Essai Sillinger 680 Silverline

Vif argent

Propulsé par le vigoureux Suzuki F200, le 680 Silverline peut s'adonner au pilotage sportif. Toutefois, sa vraie raison d'être réside dans son cockpit, doté d'un confort familial qui devrait en séduire plus d'un au mouillage. Ou comment rendre les escales aussi sympas que la navigation…

Texte et photos Philippe Leblond


 53 026 € sans moteur (tarif 2016)
 6.8 m
 20
 42,0 nds 
avec Suzuki 200 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 96 Juillet/Août 2013



Le constructeur français poursuit l'extension de sa gamme "plaisance". C'est au tour du 680 de rejoindre la série "Silverline", où l'ont précédé les 490, 525, 580, 765, et 900. Ces modèles qui intègrent des éléments de confort non proposés sur les exemplaires de la série RIB UM (usage militaire) qui leur servent de base, conservent l'ADN de la marque au requin, c'est-à-dire une construction super robuste, sans concession au design, sauf lorsque celui-ci ne trahit pas l'image de sérieux à laquelle Sillinger reste attaché. Ainsi, les flotteurs conservent les assemblages en courtes sections, et un diamètre constant, qui s'ils ne servent pas la légèreté de la ligne, assurent les semi-rigides sortis du chantier de Mer (Loire-et-Cher) d'une flottabilité exceptionnelle (le 680 est homologué pour 20 passagers et 2 450 kg !). L'épais plancher en contreplaqué marine, stratifié sur ses deux faces et posé sur un réseau de renforts de coque très dense, est aussi le garant d'une bonne résistance structurelle et autorise une certaine liberté pour l'implantation les accessoires de pont que sont les sièges et la console de pilotage.
Le 680 Silverline est donc fidèle à cette fabrication simple, mais qui a fait ses preuves dans les conditions les plus difficiles et aux mains des utilisateurs les plus exigeants : sauveteurs, commandos de marine, garde-côtes, pompiers, plongeurs démineurs… Son étiquette "Silverline" lui permet aussi de proposer un certain choix pour ce qui est de la couleur des flotteurs : noir, gris militaire, gris arctique, rouge Vésuve, jaune Colorado, beige colonial. Des tissus à marier avec une sellerie grise ou corail… La coque et le plancher, pour leur part, ne sont disponibles qu'en noir. De quoi personnaliser son 680, pour lequel sont aussi proposées quelques options, afin de compléter si besoin était la large dotation du pack "Silverline". Ce dernier s'aligne sur l'équipement de confort initié par les semi-rigides italiens, avec un solarium avant convertible en carré pour cinq convives, une banquette arrière offrant trois confortables places grâce à son double dossier, de nombreux coffres, une échelle de bain, une delphinière en inox, supportant un davier d'étrave (non monté sur notre bateau d'essai, le propriétaire ayant opté pour le guide de mouillage en élastomère avec son taquet coinceur) pour faciliter les manœuvres de mouillage… Par contre, en présence du volumineux roll-bar, et compte tenu d'une largeur intérieure assez réduite (gros flotteurs obligent), l'accès à la baignade n'est vraiment pas commode. Et, la douche de pont reste une option, malgré un tarif haut placé… Parmi les points faibles, on note aussi la relative étroitesse des passavants, que la main courante de pare-brise débordante, de même que les pagaies à poste sur le flanc intérieur des flotteurs, ne favorise pas. On peut aussi se montrer un peu critique concernant le second bolster optionnel. On sait par expérience que les deux places situées à l'abri de la console sont les meilleures, alors il est gênant de devoir payer pour s'offrir une place de copilote. Enfin, si les bolsters sont robustes et d'un dessin élégant, il est dommage qu'ils ne permettent pas de piloter aussi assis (longues navigations par mer calme). Un mot sur le tableau de bord, qui offre un bel espace pour disposer les différents instruments de navigation. Sur notre bateau d'essai, il est néanmoins regrettable que le compas ne soit pas dans l'axe de vue du pilote, de même que le combiné Humminbird, complètement déporté à droite. Sinon, la position de conduite est agréable et efficace, avec des commandes qui tombent bien sous la main, un pare-brise très protecteur et la possibilité de prendre de bons appuis au sol, grâce à la façade postérieure de console rentrante. Dès les premiers milles, on retrouve un comportement relativement proche de celui du 650, mais en mieux, notamment au niveau de la déflexion des embruns, en net progrès. Le passage sur un clapot déjà significatif (+ de 50 cm) se fait sans encombres, et dans un certain confort, même à vive allure. Pour ce qui est de la tenue de cap, elle est rigoureuse à condition d'adopter le bon réglage de trim, car le nez un peu léger par vent de face a tendance à prendre pas mal d'air et voit son guidage perdre de sa précision. D'ailleurs, nous avons éprouvé quelques difficultés à valider la vitesse maxi, car l'utilisation d'un trim nettement positif dans ces conditions déclanche du roulis. Doucement sur le trim donc, et tout ira bien. Car, mine de rien, il y a 200 chevaux sur le tableau arrière ! Et le Suzuki F200 rend le bateau assez vivant malgré son poids (près de 1 300 kg en ordre de marche). Le déjaugeage se fait en un éclair, et l'aiguille du compte-tours grimpe allègrement vers les 6 000 tr/min. Il est vrai que le V6 nippon revendique la cylindrée la plus élevée de sa catégorie… Alors, compte tenu de sa puissance, bien adaptée au 680 Silverline, garante d'un comportement vif et de solides performances, on ne voit pas l'intérêt d'opter pour une puissance supérieure. Mieux, ce semi-rigide devrait très bien exploiter son potentiel avec 150 ou 175 chevaux. Notons au passage les vitesses de croisière, qui de 3 000 à 4 500 tr/min s'échelonnent de 17 à 30 nœuds, avec des rendements relativement économiques. Terminons par quelques virages sportifs… Le 680 Silverline vire avec aisance en large courbe, se montrant précis et docile. Par contre, si l'on resserre le rayon de braquage, le nez a tendance à pomper, et la quille n'offre plus la même conduite de trajectoire. En sortie, le Suzuki conserve toute sa motricité malgré un grip de carène intraitable. En virage "attaqué", on apprécie d'ailleurs la profondeur de cockpit, diffusant un sentiment de sécurité, toujours rassurant…



photo Sillinger 680 Silverline


photo Sillinger 680 Silverline


photo Sillinger 680 Silverline


photo Sillinger 680 Silverline





Conclusion : Bien que Silverline soit la gamme plaisance de Sillinger, elle conserve tous les gages de sérieux qui président à qualité de la construction et des matériaux choisis. Pas de doute, si vous optez pour le 680, c'est un bateau que vous pourrez conserver longtemps, sans risque de dégradation. Il offrira de surcroît un confort de bon aloi pour naviguer en famille et profiter des mouillages, grâce notamment à son solarium convertible en un agréable coin-repas.




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