Derrière sa console profilée, le pilote prend plaisir à barrer ce Selva qui cherche à se démarquer des modèles purement « confort ». Par contre, il ne faut pas hésiter à lui donner un moteur puissant afin qu’il génère les sensations attendues.
Texte et photos Philippe Leblond
Lancé il y a bientôt trois ans, cette déclinaison sport du D.570 de la série Evolution Line est le seul modèle Sport Line depuis la disparition du 900 Sport. Son esthétique dynamique en fait une unité à part dans la gamme Selva Marine, notamment de par la forme ergonomique de sa console et son solarium avant avec appuie-têtes mobiles… Léger et disponible flotteurs gonflés pour le transport par la route, il sera facile à manutentionner pour les plaisanciers dépourvus de place de port.
*Au ponton*
Ce petit Selva présente bien, même si pour accentuer son aspect sportif on aurait aimé des flotteurs allant en s’affinant vers la proue. La console, en tout cas, ne manque de d’attirer l’œil et représente le principal signe de sa sportivité, avec les petites bandes rouges à l’arrière des flotteurs, coordonnées au graphisme du capot du 100 chevaux, version XSR. Une fausse note, dans cet univers : le volant de type « barre à roue » décalé par rapport à l’identité sportive du bateau. Si l’on doit en passer d’abord par les (petites) critiques, on notera l’absence de vérins pour maintenir les coffres ouverts, la sellerie un peu trop ferme, l’absence de mains courantes sur le leaning-post, qui auraient permis aux passagers assis sur les flotteurs de se cramponner en navigation, les saisines en sangles pas ergonomiques, la baille à mouillage profonde mais dont l’ouverture est un peu étroite… Mais, c’est surtout le tableau de bord qui surprend, par son exiguïté. Au point qu’il est impossible d’y monter un petit combiné GPS-sondeur, ni même un petit lecteur MP3… Il est vrai que la présence du boîtier de commandes dans une niche dédiée, ampute en grande partie le module instruments.
Pour le reste, on ne voit à bord du 570 Sport que du positif. A commencer par les deux solariums de dimensions surprenantes pour un semi-rigide de cette longueur : 173 x 118 cm à l’avant, 110 x 133 cm en couchant le dossier de la banquette en arrière (il faudra s’allonger transversalement pour profiter du capitonnage latéral). Petit raffinement rare : le bain de soleil de l’avant comporte deux appui-têtes escamotables qui, de part et d’autre de la console, sont alignés sur l’inclinaison de la face avant de celle-ci. Par ailleurs, le rangement n’a pas été négligé, avec plusieurs coffres, dont les deux placés sous le matelas avant, profonds et faciles d’accès. Autre bonne idée, la présence d’une tablette de pique-nique au dos du siège de pilotage dont l’assise se relève pour servir de vide-poches. Enfin, pour accéder à la baignade, deux petites plates-formes moulées avec le tableau arrière, celle de bâbord portant l’échelle de bain. On notera aussi les deux taquets à portée de main pour s’amarrer au ponton ou fixer une corde de ski.
*En mer*
Quand on s’installe aux commandes du 570 Sport Line, on apprécie d’emblée le confort et l’efficacité de la position de conduite. Derrière la petite console, pas vraiment protectrice, le pilote a hâte d’envoyer les gaz ! Version musclée du Selva Marlin 100, le XSR octroie, dit-on, une quinzaine de chevaux supplémentaires. Cette belle cavalerie n’est finalement pas de trop pour donner vie au 570 Sport, comme l’atteste les chronos d’accélération, bons sans plus mais, il est vrai, pénalisés par le cabrage prononcé. Idem pour la vitesse maxi qui atteint tout juste les 35 nœuds à 6 000 tr/min, soit le régime maxi normal. Par contre, un facteur peut expliquer ce léger manque de vélocité… En effet, la carène de notre bateau d’essai était revêtue d’un antifouling, sans lequel le 570 Sport serait sans doute à créditer de 38 nœuds. Une marque qui ferait mieux dans le tableau mais qui surtout s’accompagnerait de meilleurs rendements.
Facile et plaisant à piloter avec ce 115 XSR, le Selva 570 est d’un tempérament assez généreux et témoigne d’un bon caractère. Bien que l’ayant essayé par des conditions clémentes (légère houle résiduelle, peu de vent, température 20°), quelque chose nous dit que ce Selva se comportera plutôt bien dans la mer formée. La tenue de cap et l’équilibre général sont plutôt bons et la souplesse de passage sur les sillages rencontrés dans le Golfe de Saint-Tropez de bon augure pour affronter des conditions plus musclées. Même sans l’apport du trim, la carène, avec deux personnes à bord et 100 litres d’essence, témoigne une bonne faculté à s’aérer. Pour autant, un peu de trim positif ne fragilise pas son équilibre et lui permet de gagner un peu en régime à l’approche de la zone rouges. Autre bon point, en virage le 570 Sport enroule les courbes avec docilité et précision, mais en virant plutôt à plat, ce qui, compte tenu de son accroche efficace, impose de bien se tenir à bord.
A l’évidence, la carène du 570 Sport est capable de supporter facilement la puissance maxi annoncée à 136 ch, mais les packages Selva ne propose que le 115 ch. Cela dit, sa version XSR, ne doit en valoir loin de 130… De notre point de vue, il ne faudra pas monter moins de 100 chevaux sur ce bateau, surtout si l’on navigue en équipage.