Bateau de travail d'Olivier de Kersauson, ce gros semi-rigide est le premier Zeppelin équipé d'un moteur in-board. En l'occurrence, l'excellent Mercruiser 300 ch diesel, qui donne à ce prototype un caractère d'OS de la mer bien trempé. Le cockpit est bien sûr celui d'un bateau de servitude, mais la version plaisance est pour bientôt.
Texte et photos : Philippe Leblond
Il est là, comme assoupi, le long d'un ponton brestois, en contrebas du « Tour du monde », le « restaurant-QG » du célèbre skipper et de ses équipiers. Sa silhouette imposante et son air bourru ne sont d'ailleurs pas sans rappeler ceux de son propriétaire, encore en mer (le jour de notre essai) sur Géronimo, à cravacher pour se réapproprier le record du tour du monde en équipage sans escale. Tandis que le Mercruiser diesel de 300 chevaux s'ébroue, nous en profitons pour détailler le cockpit de ce semi-rigide pour le moins singulier. Ah ça, le tour du propriétaire est vite fait ! Ici, pas question de solarium et autre douchette de pont… Une baille à mouillage, une console jockey biplace, encadrée de deux énormes bittes de traction, un capot moteur, quatre gros dalots de vidange, et basta. On notera au passage le revêtement de plancher en crépi de gel-coat, d'une efficacité sensiblement équivalente à la « pointe de diamant », mais moins esthétique. Les deux vide-vite inférieurs sont dotés d'un manchon pour éviter les retours d'eau dans le cockpit. Le capot moteur, assez lourd, est heureusement assisté dans son relevage manuel par deux vérins à gaz. Pas de fioritures à bord de Géronimo, que de l'utile et du fonctionnel. Et du robuste aussi, comme les mâts de traction surdimensionnés, destinés à déplacer le trimaran géant lors des manœuvres de port. Solide aussi l'enveloppe gonflable avec son flotteur de 59 cm de diamètre assemblé avec un tissu Penel-Flipo, label Orca, de 1 700 décitex à trame polyester ! Pas de doute, ce bateau n'est pas fait pour les opérations « bronzette ». Toutefois, ce premier in-board de l’histoire de Zeppelin sortira bientôt pour en version loisirs.Le capot moteur qui prendra toute la largeur servira de support au solarium, une grande banquette en U, convertible en carré, s’y adossera et un beau leaning-post remplacera avantageusement la console jockey. Le moteur étant chaud, il est temps de sortir pour évaluer les qualités dynamiques de ce baroudeur. Pas de chance, l’absence totale de vent nous gratifie d’un plan d’eau de demoiselle. Confortable pour ce qui est de mesurer la vitesse de pointe (36,4 nds à notre GPS), mais frustrant pour juger du passage de cette carène, prolongée par des flaps fixes. Cette dernière, dessinée par Plessis et associés (Nantes) n’est pas des plus rapides, même en considérant les œuvres vives salies par un séjour à flot de deux mois sans antifouling. Ce qui impressionne le plus, c’est sa stabilité à pleine vitesse. On peut se déplacer, à plusieurs, dans le cockpit sans provoquer la moindre gîte. Il est vrai que la surface mouillée, bien que l’étrave soit très altière, reste importante pour un semi-rigide. Les boudins restent au contact de l’eau, même avec une utilisation abusive du trim, lequel provoque assez vite la ventilation de l’hélice. C’est aussi le cas en virage serré, où le Zeppelin passe quasiment à plat. Le poids élevé du diesel n’y est sans doute pas étranger, de même que le positionnement très avancé du poste de pilotage. Mais, il suffit d’écouter parler Patrick, de l’équipe de « l’Amiral » pour comprendre que la mer formée ne fait pas peur à cette puissante carène. Parole de marin.