Fidèle à sa réputation d'enfant terrible de la production transalpine, Sacs nous surprend une fois de plus avec ce modèle inspiré par l'Empire du Soleil Levant. Ne reculant devant aucune audace de design, le Samuray ne ressemble à aucun autre et séduit, sans oublier d'être marin. On aime !
Texte Jacques Anglès. Photos Philippe Leblond et Jacques Anglès.
Chez Sacs, où l'imagination est toujours au pouvoir, on cultive l'anticonformisme avec un brio toujours teinté d'humour, que ce soit dans la présentation du site Internet aux sigles bondissants (sous l'œil des mascottes Gommolo et Gommolik !), ou les noms des modèles. Après le 34' «Pepenero», un open semi-habitable aux performances épicées, le 34 «Orgasmo» à cabine (il fallait oser !) ou le 33 «X-file» capable de voler à plus de 50 nœuds, voici le nouveau 850 Samuray, dont le style «extrême-oriental» ne passe pas inaperçu, avec ses flotteurs ornés de deux soleils rayonnants, son arceau arrière «pagode» en polyester et inox, et sa sellerie rouge-bordeaux estampillée de mystérieux idéogrammes, le tout sur fond de teck et de polyester immaculé. L'agencement affiche le programme sans ambages : farniente, bains de mer et balade rapide. L'avant offre un immense bain de soleil (190 x 170 cm) où trois personnes prendront place sans jouer des coudes, et un massif de proue en forme de delphinière, avec guindeau électrique (optionnel) protégé par un capot. L'arrière est alloué à un salon circulaire très convivial pour les apéritifs ou les repas entre amis, avec table amovible, frigo à portée de main et porte-verres télescopiques qui disparaissent sous les plats-bords. Comme dirait un de mes amis « DP au deepfreeze (comprenez «Dom Pérignon au frais»), paré pour l'apéro»! Installée entre ces deux zones, au centre de gravité, l'imposante console de pilotage présente un design très réussi, avec un confortable siège frontal et une base «rentrante» permettant d'avancer les pieds pour bien se caler en appui sur le leaning-post. Cette console comporte en outre un astucieux tableau de bord escamotable à commande électrique, pour protéger les instruments lors des séjours au port, mais on regrette que le constructeur n'ait pas pensé à y loger un WC. La tendance résolument hédoniste du cockpit se double d’une réalisation très soignée, aussi bien pour le flotteur que pour la coque polyester. Le premier fait évidemment appel au tissu CR/CSM (Néoprène-Hypalon) type Orca de Pennel & Flipo, en 1670 décitex, le top des tissus actuels, avec collages doublés par des bandes de renfort, et un gros liston de protection périphérique. Le reste est à l’avenant, offrant un cocktail relevé de qualité et recherche stylistique, à l’image de l’arceau arrière à structure mixte polyester/inox, des planchers en teck très «classe» ou des belles selleries surpiquées. Le luxe de l’ensemble ne fait cependant pas oublier quelques erreurs. On regrette par exemple l’absence de poignées de maintien autour des places arrière ; de même, le coupe-vent que forme le tableau de bord mobile ne remplace pas un vrai pare-brise (il est vrai que l’esthétique en souffrirait) ; enfin, l’accès à l’échelle de bain (non fournie en standard) oblige à marcher sur la banquette arrière. Attention aux chaussures...
Côté carène, le Samuray montre une largeur modérée, avec une étrave fine et un V évolutif, assez aigu jusqu’à la poupe. L’ensemble est en stratifié monolythique verre-polyester, avec un fort carlingage de longerons et varangues assurant une excellente tenue structurelle.
Au tableau arrière de notre modèle d’essai : deux Mercury Verado 150 ch, la dernière génération du motoriste américain. Si cette puissance paraît à première vue assez sage pour une coque de cette taille (avec un poids plutôt au-dessus de la moyenne), le Samuray va vite nous détromper sur l’eau en signant des performances étonnantes. Contact !
Dès l’appareillage, j’apprécie la facilité de manœuvre qu’apporte la double motorisation et les commandes électriques SmartCraft ultra-douces, d’autant plus que le Samuray est peu sensible au vent latéral.
Sortie du port à 1 000 tr/mn, en laissant les Verado prendre leur température. La position de conduite est bonne avec un appui confortable sur le large leaning-post biplace, un volant réglable (un peu trop proéminent toutefois). Il manque juste une poignée de maintien pour le copilote.Accélération : la réponse des Verado est immédiate, avec à la clé un déjaugeage rapide. Le Samuray s'élève sur sa carène sans se cabrer et reste bien ligne, avec une stabilité de route constante et une belle assiette, presque horizontale, étrave bien dégagée et arrière des flotteurs effleurant juste l'eau. à 4 000 tours, rien ne bouge : les Verado ronronnent, donnant l'impression d'une balade de santé, alors que le GPS flirte déjà avec les 30 nœuds. Pas mal pour un régime de croisière tranquille ! J'ouvre les gaz, j'ajuste le trim… et la vitesse continue son ascension, avec toujours cette sensation de confort et de sécurité. C'est d'abord ce qu'il faut retenir, avant de s'extasier sur la vitesse de pointe : 46 nœuds, remarquable sur une coque de cette catégorie avec «seulement» 2 x150 ch (pas d'équivalent à ce jour dans nos essais). La carène confirme sa valeur dans les vagues du large «absorbées» à 20-30 nœuds sans forcer. Belle accroche en virage également, avec une gîte modérée, car le flotteur relativement bas vient s'appuyer sur l'eau. Ce qui incitera à négocier le bon «relief» dans les vagues si l'on veut s'épargner des coups de raquette assez secs. à cette réserve près, le bilan est largement positif, tant pour les qualités marines que pour l'agrément du cockpit..
Conclusion
Performances, qualités marines et design inventif sont les atouts maîtres de ce semi-rigide haut de gamme conçu pour des virées nautiques rapides, avec un confort luxueux pour quatre à huit personnes (la capacité autorisée de 22 personnes restant assez théorique). On aime le salon arrière circulaire, le tableau de bord escamotable, les grands volumes de rangement, et surtout le confort de pilotage et les vitesses de croisière élevées. La classe de ce modèle est incontestable, dans un style qui suscite la curiosité à chaque arrivée dans un port. Avec la motorisation maximale (2 x 225 ch), ce devrait être une bombe !