Essai Zeppelin Command 20 V Pro

Al'écart des modes...

Insensible aux effets de style de la concurrence, le chantier français continue de proposer des modèles plutôt rustiques, adaptables à l'usage de chacun grâce à une liste d'options qui s'élargit. Mais, le Command, la version la plus évoluée du 20 V Pro, vaut avant tout par sa fonctionnalité et sa robustesse.

Texte & photos : Philippe Leblond


 18 225 € sans moteur (tarif 2016)
 6.1 m
 20
 33,9 nds avec Suzuki 115 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 47 Mai/Juin 2005




Si ce n'était le jaune canari éclatant de son flotteur, ce grand Zeppelin passerait presque inaperçu, tant le constructeur de Château-du-Loir a le don de cultiver la discrètion, donnant à ses semi-rigides une ligne sobre, dénuée de tout « effet de manches », à la différence de certains produits italiens. Seules concessions à l'évolution du genre, la petite delphinière en polyester qui coiffe le museau de la bête. Un élément d'accastillage devenu presque incontournable… Une bête, oui car il y a de la virilité dans le look des Zeppelin, avec cet air de baroudeur qui semble vouloir défier la mer. Malheureusement, le jour de notre essai, l'Atlantique s'était fait très timide et sa petite houle résiduelle ne nous a même pas permis de faire décoller la carène de ce fier coursier. Une carène dont l'étrave aux entrées d'eau fines voit son V s'ouvrir presque à 180 degrés au tableau arrière (les flotteurs sont presque au même niveau que la quille !), prolongé par deux flaps fixes dans le même matériau. Un profil que Zeppelin est quasiment le seul à oser pour un semi-rigide de cette taille et de cette philosophie. Le Command 20 V-Pro se contente, il est vrai, d'une certification C (mer moyennement formée)… Sur le tableau arrière de notre bateau d'essai ronronne imperceptiblement un 115 ch Suzuki. Distributeur des semi-rigides français, Top Loisirs (Saint-Philibert) commercialise aussi les 4-temps japonais. Ceci expliquant cela. Nous progressons lentement vers la sortie du port de La Trinité-sur-Mer, admirant en chemin les multicoques trans-océaniques alanguis à leur corps-mort. La baie de Quiberon s'ouvre enfin à nous. J'accélère. Bonne réponse du Suzuki qui nous permet de planer en moins de quatre secondes à l'issue d'une brève phase de cabrage. La vitesse maxi est rapidement atteinte : 33,9 nds à 6 250 tr/mn, soit 250 tr/mn au-dessus du régime maxi préconisé. Avec une hélice plus longue (une 21''), la pointe de vitesse pourrait être supérieure, mais au risque de perdre un peu de punch. Tel quel, le 115 ch fait bonne figure, et il faut tenir compte du fait que nous sommes loin de naviguer chargé (le bateau est homologué pour 20 passagers !). Ce petit supplément de régime moteur risque fort de s'avérer utile dans ce cas. Bref, le Suzuki 115 ch s'acquitte convenablement de sa tâche en restant discret aux oreilles à la vitesse de croisière de 4500 tr/mn, soit 23 nds. La carène coupe bien le petit clapot, et reste stable à toutes les allures, la partie postérieure des flotteurs touchant l'eau. A pleine vitesse et avec un trim bien positif, cela procure un petit dandinement qui n'est pas sans rappeler celui des catamarans de vitesse inshore. Mais, la tenue de cap reste rigoureuse et on ne note ni roulis ni marsouinage. En virage, par contre, le Zeppelin, comme la plupart des autres bateaux de la marque, vire presque à plat : une sensation pas très agréable, avec l’impression que l’on pourrait partir en contre-gîte. En fait, le 20 V-Pro se cale à sa manière et n’en bouge plus, virant sur sa quille avec un bon guidage de l’étrave et une glisse prononcée de la poupe, cette dernière lui permettant de virer dans un espace pas trop large. Avis aux passagers : en l’absence de gîte intérieure, il faut bien se cramponner ! La sortie de virage se fait sans ventiler et la motricité est préservée. Le pilote et son assesseur apprécieront le bon maintien lombaire que procure le leaning-post biplace ainsi que la protection du haut pare-brise de la console, et les passagers de l’arrière s’étonneront, malgré l’absence de coussins, du niveau de confort des petits sièges individuels situés de part et d’autre du bac moteur. La base de ces derniers fait office de coffre étanche, celui de tribord abritant la batterie. Précisons que les coffres possèdent une fermeture étudiée autorisant un cadenas. Le plancher, selon la tradition Zeppelin, reste classique : en contre-plaqué marine stratifié et doté d’un antidérapant grossier. De ce fait, tous les éléments de cockpit sont rapportés : sièges, leaning-post, console, coffre avant. Nous sommes donc loin de la sophistication des semi-rigides concurrents, pour la plupart dotés d’un pont contremoulé. Cela n’empêche pas Zeppelin de revendiquer une robustesse extrème, assortie d’une garantie coque et flotteur de dix ans !

A propos de flotteurs, ceux du Command 20 V-Pro sont en Néoprène/Hypalon de 1 670 décitex contre 1 100 à celui du Cup 20 V-Pro. Là encore la forme est classique avec des cônes et une saisine en corde maintenue par des ralingues qui parcourent toute la longueur. Un bon point d’ailleurs, car ce type de saisines est nettement préférable au plan de l’efficacité, à celles du type « sangles ». On notera tout de même le diamètre dégressif du flotteur vers l’avant, dégageant l’étrave pour un meilleur passage dans la vague. La finition des assemblages, si leur solidité n’est pas mise en doute, n’est pas des plus soignées… Dans la même veine, la bande antiragage, en deux segments, laisse voir un raccord à mi-longueur peu en accord avec le tarif du bateau. La console comporte un rangement partiel, à cause de la présence du câblage de boîtier de commandes, mais possède une porte étanche, comme les deux coffres du leaning-post. Le siège moulé sur l’avant comporte aussi une ouverture. La console haute est bien étudiée pour le pilotage debout et laisse de la place pour l’installation d’aides électroniques à la navigation.

Quant à l'étrave, elle abrite un coffre supplémentaire de bonne dimension, mais trop court pour supporter un bain de soleil. Mais, l'ajustement avec les deux flotteurs reste approximatif… En revanche, l'accastillage inox semble de bonne qualité (roll-bar, taquet, davier…). Cela dit, l'inox de l'armature du leaning-post ne semble pas de la même qualité..



photo Zeppelin Command 20 V Pro


photo Zeppelin Command 20 V Pro


photo Zeppelin Command 20 V Pro





Conclusion
Difficile d’apporter un jugement définitif sur la carène en raison des conditions clémentes rencontrées, mais le 20 V-Pro semble offrir un comportement marin cohérent, même si sa façon de virer peut surprendre. Costaud mais rustique, doté d’un équipement fonctionnel mais encore limité, ce Zeppelin s’adresse surtout aux amateurs de randonnées musclées, aux pêcheurs et autres plongeurs. Il peut toutefois prétendre à une utilisation familiale, mais plutôt sur la côte atlantique que méditerranéenne, l’absence de solarium étant, à cet égard, handicapante. La garantie de dix ans et l’insubmersibilité (mousse polyuréthane) sont des atouts indéniables, mais le tarif des options reste élevé.




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