Essai Stylmer 640

Un Français bien latin

Très proches du style italien, les Stylmer sont des semi-rigides bien dans l'air du temps. Le 640 en est la parfaite illustration : silhouette élégante, flotteurs de fort diamètre, nombreuses places assises et comportement sûr. Autres atouts : un cockpit aménageable à la carte, et des performances sportives.

Texte et photos Philippe LEBLOND


 36 834 € sans moteur (tarif 2006)
 6.42 m
 14
 41,8 nds avec Yamaha 150 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 52 Mars/Avril 2006




Nous avons eu l'occasion de tester le 640 dans sa version la plus courante, ce qui ne veut pas dire sous-équipée, comme nous allons le constater avec le tour du propriétaire. Bien que placé dans la gamme derrière les grosses pointures que sont le 900 et le 710, le 640 arbore une silhouette à la fois élégante et imposante, en raison notamment de flotteurs dont le diamètre progressif atteint jusqu'à 59 cm. Le tissu vient de chez Pennel & Flipo (label Orca 1 670 décitex) et la liaison avec la coque est doublée par une bande de ragage sous la base du flotteur, ce qui fait que ce dernier ne subit pas de contact direct avec le sol quand le bateau est échoué ou beaché. Le plancher est en polyester avec un sandwich et des renforts de type nid-d'abeilles, qui apportent une bonne rigidité structurelle trop alourdir. Deux pompes de cales sont prévues pour l'assèchement… En ce qui concerne le tableau arrière, le chantier a opté pour un sandwich de contreplaqué marine de 20 mm. Pas de contre-moulage donc (si ce n'est du coffre avant pour les modèles à venir), la philosophie de Polyconcept étant de laisser au capitaine le choix de son aménagement de cockpit. Le semi-rigide de notre essai présentait un niveau d'équipement sérieux, avec pour accessoires principaux un solarium sur coffres, une volumineuse console avec son siège-coffre biplace posté sur sa face avant, un leaning-post, pour deux aussi, et une banquette arrière laissant un passage vers l'échelle de bain, cette dernière étant pourvue d'une petite plate-forme de bain, vu que le tableau arrière, doté de deux puissantes cadènes, est de type classique. Tous ces éléments sont donc rapportés sur le plancher dont l'antidérapant est en pointe de diamant, mais qui peut être recouvert de teck massif, à la demande. Le coffre de l’avant comporte une baille à mouillage accompagnée d’un petit socle en polyester, fixé sur l’étrave, et doté d’un taquet inox. On déplore l’absence d’un davier ou d’un guide de mouillage évitant le ragage sur le nez du bateau… Parmi les options figure une table avec son pied amovible pour dresser un petit carré de pont qui irait bien dans la panoplie de ce Stylmer adapté aux sorties en famille. Précisons que les coffres, bien que non contre-moulés avec le plancher, devraient tenir les affaires au sec puisqu’ils possèdent leur fond propre, sauf celui de la console, étanchéifié par un joint de silicone. En tout cas, la capacité de rangement est intéressante puisqu’aux coffres de la banquette arrière, du solarium, de la console et de son siège, s’ajoute celui du leaning-post accessible par le basculement de l’assise. Le corps de la console qui intègre le nable de remplissage du réservoir de carburant (180 l), est percé d’un évent. Le réservoir d’eau (40 l) qui alimente la douchette de pont, placée au dos de la banquette arrière, est logé dans cette dernière. La construction semble solide et la finition générale plutôt soignée. Partons voir si le comportement est à la hauteur de la présentation… Bien installé derrière la large console (le leaning-post est toutefois placé un peu près) et son haut pare-brise protecteur ceint par une généreuse main courante, le pilote peut constater que les passages pour se rendre à l’avant sont un peu étroits. Par contre, il apprécie la présence du boîtier Yamaha de type « pupitre » bien plus agréable à manier que le boîtier latéral, surtout en conduite sportive. En revanche, le compas est centré, et ne se trouve donc pas dans son axe de vision. Les entrailles du tableau de bord sont accessibles par une trappe de visite située derrière le dossier du siège de console placé devant. La planche de bord laisse toute la place nécessaire à l’adjonction d’un sondeur et d’un GPS… Mais nous venons de passer la jetée du port et le « round d’observation » est terminé. Place au pilotage ! Une franche poussée sur l’accélérateur et le vaillant 150 ch 4T Yamaha nous fait planer en moins de 3 secondes ! à défaut de jouir de la vivacité d'un 2-temps, le couple est là et bien là (presque 2,7 l de cylindrée) ! D'ailleurs, les performances, en dépit d'une mer capricieuse (plus d'un mètre de creux par le travers lors de nos mesures), sont tout à fait dans le coup avec près de 42 nds à fond, à 5 800 tr/mn, sans pouvoir trimer autant qu'on l'aurait voulu, et avec une hélice alu (ce Stylmer est un bateau de location), et près de 27 nds en croisière à 4 500 tr/mn. Un régime auquel le Yamaha se met en sourdine et permet de naviguer confortablement sans se traîner et sans avoir à hausser le ton pour converser. Doté d'un fier tempérament, ce semi-rigide français nous a gratifié de quelques allègements par mer de face, montrant le caractère sportif de sa carène, mais dénotant aussi un petit problème d'équilibre. Le nez est, à notre goût, un peu léger (avancer la console serait sans doute bénéfique et laisserait plus de place aux passagers arrière), et la réception des sauts se fait un peu sur bâbord (dérive anticouple mal réglée ?). Un phénomène qui pourrait s'accentuer en conduite solo, compte tenu du fait que le pilote est installé à gauche, contrairement à la grande majorité des coques planantes légères… Petit déséquilibre latéral… Cela mis à part, le Stylmer est facile et agréable à mener et génère de bonnes sensations, avec un passage souple dans la vague, une tenue de cap régulière (même par mer latérale) et une bonne déflexion des embruns, même en rattrapant les vagues, son étrave « soulageant » bien lors des réceptions dans le creux de la houle. En virage, l'étrave du Stylmer s'inscrit avec précision et sans hésiter, s'accompagnant d'une gîte modérée vers l'intérieur. La sortie de virage est efficace, même avec une remise brutale des gaz, l'hélice conservant toute sa motricité. Avec plus de dix heures d'autonomie en usage courant, et une belle aisance en allure de croisière, le Stylmer justifie sa certification en B, et devrait inciter son futur propriétaire à planifier des croisières d'envergure. .



photo Stylmer 640


photo Stylmer 640


photo Stylmer 640





CONCLUSION
à la fois esthétique, avec son flotteur « blanc glacier » mis en valeur par une large bande antiragage bleue marine, et accueillant, avec ses nombreuses places assises, le Stylmer 640 s’ouvre à toutes les utilisations en raison de son agencement modulable (c’est l’avantage que procure un plancher traditionnel). Sa carène, au caractère hauturier, peut emmener un équipage avide de découverte vers des destinations lointaines, tandis que son solarium et son carré (parfait à l’heure de l’apéritif) sont aussi à même de satisfaire des plaisanciers plus contemplatifs.




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