Avec son énorme nez carré, ce gros Sillinger est une forte tête qui ne devrait pas craindre d'affronter les éléments. Et ce ne sont pas les jambes qui lui manquent puisqu'il signe un beau 45 nds en pointe ! Une fois au mouillage, sa « panoplie » Silverline est un atout supplémentaire pour satisfaire les exigences de confort familiales.
Texte et photos Philippe Leblond
Pas facile de vanter à coup sûr les mérites de cette carène avec le « temps de demoiselle » rencontré lors de notre essai. Pulvérisé par la puissante étrave du 765 Silverline, le petit clapot qui parcourait le Perthuis d’Antioche n’était pas à la hauteur. Pas suffisant en tout cas pour donner du fil à retordre au troisième Sillinger par la taille, derrière le 810 et le nouveau 900. Bien dynamisé par le Mercury Verado 275 ch, le 765 Silverline s’est montré souverain dans ses évolutions. À tel point que cette puissance nous semble être la bonne pour répondre à tous les usages, et être mise entre toutes les mains. Bien sûr les accros de la vitesse pure trouveront bien le moyen de placer un 350 ch, voire 2 x 200 ch sur le tableau arrière, histoire de faire « claquer » un 55 nœuds (voire plus !)… Mais, tel quel, avec cet énergique Verado à compresseur, le Sillinger s’avère à la fois vivant à la barre et performant. Avec 45 nœuds en pointe, il y a de quoi se faire plaisir, surtout en mer formée, où cette carène nous semble devoir bien se comporter. Quelques petits allègements sur les sillages de bateaux de passage ont montré un équilibre sain et un bon amorti à l’impact. En tout cas, la tenue de cap est imperturbable, même avec un réglage de trim généreux. La barre souple et précise participe au plaisir de pilotage, d’autant que la position de conduite, avec le concours du leaning-post, le volant réglable et le pare-brise protecteur, est digne d’éloges. Le boîtier DTS, à commande de gaz et d’inversion de marche électronique est aussi très plaisant à manier par mer calme (attention à sa douceur en pilotage sportif…).
Du coup, en virage, on apprécie de placer le nez avec précision, et de dessiner une trajectoire propre grâce à la gîte intérieure prononcée, accompagnée d’une légère glisse qui évite la « prise de carre » violente. Même en refermant les virages au maximum, nous n’avons pas déclenché de ventilation de l’hélice, ce qui nous a permis de goûter le punch (pour un 4-temps) du Verado lors des relances en sortie de courbes. Au chapitre des performances, il y a de quoi s’avouer satisfait. Au-delà des 45 nœuds en pointe, avec quatre personnes à bord et malgré le poids du bateau, il convient de souligner les 3,5 secondes au déjaugeage. Mais, le plus intéressant tient à l’éventail des allures de promenade… Rendez-vous compte : grosso modo, il est possible de choisir entre 2 500 tr/mn et 5 000 tr/mn pour la balade, en fonction de l’état de la mer, avec des vitesses de croisière qui vont s’étendre entre 15 et 40 nds environ, avec une consommation plus ou moins économique (au-dessus, le Verado se montre très gourmand). Avec ce semi-rigide, nous retiendrons 28,5 nds (3 900 tr/mn) comme la vitesse idéale, le 6 cylindres en ligne se montrant encore très discret à ce régime. Une petite critique néanmoins, concernant l’autonomie qui, d’après nos calculs, devrait se situer sous les 150 nautiques. Avec une telle machine à dévorer les milles, homologuée en B et pour 400 ch, Sillinger aurait pu faire un effort côté réservoir ! De retour au port, le tour du propriétaire est facile à faire, grâce à une aisance de circulation dans le cockpit qui reste un point fort chez Sillinger. La construction respire le sérieux, avec des flotteurs en Orca bien assemblés, une coque renforcée par des poutrelles inox, un échantillonnage de stratifié rarement atteint sur ce genre de bateau - ah on peut sauter à bord sans crainte ! - et un accastillage inox toujours aussi robuste et généreux (trois bittes d’amarrage !). Les coffres aussi sont nombreux et peuvent recevoir un cadenas. Le pack Silverline apporte un confort bienvenu pour les enfants ou les amis : solarium à l’avant, coussin de banquette à l’arrière (trois places), échelle de bain et douchette (sur demande). Dommage qu’un bimini ne soit pas livré de série…