Les années passent et ce milieu de gamme (pour le chantier Sacs !) défie la chronologie. Il n'a cependant pu faire l'économie d'un lifting qui a clairement amélioré son plan de pont et, de fait, demeure un semi-rigide à prendre en considération pour les sorties balade/farniente collégiales.
Texte et photos Philippe Leblond
Apparu il y a bientôt dix ans, le S780 a été modifié il y a quatre ans, abandonnant une partie de son originalité esthétique, avec le remplaçant de son étonnant arceau mi-polyester, mi-inox, pour un accessoire plus classique et en remodelant complètement sa banquette arrière et son siège de pilotage (voir essai dans Pneu Mag n°51). C'est nanti de ces évolutions que nous l'avons testé, chez Sun Ship, le revendeur Sacs de Porto-Vecchio. Bien que Sacs se soit surtout consacré à développer sa prestigieuse gamme Strider (semi-rigides de 8 à 17 mètres), le S780 conserve une place de choix dans la production du chantier milanais, au cœur de la série "Sport Class", dont le bateau-amiral reste le Stratos 12 m.
Fort de ce lifting de milieu de carrière, le S780 reste d'actualité, grâce à un plan de pont bien maîtrisé, offrant à la fois de nombreux éléments de confort et une circulation aisée, de la poupe (passage latéral bâbord) à la proue (passavants de 44 cm de large, mains courantes de chaque côté de la console, espace entre le siège/strapontin et le solarium), sur un élégant plancher teck (de série SVP !). L'agencement est classique, en trois zones, avec une poupe qui a nettement gagné en convivialité, avec une banquette en L à laquelle s'adjoint un second siège au dos de celui de pilotage. La rallonge de bain de soleil servant de table (réglable en hauteur), il est possible de pique-niquer à six, confortablement. Un frigo optionnel intégré au leaning-post s'ouvre côté pilote, et un bac isotherme pouvant faire glacière (à condition d'y placer un pack de glaçons) se trouve sous l'un des coussins de la banquette. Une fois les "agapes" terminées, la table et son pied se rangent dans un coffre spécifique, sous la banquette latérale tribord. Le Sacs, semi-rigide typiquement méditerranéen ne pouvais faire l'impasse sur les solariums, au nombre de deux et très spacieux (135 x 184 cm pour l'arrière, 195 x 150 cm pour l'avant). De même que pour la balade, par mer calme, il offre une dizaine de vraies places assises (deux de moins par mer agitée, le siège devant la console perdant alors de son confort). De quoi partir nombreux, en direction des criques ensoleillées. Pas de crainte pour le matériel de sécurité, ni pour les affaires de l'équipage, tout trouvera sa place dans les nombreux coffres, pourvus de goulottes de drainage, joints de caoutchouc et vérins à gaz.
Et, pour ne rien gâter, le chantier milanais propose, sans supplément de prix (!), une certaine latitude pour l'habillage de son bateau. Le futur propriétaire peut ainsi choisir, sur catalogue, la couleur des flotteurs, de la sellerie et du gel-coat de la coque et du pont. De quoi se confectionner un semi-rigide en accord avec ses goûts, tout en se démarquant des autres utilisateurs.
Avec un aller-retour Porto-Vecchio/Bonifacio, via les îles Lavezzi, nous avons eu le temps d'apprécier le caractère "limousine" du S780. Très stable, confortable dans la vague (mer hachée, dès la sortie du Golfe de Porto-Vecchio), il montre cependant un certain manque de rigidité structurelle. Si cela concours à son confort dans le gros clapot, cela pourrait s'avérer un inconvénient en termes d'intégrité dans le temps… Quoiqu'il en soit, le Sacs se montre particulièrement agréable aux différentes allures de croisière (entre 3 000 et 4 000 tr/min, soit de 18 à 29 nœuds), tout en se révélant d'une sobriété énergétique étonnante. Auteur de rendements économiques à mi-régime, combinés à un réservoir de grande capacité (330 l), le Mercury Verado 250 ch procure au S780 une autonomie de croiseur, avec près de 300 nautiques ! Certes, la vitesse maxi est un peu décevante, mais il est vrai que la carène était un peu sale et que le moteur de ce bateau destiné à la location, était monté particulièrement bas, générant deux gerbes à vitesse élevée et une perte de régime de 300 tr/min. On peut clairement envisager trois nœuds supplémentaires (45 nœuds), avec un montage normal, soit deux trous au-dessus.
Au ponton :
Le tableau de bord, inchangé depuis le lancement du S780, ne répond plus aux exigences actuelles en termes d'intégration des instruments. Il est impossible d'y encastrer un combiné GPS/sondeur à grand écran. Ce dernier, de dimension restreinte, prend place sur son étrier de fixation dans l'étroite encoche qui lui est impartie. Avec les plates-formes de bain étriquées, c'est le seul élément en retrait sur ce semi-rigide qui a su évoluer pour offrir un confort à la pointe pour ce qui est de l'aménagement de cockpit. Places assises et rangements sont généreusement distribués et permettent à un équipage nombreux (jusqu'à dix personnes sans se marcher sur les pieds) de sortir à la journée pour pique-niquer, bronzer, sans oublier une petite partie de ski ou de wake.
En mer :
Bien installés (leaning-post ergonomique, façade postérieure de console en retrait avec cale-pieds moulé, volant réglable) pilote et copilote bénéficient de la protection efficace du pare-brise. Passé un léger temps de latence, le Verado 250 ch pousse méchamment et permet à ce lourd semi-rigide de déjauger en 4" tout juste et, 2 dixièmes plus tard, de passer les 20 nœuds ! Docile, donc facile à prendre en main, même pour un pilote peu expérimenté, le S780 témoigne d'une stabilité à toute épreuve. Très à l'aise en virage rapide, il accroche fort, mais sans générer de coups de raquettes, ni déclancher de ventilation. Dommage que les bruits parasites du roll-bar et du cabriolet accompagnent le passage dans le clapot, car le Verado, lui, sait faire preuve de discrétion.