutables, son cockpit accueillant et son comportement dynamique attractif sont la promesse de belles sorties en mer.
Texte et photos Philippe Leblond
C'est Top Loisirs, l'un des principaux revendeurs de la côte ouest qui a mis à notre disposition ce sympathique semi-rigide, bien doté et propulsé par un Suzuki 150 ch. Une puissance qui, même si elle est encore inférieure de 50 ch au maxi, n'est pas courante sur un bateau de cette taille. C'est assez logiquement que nous avons obtenu 42,5 nds avec deux personnes à bord et un réservoir presque plein. Ce dernier, limité à 130 litres risquerait d'ailleurs de s'avérer un peu juste pour un 200 ch… Passons, pour apprécier ce mariage réussi du S 590 et du DF150, avec des performances élevées, que ce soit en vitesse de pointe ou en accélération. Malgré un cabrage sensible, le déjaugeage est expédié en à peine plus de trois secondes. Le 4-cylindres japonais bénéficie, il est vrai, de la plus forte cylindrée à ce niveau de puissance… Pour les allures de croisière, il fait mieux qu'assurer avec un éventail de vitesses de 10 nœuds sur les régimes les plus économiques (de 19,5 à 29,5 nds entre 3 500 et 4 500 tr/min). Par contre, en raison de son V, fermé jusqu'au tableau arrière, il a besoin de 2 800 tr/min et 13,4 nds pour commencer à planer. Pour cette raison, il ne faut pas viser trop bas : un 115 ch doit être considéré comme un minimum pour bien profiter des qualités dynamiques du S 590. Sur le plan pur du comportement, la mer, très calme au large de la Trinité-sur-Mer, ne nous a pas permis de juger réellement les qualités marines du Sacs. Face à de bonnes vagues et un vent fort, ne sera-t-il pas léger du nez ? On peut se le demander, car avec le poste de pilotage en position reculée et un lourd 4-temps sur le tableau arrière, la moitié arrière se trouve lourdement lestée. Pour le reste, a priori pas d'inquiétude… Le passage répété sur des sillages d'autres (petits) bateaux nous a montré une carène qui amortit les impacts, et coupe bien le clapot. Le pilote se fait plaisir à la barre, malgré un volant inox (pas vraiment sportif) et une commande de gaz qui fait buter les doigts sur le tableau de bord (manque de place). La carène est docile et vive, et réagit bien aux réglages de trim, allant même jusqu'à se dandiner légèrement à la recherche des derniers nœuds, ce qui est le signe qu'elle s'aère bien. En courbe, elle évolue avec aisance et précision, mais dans les virages serrés à droite, elle a tendance à interrompre sa gîte vers l'intérieur pour se redresser sur sa quille. On constate aussi un peu de ventilation de l'hélice à la remise de gaz, mais globalement le S 590 est un semi-rigide docile, efficace et attrayant. Sacs nous a habitués aux effets spectaculaires. En ce qui concerne ce modèle, au demeurant assez classique dans sa silhouette et sa conception, le "détail qui tue", c'est l'arceau polyester avec ses projecteurs intégrés. Une option coùteuse au demeurant : 3 110 € ! Voilà pour la signature stylistique… La qualité du gros œuvre apporte aussi sa contribution : polyester brillant, flotteurs en tissu Orca assemblés avec précision, sellerie bien ajustée…
En matière d'agencement, le chantier milanais a opté pour un cockpit deux-zones, avec une seule banquette, servant de siège de pilotage, et un solarium avant convertible en carré de pique-nique, grâce à une rallonge équipée d'un pied amovible. Le propriétaire de notre bateau d'essai a mis à profit le beau volume du coffre avant pour y installer un frigo électrique. Mais, il reste de la place pour le rangement, comme dans le coffre de la banquette arrière qui abrite batterie, filtre et pompe de cale. Sans oublier le rangement sec, dans la console, pour les affaires fragiles (papiers, téléphone, pharmacie…). à côté de ce confort (quatre vraies places assises avec le siège devant la console), il faut souligner la facilité de circulation grâce à l'utilisation d'une console étroite, et à un antidérapant de cockpit efficace. De quoi se rendre sans crainte de la poupe à la proue pour tourner les amarres sur les taquets inox fixés sur les plats-bords arrière, ou sur la delphinière, dont on regrette qu'il n'y en ait pas un dans l'axe du davier. Pour finir, un mot sur le poste de pilotage. Étroite, la console n'abrite que le pilote. Ce dernier peut piloter assis (commandes à la bonne distance) ou debout, avec l'appui fessier procuré par la partie d'assise relevable de la banquette. Bien que d'un dessin très basique, la console est coiffée par un tableau de bord en plastique moulé noir, avec support de compas et module pour les instruments moteur. L'intégration d'un combo est impossible et il faudra recourir à la pose sur étrier rendue délicate par l'étroitesse du rebord supérieur. Mais tel quel, le Sacs S 590 possède de sérieux arguments pour séduire une famille ou un groupe d'amis dans l'optique d'un programme farniente-balade-ski..