Bien sûr, politique de package oblige, ce grand semi-rigide familial fait valoir son tarif attractif, mais pas seulement. Performant, confortable à la mer, il permet d'envisager de longues navigations, et son cockpit pourvu d'un grand solarium et de nombreuses places assises sait se faire accueillant à l'escale.
Texte et photos Philippe Leblond
Lancé fin 2008, en même temps que son grand frère D.840, le D.730 était le troisième Selva par la taille, le D.800 étant apparu un an plus tôt. Depuis, la gamme du constructeur italien s'est enrichie de deux unités plus imposantes, les S900 et D.960. À la sortie du D.730, Selva n'avait pas encore de hors-bord de forte puissance à ses couleurs. C'est ainsi qu'il nous a été confié à l'essai avec une paire de 115 ch. Les Narwhal EFI sont des 4-temps d'origine Yamaha, et sont fournis de série avec une barre hydraulique, accessoire indispensable lorsque le pilote doit remuer près de 400 kg d'acier ! Cette cavalerie qui représente la puissance maxi autorisé à bord du D.730, soit 230 chevaux, remplit parfaitement sa tâche en termes de performances. Les 42,3 nœuds enregistrés sur notre GPS autorisent de solides allures de croisière puisque nous avons relevé 23,4 nds à seulement 3 500 tr/min et 34 nds à 4 500 tr/min. Sachant que le D.730 hydroplane dès 2 300 tr/min (9,1 nds), le pilote à l'embarras du choix pour régler son allure en fonction de l'état du plan d'eau ou de son emploi du temps. Autre bon résultat : le déjaugeage en seulement 3"6 ! Par curiosité, nous avons effectué une mesure de vitesse sur un seul moteur (l'autre étant relevé) et nous avons obtenu 27,8 nds, pour un régime maxi de 4 500 trm/min. Pour en finir avec les chiffres, un test de manœuvre : avec ses deux moteurs, l'un en marche avant, l'autre en arrière, et la barre à zéro, le D.730 met 20" pour éviter sur 180°. Pas mal pour un bimoteur hors-bord, et un bon point pour manoeuvrer au port dans un espace restreint. Mais, malgré ses performances de bon niveau, le Selva s'avère un peu lourd à la barre. Peu réactif, aux changements de direction et aux réglages de trim, son agrément de pilotage reste en retrait. Nous ne sommes pas loin de penser que c'est le fait de la bimotorisation. Dans le domaine pur du pilotage, il serait sans doute plus vif avec le V6 de 225 ch (Fin Whale). D'abord, cela représenterait une économie de poids substantielle (116 kg), pour une cylindrée quasiment identique ; ensuite on connaît l'agrément de ce moteur à distribution variable qui est l'un des 4-temps les plus communicatifs. D'ailleurs, il n'est pas surprenant de constater que depuis notre essai, les deux 115 ch ont été remplacés au tarif par le 225 ch. Il y a fort à parier que le D.730 serait encore plus performant avec ce moteur (une traînée d'embase en moins). Reste l'avantage "sécurité" de la bimotorisation… Pour en terminer avec l'essai dynamique, hormis ce manque de vivacité, il n'y a pas grand reproche à adresser au D.730. Sécurisant, sain, confortable dans le clapot, il remplit bien sa mission de promeneur au long cours, bien servi en cela par une solide autonomie (12 heures de marche). Enfin, sa tenue de cap est rigoureuse et il se montre précis en virage, avec une gîte intérieure régulière, et sans faire ventiler ses hélices. De retour au port, on apprécie la surface de pont intérieure et la facilité de circulation malgré les gros flotteurs de 63 cm. La capacité de rangement est également à la hauteur de son programme familial (grande soute avant, baille à mouillage indépendante, coffres sous la console, le leaning-post et la banquette arrière), de même que le nombre de vraies places assises (une dizaine !). Il y aussi le solarium avant qui, avec sa rallonge, offre des dimensions généreuses, sans condamner le capot du coffre de mouillage en léger surplomb. Ce dernier comporte un passe-ligne, et pour jeter l'ancre il y a la delphinière avec davier intégré et taquet bien dimensionné. On trouve deux autres taquets sur les hiloires, à la poupe, pour compléter l'amarrage, de part et d'autre du roll-bar (option) qui supporte le taud de soleil. Par contre, les deux petites plates-formes de bains sont plutôt étriquées, bimotorisation oblige… Parmi les petits reproches qu'on peut formuler sur l'agencement du Selva, il y a le manque relatif d'espace entre le leaning-post et la console (qui plus est sans retrait au niveau des jambes), de même que l'absence d'une table pour pique-niquer confortablement. Reste que tel quel, le Selva D.730 possède les fondamentaux pour séduire une clientèle qui ne manquera pas de prendre en compte son tarif attrayant. Et au vu du niveau de réalisation (flotteurs en Néoprène/Hypalon, stratification soignée), le rapport prix/prestation n'est pas le moindre de ses atouts.
AU PONTON
Plutôt classique dans sa facture et dans son aménagement de cockpit, le D-730 recèle néanmoins une originalité : la présence, au dos du leaning-post, d'une petite banquette biplace en vis-à-vis de la banquette arrière. Un gage de convivialité au mouillage, notamment à l'heure de l'apéro. En revanche, il manque une petite table, absente également du catalogue des options. Dommage…
Pour le reste (surface de bain de soleil, capacité de rangement, nombre de places assises), le Selva assure parfaitement son statut de semi-rigide à destination familiale.
EN MER
Malgré ses deux moteurs, le Selva s'avère maniable et précis en virage. Sans pour autant se montrer aussi vif et réactif qu'un monomoteur, il assure de belles performances, notamment aux allures de croisière, auxquelles sa capacité de carburant lui offre une solide autonomie (nettement plus de 200 milles). Au crédit de sa bimotorisation, une capacité accrue à manœuvrer au port (sur les inverseurs) et une sécurité qui tranquillise les amateurs de grandes traversées.