Essai Sillinger 650 Silverline

Le style Rambo

Question look, Sillinger ne fait pas dans la dentelle. Mais, c'est voulu ! Le genre baroudeur sied bien à ce 650, nouvelle appellation. Une extrapolation "plaisance" du RIB UM, modèle de référence de l'armée et, il y a peu, du Raid Turquoise. Quelques coffres et sièges ont été greffés sur cette base réputée pour sa robustesse et son caractère marin. Objectif : le rendre plus accueillant. Voyons plutôt…

Texte et photos Philippe Leblond


 47 866 € sans moteur (tarif 2016)
 6.4 m
 18
 46 nds avec Mercury 200 ch Optimax 2T
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Paru dans le Pneumag n° 47 Mai/Juin 2005



Bon, c’est vrai, de prime abord, on a du mal à considérer le 650 Silverline comme un nouveau modèle… La silhouette est la même que celle du 650 RIB UM, la robe noire (coque et flotteur) aussi. La présence des bolsters MATC nous est également familière depuis les trois premières éditions du Raid Turquoise. Il faut donc y regarder de plus près, comme lors du salon de Paris, où le prototype du Silverline avait été exposé pour la première fois, pour découvrir les apports censés rendre ce modèle hyper rustique plus « plaisance ». Que les aficionados de cette marque pour utilisateurs purs et durs se rassurent, le constructeur de Mer ne s’est pas vraiment lâché. On ne trouve pas plus de solarium ou de carré que de plate-forme de bain ou de douchette… Sillinger s’est juste contenté « d’améliorer l’ordinaire » en proposant des coffres recouverts de petites assises minimalistes, un siège jockey en avant de la console, et une paire de bolsters pour le pilote et le copilote. Toutefois, cet équipement s’intègre parfaitement, tant par son style que par sa fonctionnalité, et force est de reconnaître que l’on se trouve en présence d’améliorations indiscutables. Nous ne pouvons qu’applaudir au choix des deux bolsters MATC à dosseret réglable, ainsi que du siège jockey, dans le plus pur style anglais : on ne fait pas mieux pour les sorties rapides en mer formée. On apprécie aussi l’apparition de grands coffres (dont un optionnel, non présenté sur notre bateau d’essai, car l’espace était occupé par le siège jockey), tant la version de base manquait de rangement. Un coffre étanche est également présent dans la console, avec ouverture côté pilotage. La baille à mouillage, particulièrement profonde, permet l’utilisation d’une ancre digne de ce nom. Les feux de navigation sont situés sur le roll-bar en inox (démontable mais pas rabattable). Signalons aussi l’apparition, sur le nez, d’une petite delphinière en polyester supportant un solide davier et deux chaumards inox. Cet appendice est d’ailleurs « siglé » avec un requin chromé, emblème de la marque, utilisé pour la série « Silverline » dont le 650 est le modèle inaugural. Un 750 (presque prêt) et un 570 (en projet) vont suivre…À défaut d’être le roi du mouillage, ce qu’il ne prétend pas être, le 650 Silverline possède d’autres atouts. À commencer par un aménagement qui présente une certaine polyvalence pour les amateurs de plongée (circulation facile dans le cockpit, bande d’usure sur toute la longueur du flotteur), de pêche (supports de cannes sur le dossier de la banquette) ou de ski nautique (coffres longs sur le pont avant).
Mais, l’argument majeur de ce semi-rigide français, c’est d’offrir à un équipage de trois, voire cinq membres, la possibilité de sortir pour de longs runs, par tous les temps, dans de bonnes conditions de sécurité. Pas d’inquiétude pour bien se tenir à bord : les deux bolsters, le siège jockey et les deux places permettent d’envoyer du gaz dans les vagues sans risquer de passer par-dessus bord. Et cela, ce n’est pas donné à tous les pneumatiques ! Ce qui frappe toujours lorsqu’on observe un Sillinger, et particulièrement une version « UM » (usage militaire), c’est le sentiment de robustesse qu’il dégage. Et ce n’est pas qu’un sentiment d’ailleurs... Le flotteur en Néoprène/Hypalon 1 670 décitex parfaitement assemblé, possède un diamètre redoutable (60 cm !) et constant. Et, il suffit de sauter à bord à partir du quai pour prendre conscience de la rigidité du plancher et des couvercles de coffres. Dans l’usine de Mer (près d’Orléans), on ne lésine pas sur les matériaux, et leur mise en œuvre est impeccable, à défaut d’épouser des lignes sophistiquées. L’antidérapant de cockpit est une pointe de diamant des plus efficaces et les nables de vidange du cockpit, fermés par des chaussettes en Néoprène/Hypalon avec taquets coinceurs, sont à même d’assurer un écoulement très rapide des éventuels paquets de mer, compte tenu de leur diamètre peu commun. À l'exception des taquets fixés à même le dossier de la banquette arrière (ce n’est pas l’endroit le plus costaud), les pièces d’accastillage (bitte, davier, mains-courantes…) semblent inébranlables. La carène du 650 ne nous est pas inconnue. On ne peut pas dire que ce soit la plus excitante qu’on ait eu le privilège de piloter. Elle « pousse » de l’eau, principalement en raison des flotteurs à fort diamètre constant qui descendent très bas sur l’étrave, mais aussi du fait d’entrées d’eau manquant de finesse. Autant dire que l’utilisation du trim est obligatoire pour aérer, autant que faire ce peut, cette coque qui a tendance à coller à l’eau. Une manière aussi d’améliorer le confort dans le clapot qui n’est pas non plus son point fort. Ce réglage de trim en positif permettra également d’atténuer l’effet de couple de l’hélice qui fait légèrement pencher le bateau sur bâbord. Bref, pour le trim vous avez carte blanche ! Il est étonnant d’ailleurs de constater que le Sillinger est proportionnellement plus confortable à haute vitesse qu’à vitesse moyenne. Deux petits décollages nous ont d’ailleurs permis d’apprécier le bon équilibre longitudinal du bateau, même avec peu de carburant à bord (50 l).



photo Sillinger 650 Silverline


photo Sillinger 650 Silverline


photo Sillinger 650 Silverline





Conclusion
Constat positif : les améliorations apportées à l’aménagement de cockpit rendent le modèle de base plus convivial sans pour autant (c’était la volonté du chantier) trahir son identité de 4 x 4 de la mer. Bien sûr, le Sillinger même « civilisé » ne joue pas dans la même cour que les semi-rigides Italiens de type familial, au cockpit suréquipé, mais il offre une polyvalence de loisirs digne d’intérêt. Autre point fort : sa « santé ». Sa fabrication de type « UM », généreuse et exigeante, en fait un bateau incassable et à même de bien vieillir. Par ailleurs, il est intéressant de souligner que, malgré sa longueur, le 650 Silverline reste au gabarit routier flotteurs gonflés !




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