Avec ses nombreuses places assises, un volume de rangement impressionnant, deux solariums et un accès facile à la baignade, le dernier Medline donne la mer en partage. Puissant et confortable il permet de projeter de belles navigations. Par contre, sa dotation standard est n'est pas très généreuse…
Texte et photos Philippe Leblond
Produit phare de la reprise pour Zodiac, le Medline 740, semi-rigide d'une sobre élégance, avait été présenté au Nautic de Paris 2014. Mais les aléas qui ont entravé l'activité du grand constructeur français ces deux dernières années ont différé son véritable lancement, autrement dit ses premiers galops en mer. Voilà qui est chose faite ! Et bien faite, comme nous allons le voir, tant en le mettant à rude épreuve dans la baie de Quiberon, qu'en passant en détail sa conception. Résolument tourné vers une utilisation collective (sorties en famille ou entre amis), le Medline 740 se "déguste" à plusieurs. Commençons par une visite en bonne et due forme…
*Dommage que quelques options ne soient pas de série…*
Dès qu'on met le pied à bord du 740, on éprouve une sensation d'espace. On apprécie la facilité qu'il y a à se déplacer de la poupe à la proue, le bureau d'études de Zodiac ayant opportunément choisi de décaler le mobilier de cockpit sur tribord, afin de laisser un confortable passage à bâbord. Par ailleurs, cet ample cockpit, autovideur à l'arrêt, propose de nombreuses vraies places assises. Dans ce segment de marché, il est rare de pouvoir asseoir jusqu'à huit passagers (dix en comptant des enfants parmi l'équipage), sans utiliser les flotteurs ! L'accès aisé à la baignade, via le passage latéral, à bâbord de la banquette arrière, et la présence de deux spacieux solariums en font un bateau idéal pour les escales dans les criques ensoleillées. Les manœuvres de mouillage seront rendues très faciles dès lors qu'on optera pour le guindeau à télécommande, option coûteuse mais plutôt utile sur un semi-rigide qui va déplacer plus de deux tonnes en ordre de marche (avec l'équipage). Pour la bronzette, les dossiers basculants des deux banquettes qui se font face peuvent former un solarium arrière en un temps record. Bien vu ! Et les épicuriens (dont nous sommes !) apprécieront le carré arrière permettant à une famille de sept, de prendre place autour de la table dressée pour l'apéritif et le pique-nique. Le confort sera complet en optant pour le réfrigérateur optionnel. Question pratique, le rangement n'a pas été négligé avec plusieurs coffres (l'ouverture de celui de l'arrière n'est pas commode), dont celui de la console (basculante) et celui de l'avant (très profond) capables de contenir facilement toute la sellerie et les affaires de l'équipage.
Autre motif de satisfaction, le poste de pilotage avec un leaning-post vraiment biplace et une large console protectrice et dotée d'un tableau de bord spacieux. Ce dernier peut aisément intégrer plusieurs aides électroniques à la navigation, le combiné LCD Yamaha, la hi-fi (Fusion), une VHF fixe, sans même se servir du rebord supérieur pour des appareils sur étrier. La position de conduite est bien étudiée, que ce soit debout ou assis, grâce aux repose-pieds plantés dans la base de la console. Sous le volant, le coffre sec intégrant un équipet format boîte à gants est à portée de main du pilote. Toujours à propos du soin apporté à l'ergonomie, il convient de souligner les retours de plancher arrondis à la base des flotteurs (pas de danger pour les jambes) et les charnières des coffres affleurantes (pas de risques pour les pieds), car placées dans des réserves du moule de pont.
En revanche, pour ce qui est de l'équipement fourni en standard, Zodiac ne s'est pas montré généreux. Il est dommage, par exemple, que le solarium de proue, la douchette et la table de cockpit figurent parmi les options… Autres points qui prêtent le flanc à la critique : la proximité du mât de ski avec la tête du passager central de la banquette arrière, la mousse des sellerie qui prend l'humidité, la pause de la bande antiragage perfectible (ondulations sur le nez du bateau)… Par ailleurs, nous avons une préférence pour les saisines en corde tressée, plus ergonomiques que les sangles qu'on trouve d'ailleurs sur de plus en plus de semi-rigides, l'esthétique primant sur la fonctionnalité. Enfin, le taquet de proue, fixé sur le petit davier en polyester, s'avère nettement sous dimensionné.
*Une tenue de cap impeccable dans la mer formée*
Le jour de notre essai, le vent était bien présent (environ 5 beauforts) et avait méchamment "cabossé" la Baie de Quiberon (gros clapot agressif sur houle de 80 cm à 1,50 m). De quoi juger sur pièces les aptitudes de la carène en V évolutif du Medline 740, celle-ci étant héritée de l'excellent Pro 750. Un V évolutif, certes, mais conservant un angle de 22° au tableau arrière, ce qui reste élevé pour un bateau de type familial. De fait, nous avons pu constater les qualités de passage de cette coque qui préserve autant que faire ce peut le confort de navigation dans cette mer très formée. Mention bien aussi pour la tenue de cap imperturbable, même avec vent et mer par le travers, et à haute vitesse (trim neutre). Nous avons pu également apprécier l'équilibre du Medline dans les sauts, avec une assiette positive juste ce qu'il faut, même face au vent (trim neutre). Et avec mer de l'arrière, la carène du 740 "soulage" bien dans les creux profonds et défléchit efficacement, rejetant les embruns sur les côtés. Par ailleurs, lors de quelques virages énergiques, le Medline a démontré un comportement sain, avec des trajectoires précises, une accroche régulière, témoignant d'une prise en main facile qui met rapidement le pilote en confiance. Cet essai nous a aussi permis de valider l'alliance réussie avec le Yamaha F250, dont les 4 169 cm3 (plus grosse cylindrée du marché à ce niveau de puissance) garantissent un couple dont la plage est très étendue et confèrent au pilotage une grande souplesse.
Au rayon des performances, la présence d'une peinture antifouling n'a pas permis au Medline 740 de montrer toute l'étendue de sa vélocité. Aux 45,1 nœuds enregistrés en trimant autant que les conditions de mer nous l'ont permis, il conviendra d'ajouter au moins trois nœuds. Un semi-rigide monomoteur de 25 pieds, typé familial, qui approche les 50 nœuds avec deux personnes à bord et le plein, voilà qui n'est pas courant. Mais revenons sur les chiffres que nous avons obtenus à La Trinite-sur-Mer, fief du concessionnaire Zodiac, Rioux Nautique, pour constater que les rendements, compte tenu de l'énorme cylindrée du Yam, sont assez économiques, avec notamment 0,76 mille par litre à 22 nœuds (3 500 tr/min), une vitesse de croisière très agréable, accompagnée du doux ronronnement du V6. Ce dernier offre aussi au Medline de bonnes accélérations avec un déjaugeage en 4"4 (chrono pénalisé par une reprise d'assiette en deux temps) et à peine plus pour franchir les 20 nœuds, départ arrêté. Enfin, grâce au réservoir bien dimensionné (plus d'un litre par cheval de la puissance maxi autorisée), l'autonomie au meilleur rendement dépasse les 200 nautiques. De quoi espacer les corvées du ravitaillement durant l'été…
Conclusion
Enregistré à moins de sept mètres et doté d'un hors-bord à la puissance fiscale inférieure à 22 CV le Medline 740 échapperait aux droits de navigation… Ce qui n'est pas le cas avec le Yamaha F250 de l'essai qui affiche 23,9 CV et oblige à payer la taxe moteur. Ce Zodiac est aussi transportable par la route, mais sa largeur de 2,90 m nécessitera un léger dégonflage pour prendre place sur la remorque. Zodiac propose d'ailleurs parmi les options un gonfleur électrique Turbomax. Elégant, confortable, convivial, performant mais facile à piloter, le 740 ne devrait pas tarder à trouver sa clientèle.