Fabriqué en Slovénie, le VSR F10 n’est pas un semi-rigide comme les autres. Sa carène de type perce-vague et son système ingénieux de ballast en font un engin plutôt destiné aux professionnels. Embarquement sur un semi-rigide sans concurrence.
Texte et photos Franck Van Espen
A bord du VSR F10, les équipements sont assez rudimentaires mais ils répondent totalement à la vocation professionnelle du bateau. Notre semi-rigide d’essai qui n’est pas le tout nouveau modèle laisse toutefois apparaître quelques détails qui seront améliorés sur les nouveaux millésimes. Exemple, sur la partie plane du plancher avant, un coffre totalement étanche sera placé juste devant la console. De quoi mettre à l’abri quelques accessoires en plus du coffre situé dans la partie supérieure du mini poste de pilotage. Les câbles de direction et de commandes de gaz ne seront plus visibles et ils passeront désormais dans une gaine sous le plancher. En plus d’un indéniable avantage esthétique, ce nouvel aménagement améliorera considérablement la circulation à bord.
Par contre, le constructeur compte garder à la surface du polyester son aspect strictement brut, pour en faciliter l’entretien et surtout obtenir un antidérapant efficace. Il ne faudra donc pas se montrer trop exigeant sur certains détails de finition, notamment au niveau des assemblages plus où moins réguliers de la jonction coque/flotteurs, ou encore sur la présentation de la sellerie de l’assise de type jockey. Faisant office de coffre principal, elle renferme le réservoir de 44 litres qui reste très facilement accessible. Un autre détail qui nous a surpris, c'est la position de la commande des gaz, placée à bâbord. Un côté inhabituel qui nécessitera un peu d’habitude, mais qui ravira sans doute les propriétaires de nationalité anglaise… La position assise, en navigation, est loin d’être idéale, mais compte tenu des excellentes capacités de franchissement du semi-rigide slovène, on peut accepter quelques concessions dans ce domaine.
*A l’arrêt, le VSR F10 se remplit d’eau automatiquement pour être beaucoup plus stable.*
Sur la large cale de mise à l’eau du port d’Hyères, le VSR F10 ne manque pas de surprendre, avec son étrave d’une incroyable finesse, affûtée comme une lame de rasoir et striée de trois virures suffisamment larges pour rabattre les embruns. La carène s’élargit sensiblement vers l’arrière avec un orifice d’environ 2 centimètres de diamètre sur le côté bâbord, qui surprend quelque peu, puis elle forme une sorte d’aile de mouette jusqu’au tableau arrière qui, lui, est percé de deux ouvertures. Une forme complexe qui en dit long sur les capacités marine de ce semi-rigide hors du commun, dont l'intérêt majeur est de combiner trois éléments essentiels : confort, stabilité et performance. Les trois orifices sont en fait ceux du ballast, qui permettent en fait à l’eau d'envahir une première coque, jusqu'à constituer une réserve de 150 litres, puis de se vidanger très rapidement (moins de 5 secondes selon l’importateur), dès que le bateau commence à naviguer. Dispositif génial qui permet donc aux flotteurs de se retrouver en contact avec l’élément liquide, afin d’assurer une super stabilité à l’arrêt.
Par chance, le jour de notre essai la baie d’Hyères est balayée par un vent d’est d’environ 25 nœuds qui soulève un petit clapot très serré d’environ 20 centimètres, une hauteur souvent très délicate, même pour les carènes affûtées de certains bateaux pneumatiques. C’est pourtant dans ces conditions délicates que l’étrave du VSR F10 démontrera tout son talent et son potentiel. Alors que la plupart des bateaux "comptent" les vagues, le VSR F10 ne ressent pratiquement rien, donnant l’impression de les découper sans subir le moindre impact ! C’est tellement surprenant que l’on peut enfoncer en toute sécurité la manette des gaz pour naviguer confortablement à près de 26 nœuds, soit la vitesse maxi, sans compromettre le confort. La position naturelle de conduite, debout, permet de surcroît de ressentir parfaitement l’équilibre général du bateau et d’amortir les petites trépidations.
Au ponton
Le VSR F10 se veut donc être l'outil idéal pour les photographes où les coaches de régate qui désirent suivre leur équipe au plus près et par tous les temps. En dehors de ces caractéristiques peu communes dans le monde du semi-rigide, le bateau est volontairement spartiate, bien que possédant des flotteurs en Hypalon à six compartiments. A noter que le flotteur est protégé par une bande antiragage en caoutchouc, un peu mince pour une utilisation professionnelle. Même sentiment pour les saisines de maintien des passagers, faites d'une corde un peu fine à notre avis.
En mer
Le recours au trim n’a qu’une faible incidence sur l’assiette générale, mais en le relevant en limite de ventilation de l’hélice, on grignote quelques nœuds tout de même en vitesse de pointe. L’étrave très relevée du VSR F10 affronte aisément les vagues un peu plus hautes tout en assurant une déflexion efficace, malgré l'étroitesse de sa proue. A l’arrêt, l’effet du ballast est magique, avec la sensation d’un bateau qui s’enfonce sensiblement dans l’eau afin que les flotteurs apportent une plus grande stabilité latérale. La presque totalité du plancher étant plat, les occupants pourront facilement trouver leurs appuis pour pratiquer leur activité. Reste que pour ne pas se marcher sur les pieds, considérant la surface restreinte de cockpit, il ne faudra pas qu'ils soient nombreux !