Contrairement aux grands Sacs qui se démarquent par un habillage audacieux et haut en couleurs, la gamme des petits joue la carte de la sobriété, tout en respectant la qualité de la marque milanaise. à l'essai, ce 490 nous a fait bonne impression par ses performances et son comportement dans des conditions sévères.
Texte et Photos Jacques Anglès
De Sacs, le grand public connaît plutôt les super-pneus exubérants (du flambant 850 Samurai au délirant 50 Indaco, en passant par le 34 Orgasmo) que le constructeur a l'habitude de faire-valoir sur les salons nautiques. Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'à à côté de ces stars qui attirent tous les regards, il propose également une gamme très classique (dite IT) de 4,40 m à 7,80 m. Nouveau dans cette série, le S-490 vient à bon escient combler le trou entre le 440 et le 530. Comme toujours chez Sacs, le style est soigné. Il suffit pour s'en convaincre de regarder le design arrondi de la console, dont la ligne se prolonge sans rupture jusqu'au plat-bord. C'est élégant et pas du tout « m'as-tu-vu ». De plus l'ensemble a l'air solide (on n'a pas peur de marcher sur les capots de coffres ou les plats-bords, très rigides) et proprement fini, à l'image du gel-coat très brillant. De même, la coque est généreusement structurée par des longerons de fonds et des cloisons transversales stratifiées sur les deux faces. Côté polyester, l'ensemble inspire donc confiance et nous verrons plus tard que cela se confirme en mer. Il en va de même pour la sellerie, traitée en blanc et gris pâle du même ton que le flotteur, avec angles renforcés par du passe-poil. Bien vu : les coussins sont au format des capots de coffres. D'une part, ils restent en place quand on les ouvre, d'autre part, ils se rangent facilement. Le cockpit affiche une conception méditerranéenne qui fait la part belle à un vaste bain de soleil avant (1,95 m de long avec l’allonge installée), avec une console décentrée qui ménage, côté bâbord, un large passage entre l’avant et l’arrière. En revanche, cela manque un peu de places assises confortables en navigation, seule la banquette arrière biplace étant à cet égard vraiment satisfaisante : à l’avant on peut compter deux places en biais sur la plate-forme, sinon il faut s’asseoir sur les boudins en se tenant bien. Heureusement, il y a pour cela de bonnes poignées en sangle et la main-courante inox de console.
La carène est en V assez profond (22°) et sans méplat de fond pour favoriser le confort dans les vagues, avec quatre virures sur toute la longueur et une étrave très oblique qui remonte modérément. Bref, un dessin qui favorise le confort dans les vagues, avec un flotteur de gros diamètre dont les extrémités arrière s’appuient sur la surface de l’eau, offrant ainsi une bonne stabilité à l’arrêt. Ce flotteur, en Néoprène-Hypalon (CR/CSM), scindé en cinq compartiments, est d’aussi bonne facture que la partie polyester. Le double liston en caoutchouc englobe les extrémités arrière et l’on apprécie les deux passages « plongeurs » latéraux, doublés de bandes de renfort et dotés de poignées bien placées pour se hisser à bord.
Si cette visite préliminaire est convaincante pour ce qui est de la qualité de fabrication, il faut aussi voir ce que ce modèle donne sur l’eau. Pour l’occasion, le 490 est monté avec un Mercury 50 ch 4T. Si cette puissance peut sembler assez modeste au regard de la puissance maxi autorisée (80 ch), on ne s’en plaindra pas car elle correspond en fait aux aspirations de la plupart des usagers. La suite va d'ailleurs nous montrer qu'elle suffit amplement. Contact ! Les manœuvres de sortie de port ne posent pas de problème. Au ralenti, le bateau, légèrement appuyé sur ses boudins s'avère très stable. Dès la sortie du port, un mistral musclé nous cueille, levant sur la rade un gros clapot dont les crêtes scintillent au soleil. Go ! Déjaugeage en 4 secondes (bon résultat avec un 50 ch), avec un cabré assez marqué, dû à la répartition des poids très en arrière, suivi par une reprise d'assiette rapide. Ce cabré devrait toutefois disparaître avec les coffres normalement chargés. La meilleure vitesse de croisière se trouve entre 18 et 22 nœuds soit 4 000 à 4 500 tr/mn, plage de régime dans laquelle le 50 ch délivre son meilleur rendement (2,3 milles/litre, constant de 4 000 à 4 500 tr/mn). à cette vitesse la carène en V profond fait valoir son confort, y compris «bille en tête» dans les vagues. Pas de problème non plus au vent arrière, ni avec les vagues de trois-quarts avant ou arrière. Dans tous ces cas, le S-490 montre une bonne stabilité et une conduite précise, bien servie par sa réactivité au trim. C'est moins agréable par mer de travers dans ce clapot haché, les boudins assez bas encaissant quelques «coups de raquette». En poussant la manette «dans le coin» nous inscrirons 30,5 nœuds au GPS, un résultat très flatteur avec seulement 50 ch au tableau arrière. Quelques sauts de vague avec reprises de contact bien en ligne et sans heurt viennent confirmer son fort potentiel, avec une rigidité structurelle rassurante. En virage, la faible gîte oblige à se tenir pour compenser la force centrifuge car la carène accroche bien, révélant un tempérament à peine survireur et sans dérapage surprise. Et pour finir, notons que le cockpit est resté pratiquement sec durant l'essai, malgré les vagues et la force du vent. .
CONCLUSION
Équilibré, sûr dans la mer formée, vif à piloter, ce petit Sacs fait mouche, d’autant plus qu’il signe des performances que l’on peut qualifier d’excellentes avec un 50 ch. Cette puissance suffit amplement pour le programme de balade familiale qui est le sien, avec un confort optimal pour quatre à cinq personnes. à sept, on risque de se marcher sur les pieds et le 50 ch sera un peu à la peine. Les pilotes sportifs peuvent opter pour un moteur plus puissant, cette carène ayant du potentiel en réserve.