Fourni en package avec un moteur de la même marque, ce 6 mètres dédié aux balades en famille signe de belles performances sans exiger trop de puissance grâce à un poids relativement léger. Il offre un cockpit simple et fonctionnel, avec des places assises pour six à huit passagers et une circulation facile de la poupe à la proue.
Texte et Photos Jacques Anglès
Dans le monde très diversifié du nautisme, Selva occupe une place historique. Ce motoriste italien dont l'activité remonte à 1945 (il a notamment fourni des moteurs pour les automobiles Innocenti et les scooters Lambretta) fut en effet un pionnier européen du moteur hors-bord, fabriquant dès 1959 des mécaniques réputées pour leur fiabilité qui ont collectionné une bonne centaine de titres mondiaux ou européens en motonautisme. Selva a fourni durant des années des éléments mécaniques pour les moteurs Evinrude-Johnson construits en Europe, et entretient toujours des collaborations croisées avec Yamaha et Yanmar (dont il fabrique les embases sail-drive). Aujourd'hui la gamme Selva compte 35 modèles de 4 à 115 ch, en deux et quatre-temps, ces derniers utilisant des bases Yamaha. En bonne logique industrielle, Selva a complété son activité moteurs en créant ses propres bateaux, rigides et pneumatiques, tous vendus en package avec des moteurs maison. Les pneus comptent quatre séries (Tender, Evolution, Luxury et Plein air), totalisant une trentaine de modèles de 2,20 m à 8 m.
Au cœur de la série Evolution, le D-600 en est un des modèles les plus représentatifs. C’est un semi-rigide de type familial certifié en catégorie C pour 10 personnes. Toutefois, comme sur tous les pneus, on n’utilisera rarement cette capacité, sauf pour de brefs trajets. En pratique ce bateau est plutôt adapté pour six passagers, voire huit à l’occasion. Le flotteur à cinq compartiments est en Néoprène-Hypalon de 1 300 décitex, avec une fabrication soignée mais sans surcharge de finitions : liston extérieur simple, quatre poignées de portage, mains-courantes en cordage Nylon. Côté polyester, la réalisation paraît tout aussi sérieuse et sans tape-à-l’œil, à l’image des gros raidisseurs de fond en forme de poutres, de l’antidérapant efficace, ou des taquets inox rétractables sur les plats-bords arrière. On relève aussi de bonnes idées, comme l’orifice de remplissage situé dans la «baignoire» moteur (au lieu de sa position habituelle sur un côté de la console), ce qui évite les débordements d’essence dans le cockpit. Ce dernier, moulé avec les coffres avant et arrière, présente des côtés assez remontants (bonne protection du boudin) et de larges plats-bords à l’arrière. La console et le leaning-post sont rapportés sur un plancher central démontable, sous lequel est logé un réservoir de carburant de 150 l en inox (de série), avec ventilateur de cale - merci ! Du coup, on s’étonne de l’économie sur certains détails : pas de vérins ni de joints caoutchouc sur les capots de coffres, un seul loquet sur le capot de soute arrière, un seul taquet avant. Reste que l’ensemble est de bon aloi, avec un équipement au-dessus de la moyenne qui comprend notamment le circuit de carburant avec pré-filtre, les coussins et l’extension du bain de soleil, un petit tableau de bord avec compte-tours et jauge de carburant, toutes choses souvent proposées en option. Tel quel ce bateau n'a pas besoin de beaucoup d'ajouts pour être complet : une échelle de bain, un bimini suffiront, avec éventuellement une douche de pont pour un confort optimal (cet accessoire n'est toutefois pas prévu dans les options d'origine). La carène est intéressante : en V profond, avec une proue assez remontante, quatre longues virures de fond et deux méplats latéraux de sustentation pour faciliter le déjaugeage. à l'arrêt, l'arrière du flotteur touche l'eau, assurant une bonne stabilité au mouillage. En dynamique, elle se révèle très plaisante à piloter et surtout très sûre, avec en point fort une remarquable stabilité à haute vitesse sur du gros clapot, même avec un trim largement positif. Cette coque est d'ailleurs assez gourmande de trim, avec un gain de 400 tours (de 5 600 à 6 000 tr/mn) en travaillant ce réglage. On apprécie la position de pilotage : le leaning-post est confortable, le volant est à bonne hauteur et la commande de gaz (astucieusement encastrée dans la console) tombe bien sous la main. Le D-600 reste très stable au passage de vague et il fait également preuve d'une bonne accroche en virage : à 4 000 tours on parvient à virer sur 10-12 m sans provoquer de dérapage. Un test un peu brutal (à éviter avec des passagers) qui déclenche tout de même la ventilation de l'hélice. La direction est toutefois assez ferme en sortie de virage (bien que pas indispensable avec le 100 ch, la direction hydraulique optionnelle apportera du confort de pilotage). On peut aussi se féliciter de la performance maxi obtenue avec le 100 ch. Si cette puissance convient parfaitement au D-600 pour la balade en famille, avec une vitesse de croisière très confortable de 22-24 nœuds à 4 000-4 250 tr/mn, un 115 ch devrait lui donner un tonus plus sportif qui cadre bien avec ses aptitudes dynamiques. On conseillera aussi sans hésiter cette puissance à ceux qui embarquent régulièrement un équipage assez nombreux ou qui pratiquent le monoski. .
CONCLUSION
Voilà un familial de bonne dimension, idéal pour les longues balades estivales et capable d’étaler en sécurité un peu de mauvais temps si la météo se gâte sans prévenir en cours de virée. Le 100 ch Selva lui va comme un gant mais compte tenu de ses qualités marines, on peut lui offrir un peu plus de puissance si l’on veut vraiment de faire plaisir en pilotage. L’équipement standard mérite des éloges malgré quelques oublis de détail, et le cockpit est agréable, avec de bons rangements pour le matériel de bord et les effets personnels.