Ce semi-rigide construit en Slovénie est un drôle d'oiseau ! Sa carène ultra affûtée est issue du concept « wave-piercing » (perceur de vague) en vogue sur les ferries catamarans, et certains navires militaires. Résultat :un excellent passage dans la vague. Mais, en raison d'un cockpit hyper minimaliste, le VSR reste un « outil » pour navigateur professionnel.
Texte et photos Philippe Leblond
VSR, pour « very slender RIB » ce qui, traduit mot à mot, signifie « semi-rigide très mince »… Ca, pour être mince, le VSR 5.8 l'est, et dans une mesure que vous n'imaginez pas ! Déjà étroit à l'arrière (2,20 m), son plan de pont en forme de coin se résume, dès la mi-longueur, à une étroitesse jamais rencontrée sur un bateau de cette longueur. Le responsable de cette finesse, qui confine à l'excès, n'est autre que le concept dit « perceur de vague », qui implique une carène aux entrées d'eau particulièrement fines et à l'étrave verticale. L'objectif recherché, avec cette forme surprenante, n'est plus de couper la vague en la dominant, mais de la couper en profondeur, et d'éviter ainsi qu'elle ne se transforme en un tremplin faisant sauter le bateau. Pour l'heure, le VSR est à notre connaissance, le seul semi-rigide répondant à cette architecture extrême, si l'on met de côté le bateau de record exposé au Ribex 2004 (voir Pneu Mag n°42), le récent UFO à l'étrave verticale, n'étant pas un vrai « wave-piercer ». Du fait de l'étroitesse de sa carène, le VSR ne peut offrir qu'une surface de plancher très réduite. Afin de préserver un minimum d'aisance pour circuler de la poupe à la proue, la console est elle aussi « very slender ». Ne comptez pas vous abriter derrière, car outre sa finesse, elle est dépourvue de pare-brise. Sur le VSR que nous avons pu prendre en main dans la baie d'Hyères, où se trouve basée la société Just Marine qui importe la marque slovène, la console était suivie d'un siège jockey biplace avec deux dossiers. Le petit volume de rangement ménagé dans son socle étroit constitue l'essentiel des possibilités de stockage du matériel, avec le petit coffre étanche de la console et la baille à mouillage/coffre, située dans la pointe avant. Toutefois, le chantier propose un grand coffre optionnel qui peut prendre place entre le siège et le tableau arrière et servir, au besoin, de table de pique-nique au mouillage. Il est à noter que le plancher, en contreplaqué marine stratifié, comporte une goulotte pour le passage des câbles, à la fois encombrante (attention aux pieds !) et peu esthétique. Par ailleurs, la stabilité à l’arrêt n’est pas le point fort du VSR, qui manque d’assise malgré un diamètre de flotteur (58 cm) plus conforme à l’arrière.Le moment tant attendu de goùter à cette carène atypique est arrivé. Position de conduite à l’anglaise, je pousse la manette des gaz (située un peu trop en avant). L’accélération est celle d’un 60 ch 4T (Mercury en l’occurrence), c’est-à-dire pas fulgurante. Le VSR prend cinq secondes pour revenir à l’horizontale, après s’être cabré modérément. La vitesse minimale d’hydroplanage (11,5 nds) est dans la norme. La phase de déjaugeage n’est donc pas différente de celle d’un semi-rigide ordinaire doté d’une telle puissance, à la différence que, pour le VSR, il s’agit de la puissance maxi autorisée… En général sur un bateau de cette longueur, elle se situe largement au-dessus de 100 ch. Il faut toutefois signaler que le VSR est un poids plume. Sa carène en résine vinylester renforcée Kevlar ne pèse que 240 kg ! Pour autant, la vitesse de pointe n’atteint pas des sommets : 31,6 nds à 6 180 tr/mn. Mais, elle n’est pas ici un but en soit. Le point fort de cette « lame » slovène étant le confort de passage dans la vague. Et à ce qu’on a pu constater dans un clapot agressif, elle est sans concurrente. Elle s’enfonce comme un coin dans chaque vague, à l’horizontale, sans effort apparent, et sans accuser les impacts. Sur un tel bateau, la sensibilité au trim est faible, et il n’est d’ailleurs pas souhaitable de le trimer plus que de raison, car ce serait lui faire prendre un angle d’attaque moins favorable. En virage serré, il passe fort, avec une gîte marquée et un bon grip. Si face à la vague, il se montre impérial, il est moins à l’aise avec la mer par le travers. Son « voile » de coque important le rend sensible au vent (vent d’est force 4 à 5), et l’étrave « cherche » un peu son chemin, générant de légers déséquilibres latéraux, faisant apprécier les sièges jockey. En conclusion, le VSR s’avère très confortable par mer de face ou d’arrière. Solidement construit, doté d’un profond cockpit, il suscite un sentiment de confiance. En revanche, son habitabilité très limitée risque de le confiner dans une utilisation de type professionnel.
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