Optimisé et personnalisé par son propriétaire, ce Zeppelin ne manque ni de sens marin, ni d'allure. Naviguer en mer à vive allure lui est naturel, d'autant que sa carène et sa solide constitution apportent de belles garanties en termes de sécurité. A savourer sans modération.
Texte et photos Philippe Leblond
Ce Zeppelin vous laisse un air de déjà-vu ? Normal, il s'est exposé sur une double page dans notre dernière édition (et vous le retrouverez en fin du présent numéro, dans notre rubrique "Découverte"). Ceux qui l'ont découvert à cette occasion ont certainement apprécié la cohérence de son aménagement et de son équipement, dans l'optique d'offrir un maximum de polyvalence. Son programme s'étend de la simple balade côtière en famille au raid hauturier musclé, en passant par le farniente dans les mouillages ensoleillés, sans négliger la glisse tractée, grâce à sa puissance, ou éventuellement la pêche, pour peu que l'on pioche dans les options concernées.
Formé à l'école de la Voile, son propriétaire a laissé libre cours à sa culture de la navigation en mer afin de donner à son semi-rigide une configuration à la fois marine et ludique, prenant en compte les exigences d'une utilisation familiale, aidé en cela par l'évolution amorcée par Zeppelin ces dernières années. C'est ainsi, que l'on trouve à bord un solarium gonflable et une confortable banquette biplace en arrière d'un leaning-post offrant au pilote et copilote une ergonomie de conduite efficace, à la fois debout et assis, grâce à une assise rabattable que l'on pourra utiliser lors des longs trajets par mer calme.
Par contre, nous ne sommes pas "fans" du maneton de manœuvre qui équipe le volant. Certes, cet accessoire facilite les manœuvres au port ou en action de pêche, permettant de conserver une main sur la canne tout en dirigeant le bateau, mais en navigation sportive en mer formée, il présente un danger pour l'abdomen du pilote, en cas de réception violente dans la vague. Car, le lot de ce semi-rigide armé en hauturier, c'est la navigation tout temps, grâce à une coque certifiée insubmersible, un tableau de bord doté d'une sérieuse centrale de navigation (un combiné Simrad NSS à écran 12 pouces, une VHF portable étanche et une fixe Navicom AIS 25 watts), et un flotteur en tissu Orca 1 670 décitex à sept compartiments. Le sac de sécu est garni de brassières de sauvetage auto gonflables, d'une pharmacie complète et Pascal Lassus, le propriétaire, ne se départit jamais des cartes papier, du compas de relèvement et de la règle Cras. "Il ne manque que la balise de détresse", sourit-il… Par ailleurs, l'accastillage est lui aussi très sérieux, à l'image de la bitte de proue et du mouillage avec deux ancres. Pour préserver la facilité de circulation à bord, le matelas de bain de soleil est gonflable. Rapide à mettre en œuvre à l'aide du gonfleur électrique monté dans la console, il est stocké au dos de la banquette arrière, afin de ne pas entamer la capacité de stockage du bateau (coffres dans les sièges et la volumineuse console).
Avec son V plutôt ouvert à la poupe (au maître-bau) et l'appui de ses flaps fixes qui prolongent la longueur à la flottaison, le XV Pro 750 est fidèle au comportement dynamique des Zeppelin qui, à défaut de se montrer très vivants à la barre, conservent une maîtrise totale de leur assiette, quelles que soient les figures qu'on leur impose. Un Zeppelin, ça suit la mer, ça fait corps avec elle… Et même avec 300 chevaux aux fesses, il procure un énorme sentiment de sécurité, qu'on soit à la barre ou passager. Ce type de carène a donc besoin d'une grosse louche de trim positif pour s'aérer quelque peu et permettre au moteur d'atteindre son régime maxi. Bien que copieusement trimé, le Zeppelin demeure très stable, tant latéralement que longitudinalement. D'ailleurs, sa tenue de cap reste imperturbable, quelle que soit la direction de la mer ou du vent. Même sensation de stabilité lors du déjaugeage où, malgré l'énorme poussée du gros V6 Suzuki (les chronos d'accélération parlent d'eux-mêmes !) et le léger cabrage avec reprise d'assiette "en bascule". Sa fine étrave est gage d'un certain confort dans le clapot cassant rencontré entre les archipels de Chausey et des Minquiers, et malgré une déflexion plutôt efficace assurée par les bouchains inversés, il nous est arrivé d'essuyer quelques embruns, guère évitables avec un vent par le travers d'environ trois beauforts.
Ce semi-rigide de 7,50 m est capable d'une belle endurance dans l'effort et d'une autonomie de 160 milles au meilleur rendement du moteur, soit 18,1 nœuds à 3 000 tr/min. Celui-ci est encore élevé à 3 500 tr/min (21,9 nœuds) puis baisse progressivement. Mais, selon nous, son rythme naturel se situe entre 4 000 (26,8 nœuds) et 4 500 tr/min (31,1 nœuds). En croisière rapide, à 5 000 tr/min, soit à 34,9 nœuds, on parcourt 0,58 milles par litre consommé, une valeur un peu en deçà de ce qu'on est en droit d'attendre avec une telle motorisation. Cela ne vient pas de consos trop élevées de la part du DF300, mais du fait que les vitesses enregistrées restent relativement modestes, au regard de la puissance maxi autorisée. Pourtant, le choix de l'hélice semble pertinent, sachant que pleins gaz, et à mi-charge, on obtient 6 200 tr/min, 100 tr/min en dessous du régime maxi motoriste. Or, monter une hélice tirant plus long, dans le but d'augmenter les vitesses, se ferait aux dépens des performances du bateau à pleine charge… Plaisant à barrer, maniable et doté d'une bonne réponse aux gaz, le XV Pro 750 vire court, presque à plat et avec un très gros grip, fidèle en cela au comportement de ses frères de chantier. Avant de prendre des virages en mode sportif, il convient donc d'avertir les passagers de bien se cramponner !
Conclusion
Chez Zeppelin, on a étoffé l'offre en matière d'équipement, et on laisse au propriétaire une certaine latitude pour finaliser son semi-rigide au plus près de ses attentes. Le XV Pro 750 de notre essai en apporte une belle démonstration, avec un capitaine qui a opté pour des solutions fonctionnelles et élégantes. Le comportement marin d'un haut niveau de sécurité fait le reste…