Pour conquérir plus d'adeptes, Yamaha Motor France lance sa propre marque de pneumatiques, Marvel, grâce à un accord avec Zodiac. Atout maître de cette nouvelle marque : des tarifs "package" très attractifs. En exclusivité pour Pneu-Mag, voici à l'essai les deux premiers modèles, le Marvel 480 et le Marvel 530.
Texte : Jacques Anglès - photos J.Kelagopian
Question, cruciale pour le premier motoriste hors-bord mondial, déjà bien implanté sur le marché français : comment attirer de nouveaux clients ? Réponse, presque évidente : lui offrir le bateau qui va avec le moteur, l'ensemble devant bien sûr être sérieux et proposer en outre à un prix très compétitif. C'est ce qui explique la création de la marque Marvel, fruit d'un accord passé entre la filiale française du motoriste japonais et le groupe Zodiac, afin de produire des modèles grand public motorisés en Yamaha à moins de 15 000€. Le principe de la collaboration est le suivant : Zodiac fournit les "châssis", soit dérivés directement de modèles en production dans le groupe, soit créés spécialement pour l'occasion, puis Yamaha les personnalise sous le sigle "Marvel by Zodiac", éventuellement avec des accessoires originaux (consoles, coffres, sièges, etc.). La marque sera diffusée exclusivement par le réseau, chaque modèle étant proposé en plusieurs packages avec des moteurs de la marque. Avec un pedigree aussi prestigieux, les logos "Marvel by Zodiac" plaqués bien en évidence sur les flotteurs ont de bonnes chances de s'imposer dans le paysage "pneumatique" de l'Hexagone. Pour Zodiac, qui ne produisait jusqu'à présent que pour ses propres marques (Bombard, Zodiac...) cet accord est une petite révolution, puisque ses modèles, parfois proposés eux aussi en package, vont se retrouver en concurrence avec des Marvel leur ressemblant...comme des frères. Les clients feront leur choix, en fonction de l'équipement ou de leur préférence pour tel ou tel type de moteur. Pour commencer, Marvel sort deux modèles, le 480 et le 530, qui jouent la sécurité en reprenant les carènes éprouvées des Explorer DB 500 et DB 550. Chaque modèle est décliné en trois versions plus ou moins aménagées (Sport, Luxe et Barre franche) avec quatre motorisations en deux ou quatre temps, soit au total vingt-quatre packages. Avec un tel choix, chacun devrait trouver chaussure à son pied, d'autant plus que les tarifs sont très raisonnables, le plus bas excédant à peine 8 000€, le plus élevé s'affichant à 17 950€. Les versions "Barre franche" sont les plus économiques, avec un cockpit nu, "à l'ancienne", et des motorisations assez modestes de 9,9 ch à 25 ch. Elles constituent en quelque sorte un retour aux sources du pneu qui intéressera en priorité les pêcheurs recherchant un budget minimal. Avantage, ce sont des pneus de bonne taille accessibles à un tarif d'environ 10 000€. En "haut de gamme" (version Luxe) Marvel propose des cockpits correctement équipés, dans un style qui reste tout de même basique, comparé aux luxueuses productions italiennes très en vogue, mais toujours avec des tarifs packages très étudiés. à un peu plus de 15 000€, on peut s'offrir un vrai bateau de mer, capable d'emporter toute la famille en balade, avec une puissance suffisante pour s'initier au ski nautique. Pneu-Mag a pu essayer, en avant-première, ces deux modèles, le 530 en version Luxe, le 480 en version Sport. Voici nos impressions.
Revue de détail : Bien visible sur les flancs des deux modèles, le gros logo "Marvel by Zodiac" identifie clairement la marque. La présentation des deux modèles est assez flatteuse avec des flotteurs gris pâle dont le pourtour est protégé par un gros liston en caoutchouc souligné par un filet bleu marine. De solides mains courantes en sangle courent sur le dessus des boudins, avec, détail bien pensé, quatre poignées rembourrées de chaque côté, offrant en mer des prises efficaces pour se tenir sans se fatiguer ni se scier les doigts.Le cockpit est en polyester blanc, avec antidérapant moulé sur le plancher, un bon puisard arrière (auto videur en route) qui évite que l'eau ne stagne dans le cockpit. Comporte une console de pilotage avec siège frontal, un coffre avant formant baille à mouillage, un davier inox sur un socle de proue en polyester et une banquette de pilotage biplace à dossier rabattable. Celle-ci, vissée sur le plancher, forme un large coffre de rangement, dont on regrette toutefois que le fond ne soit pas étanche. La sellerie en skaï blanc surpiqué présente bien, paraît solide et se montre confortable en mer. Cet aménagement relativement simple a l'avantage d'offrir un espace bien dégagé qu'apprécieront les plongeurs et les pêcheurs mais offre peu de places assises. On mettra les boudins à contribution. Au rayon des bonnes idées, la version Luxe inclut un réservoir fixe de 55 litres beaucoup plus pratique que les nourrices mobiles. Ce réservoir est logé sous la console, avec l'inconvénient de condamner une grande partie de ce volume de rangement, ce qui laisse peu de place pour stocker le matériel de sécurité obligatoire, notamment les volumineuses brassières de sauvetage. C'est le point faible de ce modèle qui ne dispose même pas d'un vide-poches sous le volant, alors qu'il y a là un grand volume inutilisé. Le Marvel 480 Sport est seulement doté d'une console, plus petite que celle du 530, et de la même banquette coffre. Quoique plus petite, la console possède un volume de rangement sec sous le volant et un compartiment inférieur ouvert. Hélas, ce compartiment est trop étroit pour la nourrice d'essence Yamaha. Celle-ci est donc simplement posée sur le plancher, sans fixations… Un point à améliorer sans tarder par exemple avec des sangles fixées au plancher. Pour l'instant, aucune option n'est prévue pour compléter l'équipement. Chacun devra donc se tourner vers les équipementiers pour façonner son bateau à la carte. Cette solution a un avantage : on peut commencer par un modèle Sport à petit budget et compléter l'équipement au fil des saisons.
En mer Marvel 530 : La carène en V assez angulé se montre efficace et agréable à piloter. Le déjaugeage est vif, avec peu de cabré et une reprise d'assiette rapide. Bon point pour la stabilité latérale et la tenue de cap qui permet de lâcher le volant sans voir le bateau partir à droit ou à gauche. En virage, il prend peu de gîte, son flotteur assez bas venant vite s'appuyer sur l'eau, mais il accroche bien et il faut insister franchement pour déclencher la ventilation de l'hélice, sans décrochage brutal. Dans l'ensemble, c'est une coque au comportement sain, facile à piloter et à prendre en main par un débutant. Le 60 ch Yamaha lui convient fort bien avec de bonnes reprises, une discrétion remarquable aux régimes de croisière, et une vitesse de pointe plus qu'honorable de 32 nœuds. Sans aucun doute, ce 530 accepterait sans sourciller une puissance supérieure qui lui conférerait un caractère plus sportif..
Conclusion
On ne peut s'empêcher de rapprocher ces deux Marvel des Bombard dont ils sont issus, avec le bénéfice d'une fabrication éprouvée et garantie par Zodiac. En fait ce sont des hybrides entre les séries "baroudeur" Bombard DB à flotteur noir, dont ils adoptent les châssis, et les séries plus luxueuses Bombard SB à cockpit contre-moulé, auxquelles ils empruntent le flotteur gris pale. Le 530 est un bateau à tout faire, capable d'affronter sereinement des mers formées. à ce titre, il intéressera les pêcheurs ou plongeurs. Le 480 apparaît plutôt comme un bateau familial qui s'adresse en priorité aux nouveaux adeptes du pneu ; léger et facile à transporter, il est tout de même homologué en catégorie C (normes CE), comme son grand frère, c'est-à-dire conçu pour des navigations jusqu'à force 6, avec des vagues de 2 m de haut. Les packages proposés sont réellement intéressants, avec une économie de 2 000 à 3 500 e par rapport à un achat séparé bateau + moteur équivalent, ce qui n'est pas rien !