*Le Selva D.600, qui appartient à la série Evolution Line s’enrichit d’une nouvelle combinaison de couleurs qui lui va plutôt bien. Côté performances, la version XSR du Selva 100 chevaux fait encore des merveilles.*
Texte et photos Franck Van Espen
Selva Marine qui est actuellement le seul motoriste de hors-bord européen, est aussi le seul, sur le Vieux continent à commercialiser une gamme d'ensembles bateaux et moteurs portant son nom. Comme pour ses concurrents, cette politique commerciale de packages se traduit par des prix particulièrement intéressants. C’est le cas du D.600 qui, proposé avec un 100 chevaux quatre temps bourré d’énergie, ne dépasse pas la barre psychologique des 30 000 euros.
Un louable effort, d'autant que l’aménagement général du bateau est bien maîtrisé, avec la possibilité d’obtenir un solarium avant vraiment spacieux, à condition de prolonger sa partie fixe jusqu’à la banquette de la console, à l'aide d'un jeu de coussins supplémentaires. Lorsqu’ils ne sont pas utilisés, ceux-ci pourront facilement se ranger dans une soute avant profonde et large, et dont l’accès est très pratique. Un peu plus à l’avant, un petit coffre indépendant fait office de puits à mouillage, pour ranger l’ancre et sa chaîne. Il manque juste un petit davier sur la structure supérieure du flotteur pour faciliter sa remontée où sa descente; sans que la ligne ne vienne raguer sur le flotteur. D’ailleurs, dans cette disposition d’origine le taquet positionné au centre risque de gêner l’opération. Les saisines en corde fixées sur les boudins sont par contre très pratiques pour les passagers qui désirent se maintenir en navigation rapide. La console de pilotage, bien positionnée au centre du plan de pont, est sobre mais bien finie comme d’ailleurs l’ensemble du bateau. On regrettera simplement le manque de hauteur du pare-brise, protégé par une main courante robuste et solidement fixée. Une trappe de visite permettra d’accéder à l’instrumentation Yamaha et de glisser quelques affaires à l’abri des embruns. La commande des gaz est un peu trop verticale à notre goût pour bien maîtriser le bateau lors des manœuvres, mais avec un peu d’habitude, on s’en accommodera rapidement. Le volant très agréable au toucher est de bonne facture, comme la sellerie, ferme et peu épaisse mais qui devrait bien vieillir dans le temps.
Dans sa version standard, ce semi-rigide ne prévoit pas de plates-formes de bain de chaque côté du moteur, servant à remonter à bord facilement lors de la baignade. Mais, il sera possible de commander en option deux extensions qui se fixeront directement sur ce qu’on appelle la "baignoire" ou le "bac moteur", en jargon motonautique. L’avantage du D.600 est par contre de posséder deux plats-bords rigides et antidérapants qui font office d'hiloires de chaque côté de la banquette. Grâce à cette structure ajoutée, il est facile de se déplacer à bord, et plus particulièrement sur l’arrière. On pourra apprécier à cet endroit l’excellent travail réalisé sur la liaison flotteurs/polyester, avec des collages réguliers, sans le moindre dépassement de colle.
*La version Boostée XSR du 100 chevaux Selva permet de frôler avec les 40 nœuds en vitesse de pointe*
Parmi les légères critiques, on peut aussi regretter que la partie supérieure du leaning-post ne soit pas plus large afin que l’on puisse s’asseoir et se reposer lors des longues navigations par mer calme. Sinon, deux personnes pas trop corpulentes pourront quand même se caler et se tenir en utilisation sportive. Autre détail intéressant, la partie haute garnie de skaï se relève pour accéder à un autre coffre qui pourra dissimuler du petit matériel. C’est toutefois la soute arrière qui offrira le plus gros volume de rangement, mais le fond de coque toujours humide malgré la pompe de cale n'est pas doublé d'un plancher permettant de maintenir les affaires au sec. Un petit bémol aussi quant à l’installation électrique qui pourrait être un peu mieux protégée à l'aide de gaines où de passages spécifiques. Malgré ses petits détails, le D.600 est un semi-rigide qui ne manque pas d’atouts et qui pourra apporter beaucoup d'agrément à son équipage, grâce à un aménagement fonctionnel, bien pensé et bien réalisé.
L’essai du D 600 s’est déroulé, une fois n'est pas coutume, en plein milieu des montagnes sur le majestueux lac de Côme, situé à un peu moins d’une heure de l’usine. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, lorsque le vent souffle à près de 20 nœuds, nous ne sommes pas loin des conditions que l’on pourrait rencontrer en mer. Les "moutons" sont au rendez-vous et un petit clapot d’environ 20 centimètres très rapproché représente un banc d’essai impitoyable pour une carène d’un peu moins de six mètres. Dans cette rude mise à l'épreuve, le D.600 s'est montré très efficace, avec une capacité de franchissement supérieure à la moyenne, sans répercuter de chocs trop violents. Les virures abondantes et larges remplissent parfaitement leur rôle en écartant les embruns avec autorité et nous n'en avons pratiquement pas reçu au niveau du poste de pilotage, même par vent latéral, ce qui n'est pas le cas avec tous les bateaux…
*En mer :*
Nous avons aussi été agréablement surpris par la fougue et la nervosité du 100 ch Selva dont la cartographie électronique a été sensiblement améliorée pour augmenter son punch et son régime maxi. Dans le haut du compte-tours, la musicalité rageuse de ce hors-bord nous a même rappelé quelques souvenirs de compétition… Avec deux personnes à bord, le moteur n’a eu aucune peine à faire glisser ce semi-rigide jusqu’à près de 40 nœuds. La direction hydraulique maîtrise parfaitement le couple du moteur et il est très facile de conserver une trajectoire parfaite, même bien trimé à plein régime. Aucune lacune n’est à signaler, pas même en virage serré – les semi-rigides ne sont pas tous exemplaires dans cet exercice ! - avec un bateau qui conserve un angle de gîte très sécurisant et un grip régulier.
Au ponton :
Le D.600 lancé en 2007 est un modèle important dans la série Evolution Line de Selva. Bien proportionné avec des aménagements simples et robustes, ce bateau se distingue désormais avec des flotteurs revêtus d’une couleur noire qui lui apporte un petit côté professionnel, voire baroudeur, tout en étant clairement dédié à un usage plaisance. Concernant la sellerie, le chantier italien a opté pour un rouge vif qui se marie parfaitement avec la structure blanche du polyester. Rien que par la combinaison de ces teintes (option à 629 €), l’apparence du D.600 change considérablement évoquant l'univers de la sportivité. Pourtant, par rapport à la version d’origine, le design du D.600 est resté pratiquement le même, avec une étrave assez haute et bien défendue grâce à des flotteurs dont le diamètre est plutôt généreux (60 cm !).