Essai Selva D.840 Exclusive

Un "amiral" digne de son grade

Avec ce grand semi-rigide à la ligne élégante, le constructeur italien a lancé un vrai modèle "amiral". A un comportement marin performant et confortable, il ajoute un plan de pont totalement dédié au confort et à la convivialité. Pour ne rien gâter, la dotation standard est particulièrement généreuse, malgré un tarif contenu pour un bateau de ce standing.

Texte et photos Philippe Leblond


 87 599 € avec 2 x Selva 150 ch 4T (tarif 2009)
 8.36 m
 14
 49,8 nds
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Paru dans le Pneumag n° 72 Juillet/Août 2009




Sébastien Chevalier, l'importateur des bateaux et moteurs Selva, nous avait donné rendez-vous en Corse pour l'essai de deux nouveaux semi-rigides. Dans la baie de Figari, le D.840 côtoyait en effet le D.730 (que nous vous servirons bientôt…), deux modèles haut de gamme apparus au dernier Salon de Gênes. Fidèle au "total look", le constructeur italien a placé deux de ses moteurs à capot blancs sur le tableau arrière du 840, coordonnés aux flotteurs immaculés. En termes d'élégance, difficile de faire mieux ! Les deux 4-cylindres 4-temps de technologie Yamaha sont des 150 ch, un tandem qui reste à 100 chevaux de la puissance maxi applicable. Nous verrons plus loin que cette cavalerie est déjà capable de signer des performances de tout premier plan… Pour ce qui est de la visite détaillée du D.840, elle va s'avérer aussi très convaincante. Au-delà d'une finition de bonne facture (flotteurs en tissu Orca soigneusement assemblés, moulages polyester sophistiqués), c'est surtout la conception du cockpit et la profusion d'équipements qui séduisent. Embarquons par les deux plateformes de bain additionnelles, recouvertes, comme la plupart des surfaces planes du bateau (delphinière comprise), d'un lamellé de bambou antidérapant du meilleur effet. Remarquons aussi l'échelle de bain télescopique dissimulée dans la plage tribord (c'est plus joli), et la douche de pont à portée de main. Deux possibilités pour se rendre dans le cockpit : enjamber le dossier de la banquette et piétiner l'assise, ou emprunter les plats-bords qui supportent de généreux taquets inox. Pour le reste, la circulation à bord est plutôt aisée, avec deux passavants de largeur correcte et une delphinière spacieuse qui permet aussi bien d'embarquer par la proue. La banquette arrière en forme de U abrite une grande soute et deux coffres latéraux de bonne contenance. Ce qui nous conduit à préciser que côté rangement, cet "Amiral" se montre "grand Prince". Rendez-vous compte qu'à ces trois coffres s'ajoute une immense soute à trois ouvertures à l'avant (pas de problème pour y ranger skis, wake ou cannes), sans parler du volume de la console qui propose un un WC chimique avec une hauteur sous barrots de 1,75 m ! L'accès se fait par relevage de la face avant de la console (siège compris). Précisions que tous les coffres, hormis celui du mouillage, sont équipés de vérins à gaz pour en maintenir les capots, et de fermoirs pouvant recevoir un cadenas. Située au centre du pont, la console centrale, avec son siège biplace sur l'avant, venant s'ajouter aux huit places que cumulent le leaning-post et la banquette arrière, supporte un tableau de bord spacieux. Si la disposition des commandes est idéale (volant sport légèrement incliné, commandes de gaz tombant bien sous la main), le cale-pieds n'est pas des plus confortables. La position de conduite debout s'avère cependant satisfaisante, avec appui lombaire sur le leaning-post ergonomique, mais il est impossible d'officier assis. Un petit handicap pour les longs trajets par mer calme… Pour en revenir au tableau de bord, le compas, centré, n'est pas en face du pilote. Toutefois l'électronique (GPS/sondeur/VHF) trouvera facilement sa place derrière le pare-brise enveloppant. La poignée du copilote n'a pas été oubliée, de même que celles qui permettent aux passagers de l'arrière de naviguer debout, en se tenant au leaning-post. Ce dernier dissimule une petite cuisine (évier, planche à découper, mini frigo, porte-bouteilles) orientée vers le carré de poupe (six convives), transformable en un second solarium, ainsi que des rangements spécifiques pour la bouée "fer à cheval" et les extincteurs. Terminons avec l'accastillage qui se révèle copieux : quatre taquets bien dimensionnés, guindeau électrique avec ancre traversante dans écubier, rallonge de bain de soleil amovible, échelle télescopique, douchette, mini compresseur électrique Turbomax pour le gonflage/dégonflage des flotteurs dans l'optique du transport… Deux bémols : pour le taud de soleil, il faudra avoir recours à une option coûteuse, et attention aux charnières inox saillantes (pieds nus). Sur les eaux calmes de l'étroite baie de Figari, le Selva va signer sans plus tarder une vitesse de pointe "haut de gamme" : 49,8 nds ! Désolés, malgré un usage inavouable du trim, nous n'avons pu accrocher la barre symbolique des 50 nds. Qu'à cela ne tienne, elle devrait exploser à l'épreuve de la motorisation maxi : 2 x 200 ch ! Mais, avec "seulement" 300 ch, et encore en bimotorisation (!), le Selva D.850 et ses deux Whale Killer forment un ensemble capable de déjauger comme une balle, et de "bouffer" les milles à vive allure, et de surcroît, avec une relative sobriété. Témoins, les excellents rendements obtenus entre 2 500 et 4 000 tr/min, correspondant à des vitesses s'échelonnant de 17 à 34 nds, tout en bénéficiant de la sécurité de cette double propulsion. Une invitation aux longues traversées, validée par une autonomie de près de 250 milles (à 23,8 nds) et la certification B… D'autant que le comportement sans faille du D.840 complète cette identité hauturière. Son étrave altière apporte un confort appréciable dans les 50 cm d'un clapot agressif, de même qu'une bonne déflexion, même à plein régime. Les quelques embryons de sauts que nous avons arrachés à grand renfort de trim, font état d'un bon équilibre, et l'aisance en virage, même braqué à fond avec une bonne dose de gaz, confirme ses bonnes dispositions, tout en offrant un réel plaisir au barreur. .



photo Selva D.840 Exclusive


photo Selva D.840 Exclusive


photo Selva D.840 Exclusive





CONCLUSION
Performant, à toutes les allures, et notamment en croisière (conso contenue), très sain, même lorsqu'on brusque ses 2 x 150 ch, le D.840 montre tout à la fois qu'il peut sans problème accueillir les 400 ch que lui autorise sa plaque constructeur, comme se contenter de 200 ch, sans devenir poussif, puisqu'en relevant l'un des deux moteurs, nous avons atteint 36 nds. La capacité d'accueil de son cockpit est à la hauteur de son standing (6 mètres carrés de solarium !), grâce à une gestion fine des espaces. Quant à l'équipement, il est, compte tenu du prix, une bonne surprise.




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