Dans la lignée du 20 Man, ce semi-rigide de milieu de gamme vient élargir la série Pro qui ne comptait encore que trois modèles au début de l'année dernière. Reprenant les recettes qui font le succès de son grand frère, grande surface de cockpit libre, plancher contre-moulé, aménagement à la carte, tenue à la mer sécurisante, il fait des débuts convaincants.
Texte et photos Philippe Leblond
La série Pro dont le flotteur rouge vif est le symbole (il est aussi proposé en gris), compte désormais cinq modèles. Aux Pro 7 (4,20 m), 9 (4,70 m) et 12 (6,30 m) est venu s'ajouter, début 2005, l'impressionnant Pro 20 Man qui apportait un certain nombre de solutions fonctionnelles inédites. L'arrivée en septembre dernier du Pro 15 Man confirme cette conception d'un semi-rigide très polyvalent. Sa première caractéristique est de présenter un cockpit, auto videur à l'arrêt et privilégiant la liberté de mouvements, se contentant pour tout aménagement d'une console haute mais étroite et d'un leaning-post biplace mais pas trop encombrant. à cela, il convient d'ajouter les volumes formés par le grand coffre avant et le module « technique », à l'arrière. Mais ces deux éléments, à la différence de la console et du leaning-post vissés sur le plancher, sont contre-moulés avec le pont et revêtus d'un bon antidérapant, constituant une surface de pont utile. Bref, la circulation à bord reste aisée et les amateurs de pêche ou de plongée (on peut y placer un rack à bouteilles) devraient apprécier le caractère pratique du Pro 15 Man. Il n'en demeure pas moins que la profondeur de cockpit sécurisante, grâce aux tubes de 57 cm de diamètre, et le linéaire d'assise proposé par ses derniers, pourvus de saisines en corde polyamide, sont propices à la navigation en famille ou en équipage nombreux (15 personnes comme son nom l'indique). Le mât de ski, avec son point de traction élevé, devrait combler à la fois les pratiquants de ski et de wake-board, ou de tout autre loisir de glisse tractée. De ce fait, et en dépit de l'absence de solarium et de carré, le Pro 15 Man se classe d'emblée parmi les semi-rigides multiprogramme. Doté, comme ses frères de gamme, d'un flotteur en Strongan duotex amovible, afin d'en simplifier la maintenance ou la réparation, le Pro 15 Man arbore une silhouette traditionnelle avec ses flotteurs de diamètre constant à pans coupés et cônes pointus. Le roll-bar démontable proposé en option lui donne un look de grand baroudeur, de même que les passages pour plongeurs, à mi-longueur, matérialisés par des bandes de renforts noires avec, en réserve, le logo « Pro ». Dans un but de sécurité, le retour du moulage de pont sur la base intérieure des boudins est soigneusement arrondi, et ne présente pas d'angle dangereux pour les chevilles. L'arceau en inox est fixé sur un moulage en polyester qui intègre le bac moteur, large mais peu profond, et une sorte de second tableau arrière avancé, qui offre un petit rangement pour la batterie et le filtre décanteur, à la base duquel sont percés deux vide-vite de bon diamètre. Ce seuil qui supporte le mât de ski constitue aussi un barrage efficace contre le retour de sillage lors des ralentissements intempestifs. Un peu plus en avant, on trouve le leaning-post biplace sur armature inox. L’assise basculante découvre un bac de rangement parfait pour les vestes de quart, ou le petit matériel que l’on veut garder à porter de main et au sec. Une main courante périphérique offre une bonne tenue pour les passagers qui veulent naviguer debout, et un repose-pieds en inox améliore la position de conduite assise. Un reproche néanmoins : la sellerie manque d’épaisseur pour rendre la position debout vraiment agréable.Dommage car, les commandes sont bien disposées et l’ergonomie de pilotage excellente. La console, vraiment étroite - il n’y a presque pas de place pour les instruments ! - est dépourvue de pare-brise et n’offre qu’une protection très sommaire contre le vent et les embruns. Une poignée en inox arme le flanc bâbord, permettant au « copilote » de se tenir. La base est mise à profit pour un petit volume de rangement dont la trappe ferme à clé. Au sol, on remarque une trappe de visite pour le réservoir de carburant de 180 litres disposé sous le pont. La proue abrite un grand coffre unique qui incorpore un bac extractible très pratique pour l’entretien et le matériel humide. Et comme sur le Pro 20 Man, le bouchon de remplissage d’essence placé sur son bord est doté d’un petit bac de débordement. Le couvercle du coffre, qui peut être fermé à l’aide d’un cadenas, comporte une « gouttière » moulée pour la sortie de la chaîne d’ancre. Le petit davier situé sur le nez du bateau est fixé sur un socle en polyester des plus restreints, mais tout de même pourvu d’un taquet. Notre Pro 15 Man d’essai était monté avec deux Suzuki 70 ch, totalisant 140 ch, soit 10 de moins seulement que la puissance maxi autorisée. On s’attendait donc à des performances d’un certain niveau. Si l’accélération conjointe des deux 4 cylindres en ligne à injection (seulement 2’’5 pour déjauger !) nous a impressionnés, il n’en a pas été de même quant à la vitesse de pointe, avec à peine 33 nœuds à plein régime. Cette relative contre-performance a ses raisons. D’abord la coque, gagnée par les algues, en raison d’un séjour prolongé à l’eau, ensuite un choix d’hélices qui ne devait pas être le meilleur dans cette optique puisque les compte-tours sont grimpés jusqu’à 6 200 tr/mn, soit 400 tr/mn au-dessus de la plage de régime maxi dictée par Suzuki ! Sans doute des hélices au pas plus long permettraient-elles de gagner quelques nœuds ? Cela dit, tel quel, ce Zodiac conviendrait bien à un club de plongée, en cela qu’il pourra tolérer un lourd chargement, sans risquer de descendre en sous-régime. Au reste, les amateurs de vitesse et de pilotage sportif auront avantage à se tourner vers un monomoteur (le Suzuki 140 ch par exemple) pour sa traînée hydrodynamique inférieure (une seule embase dans l’eau), sa légèreté (186 kg contre 324) et sa plus grande maniabilité. Un déjaugeage atomique ! Mais, revenons à notre bimoteur. Le plus étonnant, c’est que malgré le poids des deux 4-temps sur le tableau arrière, l’assiette du Pro 15 Man s’est avérée plutôt piqueuse.
à tel point, qu'il était impératif de trimer dès les moyens régimes pour « aérer » cette carène peu encline à lever le nez, et commencer à la sentir vivre. Grâce au trim, elle devient aussi plus confortable sur le petit clapot agressif, rencontré dans le Perthuis d'Antioche. On notera aussi une légère instabilité avec mer et vent par le travers, mais qui se contrôle facilement avec de petites corrections de barre. En virage le Zodiac, malgré le montage double, s'est montré maniable et docile, montrant une bonne accroche, sans ventiler ni raquetter. Ainsi motorisé, le Pro 15 Man, doté d'un réservoir fixe de 180 litres, possède une autonomie (plus de 10 heures) en rapport avec son homologation hauturière..
Conclusion
Ne seraient une console un peu minimaliste et une vitesse de pointe en dessous des standards, ce nouveau venu dans la série Pro nous a bien plu. Parmi ses atouts majeurs, citons une belle habitabilité, une polyvalence intéressante, ainsi qu’une qualité de conception et de réalisation séduisante… Et pour ne rien gâter, il est aussi transportable sur remorque, flotteurs gonflés !