Il charme par son look élégant et sportif, auquel s'ajoute un pilotage ludique et sûr, idéal pour s'initier au pilotage sportif. à la manière des cabriolets italiens, il fera le plaisir de ceux pour qui l'esthétique prime sur le caractère fonctionnel, et qui ne regardent pas à la dépense…
Texte et photos Jacques Anglès
Stylé ! C'est le qualificatif qui vient à l'esprit en découvrant le 590 X-cellence. L'évocation de « l'excellence » de la série peut paraître un tantinet frimeuse, mais il faut la replacer dans le contexte transalpin, ou le "Dieu-Look" est érigé en phénomène culturel dominant. Cela dit, un œil exercé repère tout de suite la qualité du travail du polyester, combinant recherche esthétique et réalisation soignée, parfois en laissant au second plan le caractère fonctionnel. Voyez par exemple le design tout en courbes de la console, avec son petit saute-vent qui vient renforcer le style sportif mais fait fi de tout espèce de protection contre les embruns. Peu importe, d'ailleurs, sur ce bateau clairement dédié aux navigations cheveux au vent et au farniente dans les criques ensoleillées, ce que confirme la chaise longue adossée à la console de pilotage. Le souci de la ligne se matérialise également dans le profil du boudin, fin à l'avant, extra-large à l'arrière (60 cm), ce qui renforce l'aspect racé de l'engin. Le cockpit, pas très grand pour un bateau de presque 6 m, séduit en revanche par son caractère convivial. La console décentrée ménage un large passage et la partie avant en U se convertit, tour à tour, en grand solarium ou en coin repas pour quatre à cinq personnes, l'allonge du solarium formant une table de belle surface une fois montée sur son pied amovible. Le tableau est moins flatteur en ce qui concerne le nombre de places assises en navigation et la capacité autorisée de 10 passagers, toute théorique. C’est également un peu juste côté rangements : seul le coffre avant est vraiment pratique. Les coffres latéraux n’offrent quant à eux que des ouvertures très étroites et la petite soute arrière, avec batteries et filtres dans l’entrée, est pratiquement inutilisable. Bref, le look relègue au second plan le côté fonctionnel…
Pour ce qui est de la fabrication, le gros œuvre et la qualité de finition inspirent confiance. Le gel-coat est impeccable, et l’ensemble de la partie polyester respire la solidité. Le flotteur, en PVC soudé à chaud, se distingue quant à lui par une conception originale, le X-system, breveté par Arimar. Les deux boudins sont en fait totalement indépendants et démontables. La pointe avant conique vient s’encastrer dans le museau de proue rigide où elle est solidement amarrée sous tension et le tube est arrimé à la coque sur toute sa longueur par un "agrafage" (le X-sytem) qui permet un démontage en quelques minutes. L’avantage est évident en cas de crevaison : on ne démonte qu’un seul côté, ce qui simplifie le transport en atelier, où la réparation est en outre beaucoup plus facile. Cela facilite aussi l’entretien et l’hivernage, avec un gain de place une fois les boudins démontés.
Enfin, le 590 X-cellence, à l’instar de tous les Arimar "De luxe", peut se prévaloir d’un équipement très complet qui comprend le roll-bar (rabattable pour le transport), la douche avec réservoir rigide de 45 litres, l’échelle de bain, les coussins de bain de soleil, la table de cockpit et le réservoir de carburant en inox, toutes choses souvent proposées en option sur les unités de cette catégorie. L’accastillage est lui aussi de bonne facture : beau davier inox avec bloqueur de chaîne, taquets de bonne taille et anneaux de grutage. Voyons maintenant ce dont ce modèle est capable sur l'eau, avec pour cet essai un Evinrude 115 ch correspondant à la puissance recommandée. En prenant place aux commandes, la première impression est mitigée : impossible de piloter assis avec une banquette arrière très loin du volant et, en position debout, on manque d'appuis. Le leaning-post optionnel est donc vivement conseillé. Autre détail à corriger, la position du coupe-circuit de sécurité, mal placé derrière le volant. Heureusement on oublie ces critiques dès que l'on accélère, pour se régaler de la vivacité et de l'équilibre de la carène, qui délivre un pilotage très fun tout en étant très facile à prendre en main. Au déjaugeage, rapide et bien en ligne, le 590 lève à peine le nez et reprend illico une assiette optimale. En accélérant, il fait preuve d'une excellente stabilité, tant en tenue de cap qu'en latéral, et accepte le trim sans faillir au fur et à mesure que l'on accélère, pour accrocher 37 nœuds au GPS en vitesse de pointe. Avec un 115 ch, la performance est flatteuse et l'on sent que la carène est loin d'être à ses limites. Elle devrait donc supporter facilement la puissance maxi autorisée (150 ch), pour les amateurs de pilotage sportif. Le comportement en virages est tout aussi franc, avec une inscription précise dans les trajectoires et une accroche difficile à prendre en défaut (on vire sur 12-13 m à 3 800 tr/mn.) que pimente un caractère discrètement survireur. On peut aussi souligner sa sécurité dans les vagues où le flotteur très bas délivre toutefois quelques coups de raquette, notamment par mer de travers. Seul bémol côté pilotage, la direction monocâble, assez directe, est ferme en sortie de virage à droite. Si cela reste acceptable avec un 115 ch, nous conseillerons vivement une direction hydraulique avec un moteur plus puissant. Pour résumer, voilà une carène très saine qui peut être mise ente toutes les mains et pardonne beaucoup tout en offrant une réactivité idéale pour s'initier au pilotage fin..
CONCLUSION
L’esprit méditerranéen imprègne ce modèle programmé pour les balades sous le soleil et le farniente dans les criques. Pour clientèle familiale mais pas pour plongeurs ou baroudeurs. En points forts : un design séducteur, un équipement très complet et un tempérament marin qui font oublier quelques faiblesses du côté des rangements ou du design du poste de pilotage. Enfin, question prix, il est confronté à une sérieuse concurrence, surtout si l'on tient compte de ses flotteurs en PVC.