Un bateau, trois moteurs… ou comment faire la preuve par trois que la carène du Valiant est une réussite. Quel que soit l'état de la mer ou le nombre de chevaux sur son tableau arrière, le Vanguard 750 fait preuve d'une belle aisance. Son plan de pont est plutôt réussi, surtout dans l'optique des sorties en famille, mais la qualité de certains accessoires et leur finition laissent parfois à désirer.
Texte et photos Philippe Leblond
Hop, hop et hop ! Le grand Valiant décolle d'une crête à l'autre, à la faveur d'une houle résiduelle d'un petit mètre, sans perdre de vitesse, assurant un bon 40 nœuds constant. A la barre, le plaisir est intense de voir cette longue coque se jouer des vagues sans aucune perte d'équilibre. Le ton rageur de l'Optimax 225 ch rythme les remises de gaz. L'accélération du 2-temps est immédiate et relance le semi-rigide à chaque réception de saut avec vivacité. L'assiette et la tenue de cap sont quasiment parfaites. Il est vrai que le vent est encore endormi… Plus tard, une nouvelle sortie par bonne brise révélera que le nez était un poil léger, mais sans conséquences sur le comportement. Sur le plan des performances, on est « dans les clous » : 43,5 nds au GPS, 5 secondes pour déjauger. C'est correct, même si Michel Miguet, responsable commercial de la marque voit une hélice un peu plus courte (une 19'' au lieu de la 21''), trouvant notre régime maxi un peu en dedans, compte tenu du bateau peu chargé. Cela reste à voir, car le déjaugeage n'est pas foudroyant et la reprise d'assiette, après le léger cabré, est assez lente. Pour ce qui est de la maniabilité c'est très satisfaisant, le Valiant décrivant des courbes précises avec une gîte intérieure bien stabilisée et une motricité sans faille en sortie de virage. Ajoutons au crédit du Valiant qu'il plane dès 2 700 tr/mn, soit à 13,7 nds, ce qui laisse une belle fourchette de régimes « économiques » pour choisir sa vitesse de croisière (de 3 000 à 4 000 tr/mn). Changement de décor ! Après la Rochelle, c'est Le Crouesty qui nous accueille. Objectif : étalonner une combinaison inédite Vanguard 750/Verado 275. Je profite d'un sujet sur le montage d'un hors-bord (paru dans Pneu Mag n°47) pour participer aux tests de performance réalisés par Jouvence Marine dont la « mission » est de livrer ce bateau à son nouveau propriétaire avec un relevé GPS supérieur à 50 nœuds. Voilà qui promet d'être show ! Ceux d'entre vous qui ont lu cet article savent déjà que l'objectif a été atteint. Et facilement, puisque nous avons chronométré cet attelage bodybuildé à 55,5 nœuds. Autant dire qu’à cette vitesse, avec un chargement « light » (deux personnes et 80 l d’essence) et un trim copieusement positif, le Valiant se sent pousser des ailes. L’air qui s’engouffre abondamment sous la carène nous donnerait presque une sensation « catamaran ». Dans l’eau, il n’y a plus guère que l’hélice, tandis qu’un léger mouvement de roulis s’empare du bateau. A nous de ne pas le laisser s’installer, sinon… Il suffit de baisser un peu le trim et tout rentre dans l’ordre. Ce qui est le plus étonnant, c’est que malgré un montage très haut, le Verado n’est pas pris en délit de ventilation dans les virages serré. Il conserve sa motricité, et tire profit de l’impressionnant punch du Verado ! Le compresseur apporte une vigueur que l’on ne trouve pas sur les autres 4-temps, et qui le fait ressembler un peu à un 2-temps, mais avec une sensation de couple supérieure. Et avec une sonorité feutrée, inimitable… Si le chiffre maxi de consommation donne le vertige, en revanche, les rendements sont bluffants. Avec une crête à 3 000 tr/mn, soit 23,5 nds, régime auquel le Valiant parcourt plus d’un mille par litre ! Et, la bonne surprise, c’est qu’il reste relativement économique jusqu’à 4 500 tr/mn (42 nds et 0,71 m/l). A notre sens, le choix du 275 ch Verado va de paire avec un programme axé sur la promenade rapide, mais bateau chargé car l’assiette est moins bonne (trop positive) qu’avec le 225 ch Optimax. En effet, le pilotage sportif en équipage réduit, face à de la mer formée pourrait s’avérer délicat.
Troisième moteur, troisième étape. C’est en Grèce que nous a été donné le privilège de tester le Valiant 750 Cruiser avec l’inédit 150 ch Verado. Malheureusement, un choix d’hélice inapproprié ne nous a pas permis de juger du vrai potentiel de ce nouveau Mercury. La Mirage 19 pouces (trois pales inox) n’a pas permis d’atteindre le régime maxi du moteur, et loin s’en est fallu puisque le compte-tours a plafonné à 5 500 tr/mn. La vitesse de 35,7 nds est dans ces conditions, plutôt encourageante car, il semble qu’avec une 17 les 40 nds soient à sa portée dans la mesure où l’on atteindra le sommet de la courbe de puissance. Malgré un chrono de déjaugeage plutôt flatteur (le meilleur des trois, mais il est vrai avec un peu plus de poids sur l’avant) les reprises du « petit » Verado nous ont paru sans éclat. Il est vrai que le 150 ch est un quatre en ligne de cylindrée modeste. L’effet du compresseur est bien moindre que sur le gros 6 cylindres. Par ailleurs, il se montre plus bruyant que le 275 à moyen régime et n’émet pas le joli timbre de son grand frère.
L'aisance en navigation n'est pas le seul argument du Vanguard 750. Dans sa définition « Cruiser » (en quelque sorte « toutes options ») il présente un physique avantageux. La ligne élégante et bien équilibrée s'offre volontiers au regard et le plan de pont, avec son plancher en simili de teck et ses nombreuses places assises, a le sens de l'accueil. La poupe a été pensée pour la baignade, avec deux petites plates-formes rapportées, dont une intègre l'échelle, sans oublier la douchette en standard. Deux robustes cadènes fixées au tableau arrière attendent la corde de ski, à moins que vous ne préfériez le vrai mât en inox qui prend place derrière le dossier en polyester de la banquette arrière. Compte tenu de sa hauteur, l'arceau porte antennes (et feux de nav) ne fait pas trop obstacle à la circulation, notamment lorsqu'on veut accéder aux taquets rétractables placés à l'arrière du plat-bord en polyester qui sert également de support à deux poignées inox à l'attention des passagers arrière. A la différence de la banquette arrière et des coffres avant, le leaning-post et la console ne sont pas contremoulés. Ils sont néanmoins dignes d'éloges, offrant au pilote et copilote une position et une protection des meilleures. Avec deux lacunes toutefois : il manque une poignée pour le copilote (alors que l'on en trouve sur le flanc de la console pour un équipier qui veut naviguer debout) et une vraie main courante de pare-brise, car l'encadrement en polyester s'avère peu ergonomique et trop fragile pour se tenir. Par contre, la façade arrière évidée de la console (pas de chocs au niveau des genoux !) , dont le volume ouvert a été mis à profit pour abriter la glacière, est une bonne idée. Pour ce qui est du tableau de bord, il accepte sans problème l'électronique de navigation, à côté du Smart-Craft, l'excellent ordinateur de bord de Mercury Marine. Parmi les bonnes idées du chantier portugais, la double rangée de saisines. En avant de la console, on trouve un petit siège biplace qui recouvre un rangement dont l'ouverture n'est pas pratique. Ensuite viennent les coffres avant. Deux latéraux en longueur, parfaits pour les skis, et une volumineuse baille à mouillage. A l'aide d'un support amovible, on peut dresser un solarium spacieux (225 x 150 cm). Mais, il faudra prendre soin de ne pas marcher sur la partie centrale (fragile !) en se rendant à l'avant pour mouiller l'ancre, dont la ligne de mouillage sera frappée sur un taquet inox via le petit davier. En revanche, l'absence de protection sur le nez risque de mettre la double bande antiragage à la torture. Rien à redire, par contre, au niveau des protections d'assise sur le flotteur et des doubles rangées de saisines en cordage : il y a ce qu'il faut !.
Conclusion
Pas de doute, le sommet de la gamme Vanguard est un semi-rigide séduisant à plus d’un titre. Facile à prendre en main, plaisant à piloter en raison de son comportement sportif, il offre de surcroît un nombre appréciable de bonnes places assises, ce qui est appréciable dans le cadre d’une utilisation familiale, ou avec un équipage nombreux. Pour l’avoir essayé avec trois puissances différentes, nous pensons qu’un 225 ch Optimax, ou un 200 ch Verado, constitue le bon choix pour une utilisation courante. Avec la version Cruiser, bien équipée, Valiant a visé le haut de gamme. Toutefois, malgré une esthétique incontestablement réussie, la finition des aménagements (pas celle du flotteur) n’en demeure pas moins perfectible.