Totalisant près de sept mètres carrés de solarium, ce grand semi-rigide est dédié aux adeptes du "dieu soleil". Outre cette dominante "bronzette", le D.800 est capable de performances généreuses qui le destinent également à de longues virées en famille, son cockpit offrant sièges et rangements en nombre.
Texte et photos Philippe Leblond
Nous avons testé le D-800 juste avant le lancement simultané des D-840 et D-960. C'était alors "l'amiral" de la flotte du manufacturier italien. Bien que numéro trois de la gamme, il n'en reste pas moins un semi-rigide qui en impose. Capable de porter 2 x 200 ch sur son tableau arrière, nous l'avons essayé avec deux 150 ch Selva, issus du bien connu F150 de Yamaha. Nous allons tout de suite constater que cette cavalerie, aux trois-quarts de la puissance maxi, lui est amplement suffisante pour signer, à divers titres, des performances de haut niveau. Commençons par la vitesse maxi. Avec 46,4 nds à 6 000 tr/min (hélices idéalement choisies), les 45 nœuds sont franchis. Belle prestation au vu du gabarit de ce Selva approchant aisément les deux tonnes en ordre de marche… Pas mal non plus, le chrono de déjaugeage : 3,5 secondes ! Une "perf" à laquelle la double motorisation n'est pas étrangère, car on sait bien l'avantage procuré par deux moteurs dans ce domaine… Pour ce qui est de la vitesse minimale d'hydroplanage, avec 13,8 nds, à 2 400 tr/min, le D-800 est aussi en bonne place dans nos statistiques. Voyons du côté des rendements… Frôler les 30 l/h à 21,3 nds est honorable, mais sur ce point, la bimotorisation s'incline devant une simple propulsion de puissance égale. Il est évident que l'économie, tant en matière de coût d'achat que de budget de fonctionnement (conso, hivernage), n'est pas en faveur de cette configuration mécanique. Il n'en reste pas moins que la bimotorisation est un atout sécuritaire dans l'optique de traversées hauturières, et que grâce à ses gros réservoirs, le D-800 est capable de couvrir près de 400 milles, à 21 nœuds, sans ravitailler ! Une distance record dans cette catégorie qui en fait d'emblée un "long-courrier" de la balade en famille. N'est-il pas savoureux de voir les autres bateaux regagner les ports pour faire la queue au poste de carburant alors que vous poursuivez votre escapade sans l'angoisse de la panne d'essence ?
à côté de ces performances en tous points satisfaisantes (avec un bémol pour la consommation) le comportement marin du D-800 ne dépare pas. Dans la baie de Quiberon, chahutée par une forte brise (6 à 7 beauforts), levant des vagues d'environ un mètre, le Selva s'est montré plutôt serein : assiette bien équilibrée, en latéral comme en longitudinal, souplesse dans le gros clapot anarchique, aisance et précision en virages larges ou serrés (malgré la bimotorisation), avec un bon grip et une motricité intacte lors des remises de gaz brutales, agrément à l'allure de croisière, entre 3 500 et 4 000 tr/min (sonorité contenue des moteurs)… Seul le fort vent latéral était en mesure de troubler la stabilité de route du semi-rigide italien. Une parade : rentrer un peu le trim de manière à augmenter le guidage sur l'avant. Sans avoir le tempérament d'une pure sportive, le D-800 est une limousine de grand tourisme. L'un des détails marquants du vaste cockpit du Selva est la présence des deux grands solariums, encadrant le poste de pilotage, celui de la proue s'utilisant dans le sens de la longueur, celui de la poupe dans la largeur, avec l'apport d'un complément de sellerie optionnel convertible en dînette. à propos de sellerie, cette dernière est un peu maigrelette (épaisseur de mousse insuffisante) pour une unité de ce standing, et s'avère inconfortable en mer formée. On appréciera la facilité de circulation avec de larges passages autour de la console et du leaning-post dont l'emprise au sol est mesurée malgré la présence de deux sièges biplaces moulés avec ces deux éléments. Par contre, on ne peut que déplorer l'absence d'une table pour le pique-nique, laquelle aurait aussi bien trouvé sa place à l'avant qu'à l'arrière. En termes de confort, cela aurait complété la panoplie plutôt flatteuse du Selva vis-à-vis de son programme de type familial : nombreux sièges, surface de bain de soleil hors norme, rangements volumineux avec couvercles de coffres montés sur vérins et amortis par des joints de caoutchouc, douche de pont avec réservoir Polyéthylène de 100 litres, plate-forme de bain avec échelle intégrée… à cet équipement de confort, s'ajoute un accastillage bien ciblé : réservoir inox de 600 litres, taquets sur les larges plats-bords antidérapants, davier sur socle polyester surplombant un profond puits de mouillage dégagé du matelas de solarium, nable de carburant hors cockpit, saisines en corde tressée, épaisse bande de ragage, main courante de console… Pour ce qui est du poste de pilotage, proposant un pare-brise haut et un tableau de bord suffisamment spacieux pour intégrer l'électronique de navigation, on regrettera la façade de console verticale, ne laissant que peu de place pour fléchir les genoux. à signaler : Selva propose en option une nouvelle delphinière avec guindeau électrique intégré.
.
CONCLUSION
Le D-800 est un grand semi-rigide à flotteurs en tissu Orca et à l'apparence soignée. Pour autant, il est difficile de le classer parmi les unités haut de gamme, dans sa catégorie de taille. Il lui manque sans doute une touche un peu luxueuse, mais sa relative simplicité n'est pas pour nous déplaire, car son aménagement sait faire apprécier sa fonctionnalité, à l'exception peut-être de la trop grande proximité de la banquette arrière et du siège au dos du leaning-post. Outre sa grande surface de pont, le Selva fait valoir de belles performances, un comportement sain et un prix package attractif.