On pourrait qualifier ce modèle de « phase 2 », en raison des quelques évolutions qu’il comporte en comparaison du précédent opus : le 630 Sport Fishing (voir notre essai sur ce site). D’abord ce qu’il y a de plus voyant : les flotteurs en tissu Orca noir à motif fibre de carbone qui justifie son appellation et lui donne un look baroudeur. La coque, le pont et ses accessoires gris foncé complètent le tableau, la touche finale étant apportée par le liseré de la bande de ragage et les saisines rouge vif. Pour ne pas dénoter, le Mercury 150 Pro XS arbore des graphismes de capot rouges sur noir. A l’évidence, la nouvelle livrée capte davantage le regard que le gris pâle de son prédécesseur.

Au ponton

En bon semi-rigide destiné à la pêche, le 630 Sport est dénué de plateformes de bain ainsi que de solarium sur coffre et autres banquettes… Place à la liberté de mouvement ! De ce point de vue, les manieurs de moulinet pourront sans se gêner officier à deux, tant dans la partie arrière qu’en avant de la console. Autre bon point, la profondeur de cockpit leur permettra de prendre appui genoux sur le flotteur, et les saisines qui courent sur toute la longueur de se tenir en cas de besoin. Mais, le principal changement tient au nouveau poste de pilotage. La console et le siège de pilotage s’avèrent nettement plus larges que les précédents, ce qui a conduit Valiant à les décaler sur tribord, ne laissant plus qu’un large passavant à bâbord. Il est donc possible d’officier à deux face à un tableau de bord nettement plus ample, permettant l’intégration d’un combiné GPS-sondeur Humminbird à grand écran (avant il était fixé sur étrier), d’une VHF fixe et une meilleure exposition des instruments moteur. Plus large, cette console se révèle aussi davantage protectrice pour les pilote et copilote qui l’apprécieront lors des sorties par temps frais. Par ailleurs, les mains courantes du leaning-post et de la console offrent une meilleure prise aux éventuels passagers assis sur les flotteurs en navigation. Précisons aussi que le leaning-post polyester qui remplaçant le précédent qui comportait sur un châssis inox ajouré, apporte davantage de rangement. En ce qui concerne le stockage du matériel, la nouvelle console se montre également plus généreuse. La pointe avant, dominée par un davier sur support polyester, abrite un petit coffre à ouverture verticale (mais dépourvu de passe-ligne) pour y ranger le mouillage. Il intègre aussi le nable du réservoir d’essence. Impossible de terminer cette visite sans mentionner un équipement qui tient à cœur aux passionnés de pêche : le vivier ! Ce dernier, intégré au pont et doté d’une robuste trappe, ne gêne pas les déplacements à bord.   

En mer

Présenté avec la puissance maxi dans le cadre du Grand Pavois Fishing, cet exemplaire d’essai nous faisait de l’œil et l’on s’attendait à de belles performances avec cette boule de muscles qu’est le Mercury 150 Pro XS. Pourtant, malgré les 45 chevaux supplémentaires, nous n’avons gagné que trois nœuds en vitesse de pointe par rapport à notre relevé sur l’ancienne version de ce bateau (630 Sport Fishing) équipée du 115 Pro XS. Pour autant, les 40,3 nœuds signés cette fois-ci n’ont rien d’infâmant… Reste qu’il nous a semblé que le moteur était monté un peu bas sur le tableau arrière, ne favorisant pas la V-max en dépit d’un rapport d’embase tirant long (1.83 : 1). Pour ce qui est des chronos d’accélération on attendait mieux aussi puisqu’avec 3’’7 au déjaugeage et 5’’1 de 0 à 20 nœuds, ils sont en net retrait de ceux que l’on avait obtenus, soit 2’’9 et 4’’4, de surcroît avec le 115 Pro XS, petit frère du 150 Pro XS. A la décharge de notre bateau d’essai actuel, nous embarquions plus de carburant, et le nouveau poste de pilotage est sans doute bien plus lourd, alors que le poids du bateau annoncé par Valiant demeure le même (502 kg). On peut tabler sur un surpoids d’environ 50 kilos.

Pour ce qui est du comportement, on retrouve exactement les mêmes constantes, avec une carène qui semble coller à l’eau, d’où une sensation de sécurité indéniable. Et même en montant généreusement le trim elle demeure plutôt sage. En tout cas, cette coque, héritée de la gamme des Arimar (Italie), s’avère moins joueuse que celle de l’ancienne gamme DR construite au Portugal. Du coup, on a le sentiment que le 150 Pro XS n’a pas pu donner sa pleine mesure. Il se distingue tout de même dans le cadre de cet essai par des rendements intéressants : 1,23 mille par litre/ à 3 000 tr/min et 1,19 m/l à 3 500 tr/min. A ces régimes, c’est l’assurance de pouvoir parcourir 155 et 150 milles sans ravitailler ! Une endurance que les pêcheurs et autres plongeurs, bouffeurs de milles devant l’éternel, apprécieront. Par contre, à partir de 4 000 tr/min, le ratio plonge (autonomie : 107 nautiques).

Le jour de notre essai dans le Pertuis d’Antioche, la mer formait un clapot de 50 cm sous l’effet d’un vent Force 2. Des conditions favorables avec une température de l’air à 22°, deux personnes à bord et 4/5 du plein de carburant. Après un déjaugeage juste marqué d’un léger cabré et d’un peu d’effet de couple (légère gîte sur bâbord), le Valiant adopte une assiette très horizontale. A l’étrave, les flotteurs de gros diamètre, dépassant largement de la coque polyester, défléchissent efficacement les « moustaches » d’écume qui se forment avec la vitesse. Et c’est tant mieux, car la vague d’étrave ne reculera que très peu, sous l’action du trim positif. La carène ne peut être qualifiée « d’aérienne », elle est comme scotchée sur la mer. Ce qui est rassurant pour les pilotes qui n’affectionnent pas plus que ça les bateaux « volages », mais ne délivre que peu de sensations à la barre. Le confort dans le clapot est plutôt satisfaisant aux allures de croisière mais le moteur semble plus sonore que la normale. Le Pro XS fait tout de même apprécier sa réactivité aux gaz et relance bien le 630 Sport en sortie de virages, où ce dernier passe presque à plat, avec un nez au ras des flots (assiette négative) générant un guidage d’une grande précision et un grip énergique. Ce semi-rigide au comportement sage et sain pourra toutefois se contenter d’un 115 Pro XS, à condition de ne pas naviguer trop chargé.