Essai Zodiac Medline 580

Renouveau salutaire

Bon millésime chez Zodiac avec trois Medline entièrement inédits, qui donnent un sacré coup de jeune à la gamme “Comfort Cruising“ de la marque française. Style modernisé, cockpits fonctionnels, comportement franc, pilotage facile, ils ont quoi séduire les néophytes et les plaisanciers confirmés.

Texte et photos Jacques Anglès


 24 090 € sans moteur (tarif 2016)
 5.8 m
 12
 38,2 nœuds avec 115 ch Evinrude 2 T
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Paru dans le Pneumag n° 90 Juillet/Août 2012



Après quelques années de flou stratégique, Zodiac attaque l'exercice 2012 avec vigueur, en présentant trois Medline totalement inédits qui apparaissent déjà comme une réussite. Ces nouveautés s'accompagnent d'un travail de fond de la marque. Premier point, une réorganisation plus lisible de son catalogue plaisance, avec trois têtes de listes : les Comfort Cruising (réunion des séries Medline et Nzo) pour le programme “balades“, les Sport Cruising (séries Pro et SeaHawk) pour le style baroudeur (plongée, pêche…) et la série Futura, inusable représentante des pneus démontables classiques. Sans oublier les annexes, classiques ou Yachtline, pratiquement sans changement. Deuxième point, le constructeur français, traditionnellement spécialisé dans la fabrication des flotteurs en PVC, généralise le choix entre le PVC et le néoprène-Hypalon (CR/CSM), matériau jusque là réservé aux applications spéciales (militaires, sauvetage, expéditions, etc). Voilà qui peut faire revenir vers la marque les pratiquants intensifs, souvent réticents au PVC. Enfin, la production, en partie délocalisée dans l'usine tunisienne d'Enfidha, a été largement rationnalisée, notamment par la standardisation de nombreux éléments. Tous les bateaux produits là-bas passent néanmoins par le contrôle qualité de l'usine de Toulouse avant distribution dans le réseau.
Les trois nouveaux Medline témoignent de ce dynamisme. Finis les flotteurs anguleux “à la française", les bains de soleil avant façon puzzle et les poignées en inox sur les flotteurs ! Les nouveaux Medline sont à la fois plus modernes (coupe des flotteurs notamment), plus sobres (gris clair et blanc, avec juste une touche d'ocre soulignant le liston, et plus fonctionnels au regard d'un programme “vacances et balades“ clairement affiché (nombre de place assises, circulation, rangements, bains de soleil, etc). Et Zodiac conserve bien sûr son atout maître : le flotteur amovible sur glissière, démontable en quelques minutes. Pratique pour les réparations en atelier (on n'a que le flotteur à transporter) ou le remplacement total, plus rapide et moins cher qu'avec un flotteur collé.
Une présentation soignée, un équipement standard correct (avec réservoir fixe inclus) et des packages motorisés attractifs viennent parachever ce travail de fond. Ainsi relancée, la marque française semble bien armée face à des concurrents transalpins toujours actifs, au premier rang desquels pointent Capelli, Selva et Lomac.
Coté coques, les trois modèles ont en commun un V profond (24° au tableau arrière pour les 500 et 540, 22,5° pour le 580) et une longueur de carène généreuse favorisant la stabilité longitudinale. Les trois carènes sont soulignées de virures de fond et les flotteurs s'appuient sur l'eau à l'arrêt, garantissant la stabilité au mouillage.
Côtés cockpits, la parenté entre les trois modèles saute aux yeux. Pas étonnant, vu le nombre d'éléments communs : porte-davier et daviers, capots de coffres avant. La ressemblance est renforcée par l'agencement des trois cockpits, pratiquement identiques de la proue au poste de pilotage. Seules les partie arrière diffèrent (banquette simple sur le 500, banquette-solarium sur le 50 et deux banquettes sur le 580).
Bref voilà trois nouveautés à regarder avec attention, dans le segment le plus disputé du marché du semi-rigide. Jugez-en “sur pièces“ dans les pages suivantes.
Medline 580 rapide et équilibré
Porte-drapeau des nouveaux Medline, le 580 s'inscrit dans les grands familiaux, transportables sans dégonfler le flotteur. Si l'on peut considérer les M-500 et M-540 comme deux nuances d'une même famille, le M-580, nettement plus large et plus long, représente un vrai changement de catégorie, avec un cockpit “3 zones“ et une habitabilité bien supérieure : sept places assises (ou semi assises au poste de pilotage). La zone avant, convertible en solarium ou en coin repas, reste proche des deux autres modèles avec quelques centimètres en plus. La console de pilotage est elle aussi presque identique, mais avec un pare-brise plus haut procurant une meilleure protection du pilote et un petit passavant en plus sur tribord. Les plus grosses différences se situent dans la moitié arrière, notamment avec l'adoption d'un leaning-post de pilotage, plus agréable que les banquettes des “petits“ et d'une banquette arrière à trois places pour les passagers. Comme sur le 540, cette banquette se convertit en un bain de soleil. La plage de poupe, équipée de l'échelle de bain de la série, profite également d'une augmentation bien perceptible. de même que les volumes de rangement, avec un coffre supplémentaire sous le leaning-post et une soute arrière plus volumineuse. Quant à l'équipement standard, il reste en grande partie identique aux autres modèles : davier d'étrave inox repliable, réservoir d'essence intégré de 90 l, échelle de bain repliable en inox et teck. Le 580 bénéficie toutefois d'une direction hydraulique alors que les deux autres ne disposent que d'une direction mécanique, suffisante dans ces tailles.
Notre modèle d'essai, doté d'un Evinrude 115 ch, correspond à l'un des trois packages proposés par Zodiac, les autres étant en Yamaha ou Suzuki, de même puissance. C'est d'ailleurs la puissance maximale autorisée, dont on peut dire qu'elle convient bien à cette coque relativement lourde.
En prenant les commandes, on se cale confortablement sur le leaning-post, en appréciant le joli volant cerclé d'acajou, mais la manette de gaz, plaquée sur le côté de la console, est un peu à bout de bras. Surprise, le deux-temps Evinrude ne se révèle pas particulièrement nerveux au déjaugeage, un peu à la peine avec une hélice 19'' à l'évidence trop longue (une 17'' conviendrait mieux). En revanche, même avec cette hélice qui ne permet pas d'atteindre le régime maxi (nous plafonnerons à 5 600 tr/min en trimant au mieux) il affiche un punch époustouflant dès que l'on passe au-dessus de 4 500 tr/min. Bien que les performances relevées au GPS soient honnêtes, elles devraient s'améliorer avec une hélice un peu plus courte, la barre des 40 nœuds étant à la portée de ce modèle. Côté pilotage, c'est un bateau facile à prendre en main, à l'instar des deux autres nouveaux modèles. Il déjauge sans se cabrer, et montre en ligne droite une parfaite stabilité de route quelle que soit la vitesse. Seule réserve, la direction hydraulique est un peu trop démultipliée (5,5 tours de butée à butée) ce qui ne favorise pas le pilotage sportif dans les vagues. La carène est gourmande de trim jusqu'à l'excès et peut atteindre sa limite de stabilité à haute vitesse si l'on traite ce réglage sans mesure. Elle se montre légèrement (et agréablement) survireuse en longues courbes rapides, un peu moins vivante en virage serrés où elle consomme beaucoup de puissance (autre conséquence d'une hélice trop longue). En revanche, on peut se féliciter de l'excellente vitesse de croisière, obtenue aux régimes de meilleur rendement (24 à 28 nœuds entre 4000 et 4400 tr/min).
CONCLUSION POUR LES 3 MODÈLES
Ces trois nouveaux Medline apportent une nouvelle cohérence à la gamme, avec un bon échelonnement des tailles. Ils proposent aussi de vrais choix, notamment entre flotteur PVC ou CR/CSM (néoprène-hypalon). À ce titre, ils intéresseront aussi bien les nouveaux adeptes du semi-rigide que les plaisanciers avertis. Et bien qu'ils visent en priorité un programme familial, ils peuvent aussi satisfaire des pêcheurs ou des plongeurs.
Leurs atouts maîtres : des cockpits pratiques, suffisamment de rangements, un look dans l'air du temps mais néanmoins assez classique pour ne pas se démoder dès l'année prochaine (pensez à la revente), et enfin les flotteurs démontables chers à Zodiac.
Le plus petit des trois est notre préféré. C'est un bon choix pour qui veut s'initier au semi-rigide avec un budget abordable (18 000 à 21 000 €). Quatre à cinq personnes correspondent à sa capacité optimale, pour laquelle nous conseillerons les packages avec 70 ou 75 ch, les motorisations inférieures (50 ch) risquant d'être décevantes.
Le 540 offre un bon compromis confort/performances pour un programme de vacances et il reste très facile à transporter sur remorque, grâce à sa largeur modérée. S'il peut se satisfaire des motorisations 70 ch proposées en package, on regrette que Zodiac n'offre pas de choix un peu plus puissant (80-90 ch).
Enfin, le 580 s'adresse plutôt à des plaisanciers ayant déjà une certaine expérience, avec une capacité en passagers permettant d'inviter des amis, en se gardant toutefois de dépasser huit passagers. Les packages proposés, avec 115 ch Evinrude, Suzuki ou Yamaha, correspondent à la puissance idéale pour ce modèle.
Ces trois modèles sont dotés d'un équipement standard correct, mais les tarifs des options sont excessifs (ex : 499 € pour la table de cockpit, deux fois plus que chez un shipchandler). Se fournir chez un équipementier peut être plus économique.
En conclusion, ces nouveaux Medline sont bien conçus et proposés à des tarifs attractifs, sans être tout à fait à l'abri de la concurrence italienne. Le constructeur français s'en distingue toutefois par des packages avec plusieurs marques de moteurs (Evinrude, Suzuki ou Yamaha). Bonne idée !



photo Zodiac Medline 580


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photo Zodiac Medline 580


photo Zodiac Medline 580





BILAN
Plus grand que les deux précédents et capable d'affronter en sécurité des conditions de mer musclées, le M-580 offre logiquement un programme de navigation plus riche. De plus il permet d'embarquer sept à huit passagers sans trop se serrer à bord, avec comme les autres, un cockpit aussi agréable en navigation qu'au mouillage. Enfin, pas d'hésitation sur le choix du package : le 115 ch est exactement ce qu'il lui faut pour exploiter au mieux son potentiel.




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