Essai Zeppelin XV Pro 8,50 HB

C’est du sérieux…

De par son gabarit imposant, et la cavalerie poussant sur son tableau arrière, le grand Zeppelin garantit un tempérament marin et des performances de premier plan. La surprise vient plutôt de son aménagement de confort " custom ", avec de nombreuses places assises et un solarium. De quoi nuancer l'image de pur baroudeur véhiculée par la marque française.

Texte et photos Philippe Leblond


 39 371 € sans moteur (tarif 2016)
 8.5 m
 32
 47,2 nds avec 2 x Suzuki 225 ch 4T
Banniere_axa

3_bannie_re-he_lice-540x145
Orca-logo_rvb

Paru dans le Pneumag n° 64 mars/avril 2008




Depuis trois saisons (si l'on excepte l'épisode du Laguna 16 il y a quelques années) le chantier du Lude, apprécié pour ses semi-rigides de baroud, essaye avec plus ou moins d'audace, d'élaborer des modèles pouvant s'adresser au « grand public ». Les tentatives ont été jusque-là relativement timides, avec l'apparition, ici de vrais sièges, là d'un bain de soleil, voire d'une douchette… Le XV Pro 850 (le plus grand modèle de Zeppelin), qui nous a été proposé à l'essai près d'Ajaccio, est sans doute celui qui va le plus loin en termes d'équipements de confort. L'aménagement de son cockpit a été réalisé par Sud Plaisance, concessionnaire Zeppelin de Pietrosella. Il convient néanmoins de préciser qu'il s'agit d'un agencement « custom », faisant appel à des accessoires de chez Outhill, équipementier anglais qui propose un choix étendu de sièges, de consoles et de coffres. Du « mobilier » robuste, bien étudié pour les semi-rigides et qui transfigure le XV Pro 850 de base. Une base qui, il faut le reconnaître, ne manque pas d'ampleur avec près de deux mètres de largeur intérieure. La console, bien qu'assez large pour abriter derrière elle un leaning-post biplace, laisse de confortables passavants de chaque côté. Les deux banquettes triplaces, disposées dans la moitié arrière, composent quant à elles un carré très confortable qui fait monter en flèche l'indice de convivialité de ce Zeppelin. La table amovible, en polyester, permet de prendre un repas à quatre, ou pique-niquer à six, voire à huit, en asseyant deux personnes sur les flotteurs. Dommage qu'elle ne fasse pas de la même largeur que les banquettes, ce qui aurait donné un réel confort pour disposer des couverts dignes de ce nom. Il est à signaler que le dossier basculant permet la mise en vis-à-vis des deux sièges, et de les utiliser dans le sens que l'on désire et notamment en sens inverse à la marche, pour la pêche à la traîne ou la surveillance d'un skieur. La sellerie épaisse est un gage de confort, sans oublier la présence des accoudoirs… Si l'on ajoute le leaning-post et le siège moulé sur l'avant de la console, ce sont dix vraies places assises dont on dispose à bord du XV Pro 850 ! C'est assez rare, même sur des semi-rigides de cette taille, pour que cela mérite d'être souligné. En revanche, le confort du solarium n'est pas du même niveau. Le matelas avec sa mousse un peu molle, manque de tenue. Par ailleurs, le socle rapporté qui le supporte est un peu en pente, ce qui ne facilite pas les déplacements jusqu'au mouillage, et le matelas, simplement maintenu par des boutons pressions, a tendance à se décrocher et glisser sous les pieds. à revoir… Ce détail montre que l’on atteint ici les limites d’un bateau qui n’a pas été étudié à l’origine pour ce genre d’équipement. Le XV Pro a beau faire 8,50 m, il n’est pas construit différemment d’un Zeppelin de 5 m. Le plancher en contreplaqué marine stratifié, et revêtu d’un antidérapant projeté, ne comporte aucun élément contre-moulé. Il repose directement sur les renforts de coque. Tous les équipements sont rapportés, comme cette sorte d’estrade pour solarium, à l’esthétique et à la robustesse improbables. Le gros œuvre n’en reste pas moins très costaud (garantie de 10 ans !) et fonctionnel. Pour autant, en ce qui concerne les possibilités de stockage du matériel embarqué, les coffres sont nombreux et secs. Entre la base des deux banquettes, les deux coffres du leaning-post, ceux de la console (avec celui du siège avant), et le volume formé par le support de solarium (ce dernier intègre la baille à mouillage), la place ne manque pas ! Précisons toutefois que le coffre de la banquette arrière est occupé, pour une bonne part, par les deux batteries, le coupe-batterie, la douchette et son réservoir. Le siège devant la console qui abrite un jet d’eau alimenté par eau de mer, pour rincer le cockpit en cas de besoin, reste tout à fait disponible pour du rangement. Signalons que ces coffres ne ferment pas à clé. On aurait pu, à tout le moins, choisir des trappes de leaning-post avec serrures… Pour ce qui est du flotteur, c’est du Zeppelin tout ce qu’il y a de plus classique, avec sa forme à segments sur l’avant, due à un assemblage perpendiculaire. De la même manière, on retrouve les cônes pointus chers à la marque, ainsi que cette saisine en corde, avec son passage caractéristique dans les œillets des ralingues, sans discontinuité ne laissant pas de « mise à l’eau » pour les plongeurs. Le tissu vient bien sûr de chez Pennel & Flipo (Orca 1 670 décitex). Huit poignées en forme de taquets ont été disposées en périphérie, constituant autant de prises pour un amarrage temporaire. Pour une immobilisation longue durée, les taquets inox sont préférables, mais on n’en compte que deux sur la delphinière en polyester, à proximité du davier intégré. à l’arrière, on peut toujours se servir des cadènes du tableau, mais c’est moins pratique. Le moment est venu d'appareiller pour aller « tâter » de la carène. Une première constatation : la position de conduite serait parfaite si le leaning-post était avancé de dix centimètres, car à moins de faire un bon 1,90 m, comme Philippe Martinez, le patron de Sud Plaisance, il faut vraiment se pencher en avant pour pousser les gaz à fond. Du coup, on perd le contact avec le leaning-post, un appui si utile pour attaquer dans la houle. Cette dernière est d'ailleurs au rendez-vous, avec pas loin de deux mètres pour les crêtes les plus hautes ; vestige d'un fort coup de vent (force 9) ayant sévi deux jours plus tôt… Une fois dépassé les 300 m réglementaires, j'accélère progressivement. C'est tout juste si le long nez du Zeppelin a esquissé un petit mouvement vers le haut lors du déjaugeage. Nous filons déjà bon train alors qu'il reste un paquet de chevaux dans les deux poignées de gaz. à 3000 tr/mn, le GPS affiche 22,2 nds. Ce qui correspond à un rythme de croisière relativement économique. Les moteurs ronronnent discrètement dans les graves, et malgré la houle bien formée, le confort reste remarquable. Parfait pour la balade en famille… La large console, avec son pare-brise élevé coupe bien la brise, et l'on se verrait bien partir pour une longue randonnée, malgré la mer formée. En poussant franchement les deux leviers du boîtier pupitre, l'accélération est encore impressionnante, et la vitesse aidant, on se retrouve en situation de pilotage sportif, sautant d'une vague à l'autre, en gérant les gaz. Un exercice dans lequel, l'assiette du Zeppelin s'avère bien équilibrée. Pas d'envolée intempestive, ni d'amorce d'enfournement. Lors des jumps, le bateau reste proche de l'horizontale, et à la réception, l'étrave soulage bien, en défléchissant les embruns. Un bon feeling s'instaure rapidement entre le pilote et l'engin. Dommage que ce fichu leaning-post soit si loin de la console (rappelons que c'est modifiable) ! De fait, pour ce qui me concerne, je suis plus près en utilisant l'assise rabattable que debout. En virage, le comportement témoigne d'une même efficacité. Le XV Pro est capable de virer très serré et très vite, avec une précision chirurgicale, et sans faire ventiler les hélices, ce qui procure une remise en action fulgurante en sortie de virage. Par contre, comme la plupart des Zeppelin, il passe presque à plat et sans déraper, ce qui oblige l'équipage à s'agripper très fort pour rester à bord. Côté performances, le 850 déménage… Si nous n'avons pu faire mieux que 47,2 nds c'est qu'il devenait délicat de continuer à trimer positif dans cette mer agitée. Philippe Martinez m'a dit avoir approché les 55 nds « à bloc » de trim sur mer plate ! Pas impossible compte tenu du poids relativement contenu du Zeppelin malgré son gabarit (sans doute moins de 1 500 kg avec l'équipement Outhill). Par ailleurs, compte tenu du dépassement de régime (6 200 tr/mn au lieu des 6 000 maxi constructeur), une hélice à pas plus long devrait permettre un gain substantiel au compteur. Quant au déjaugeage, le chrono se passe de commentaires : 2 secondes ! Un dernier mot pour louer l'autonomie qui devrait dépasser 150 nautiques, en régime de croisière stabilisé. De quoi espacer les passages à la pompe…

.



photo Zeppelin  XV Pro 8,50 HB


photo Zeppelin  XV Pro 8,50 HB


photo Zeppelin  XV Pro 8,50 HB





CONCLUSION
Le XV Pro 850 est, à n’en pas douter, une sacrée machine à bouffer des milles. Partir en famille ou entre amis (il y a de la place !) pour de longues virées, sans trop se soucier de l’état de la mer, voilà qui est dans les cordes de ce grand Zeppelin. Sur ce modèle « customisé », l’équipement de confort est bien présent, et permet donc de profiter également des plaisirs du mouillage. Reste une esthétique très conventionnelle, et quelques détails de finition qui mériteraient d’être revus.




Maxi_26082008-145700image_6
Maxi_26082008-145758image_2
je suis la
Maxi_26082008-145700image_4 Maxi_26082008-145700image_5 Maxi_26082008-145758image_3