Bien équilibré, nerveux et véloce mais facile à piloter, même avec 200 chevaux, le Medline 660 est digne de son grand frère, le 740, dont il est la réplique en réduction. Ce qui ne l'empêche pas de proposer un cockpit spacieux et bien conçu pour les sorties avec un équipage nombreux. Sera-t-il l'élu dans cette "primaire" où les candidats ne manquent pas ?
Texte et photos Philippe Leblond
Lancé en même temps que le Medline 740, c'est-à-dire fin 2014 (présentation au Nautic de Paris), le 660 n'est arrivé chez les concessionnaires qu'en début d'année. Le temps nécessaire pour que Zodiac Marine devienne Zodiac Nautic… D'une élégance discrète, ce nouveau Medline concentre de nombreux atouts, parmi lesquels celui d'être transportable par la route sans besoin de dégonfler les flotteurs. C'est l'un des rares semi-rigides, à ce niveau de longueur, à offrir cet avantage. Pour le reste, nous allons embarquer à bord afin de mieux cerner ses (nombreuses) qualités et ses (rares) défauts.
*Pontage arrière en pente : attention !*
Pas très large (ce qui lui permet d'être au gabarit routier), le Medline 660 n'en offre pas moins une surface de pont appréciable. Un petit bémol cependant : un traitement différent de la poupe aurait pu générer plus de longueur intérieure, car on a le sentiment d'un peu de place perdue, avec tout cet espace derrière la banquette… D'autant que ce pontage qui supporte l'échelle, le mât de ski et les taquets (trop petits) est en pente… Même avec l'antidérapant, il convient d'être vigilant lorsqu'on s'y déplace ! Un avantage tout de même à cette configuration, une grande soute arrière qui peut engloutir tout l'armement de sécurité, sur un caillebotis qui isole le matériel du fond de coque, endroit humide s'il en est. On notera aussi que la batterie est sanglée dans son bac, en hauteur, sur l'un des renforts de coque. Notons aussi l'ouverture ample de cette cale, aidée par deux vérins. Par contre, l'ouverture ne peut se faire qu'en rabattant le dossier de la banquette vers l'avant (en position bain de soleil), ce qui n'est pas l'idéal pour accéder à ce rangement. Dans ce domaine, le Zodiac offre de nombreuses possibilités avec des coffres dans le leaning-post, dans la console et bien sûr sous le solarium avant, ainsi qu'une baille à mouillage indépendante. Un bon point au passage pour le nable du réservoir d'essence, dans son rangement dédié, sous le solarium, et doté d'une petite cuve de débordement pour conserver un pont propre.
Autre point important : la circulation à bord. Compte tenu de sa largeur modeste, déporter le poste de pilotage à tribord était la bonne solution, afin de laisser un large passage à bâbord, plutôt que de se contenter de deux étroits passavants. Une contrepartie à cette option : la présence du retour de pont sur le flanc interne du flotteur tribord oblige le pilote, lorsqu'il barre debout, à se placer au centre du leaning-post pour ne pas se sentir gêner à la jambe droite, ce qui fait que ce siège d'une largeur de biplace devient monoplace. En pilotage assis, ce n'est plus un problème et pilote et copilote apprécieront la présence des repose-pieds fixés dans la base de la console. Par ailleurs, le tableau de bord, spacieux, montre un agencement cohérent, avec une place suffisante pour intégrer une centrale de navigation Garmin, avec écran de sept pouces, la commande de l'Active Trim et une sono Fusion. La poignée pour le copilote n'a pas été oubliée, de même que le coffre sec derrière le volant, pouvant faire office de boîte à gants.
*Un comportement efficace, un pilotage plaisant*
Au large de La Baule, la mer n'était pas bien remuante le jour de notre essai, mais une légère houle résiduelle et un petit coup de vent de trois beauforts ont tout de même permis d'entrevoir les qualités marines de ce (presque) nouveau Medline. Même à 30 nœuds, et quelle que soit la direction des vagues, le 660 passe en souplesse, et avec une tenue de cap rigoureuse, montrant de réelles dispositions pour de longues sorties à vitesse soutenue, d'autant que son la capacité de son réservoir lui garantit une belle autonomie. Sa facilité à exploiter toute la puissance du Verado 200 ch, nous laisse penser qu'il pourrait sans problème supporter 50 chevaux de plus, sans pour autant que ces derniers se révèlent utiles. Car, le Medline 660 est avant tout un semi-rigide de promenade, pas un semi-rigide "offshore", à la britannique. Et le Verado 200 sera amplement suffisant pour pratiquer le monoski, même avec un skieur de fort gabarit… Facile à barrer, le Medline 660 l'est également en virage, même en ayant la main lourde sur les gaz et en tournant court. Malgré une gîte intérieure modérée, il s'accroche bien à sa trajectoire et sort des virages sans perdre de motricité.
Tel qu'il était motorisé, ce "familial" est largement capable de dépasser les 40 nœuds puisqu'il a affiché 43,4 nœuds au régime maxi, avec une peinture antifouling, dont on sait qu'elle pénalise un peu la glisse en comparaison d'un polyester vierge. D'après nos estimations, les rendements des allures de croisière, entre 3 500 tr/min (20 nœuds) et 4 500 tr/min (29,6 nœuds) devraient se situer autour du mille parcouru par litre consommé, ce qui est très satisfaisant avec 200 chevaux. De quoi profiter à plein de ces bons chiffres pour passer du temps en navigation et explorer tous les mouillages, même éloignés.
Notre exemplaire d'essai était équipé de l'Active Trim, mis au point par Mercury Marine. Ce réglage de trim automatique apportera sans doute du confort aux utilisateurs qui n'ont pas envie de se plonger dans les subtilités du pilotage. De nos essais avec ce bateau, il ressort que des cinq programmes, le mieux adapté était le n°3. C'est le seul qui nous a permis d'atteindre la vitesse maxi. Les programmes 4 et 5 relèvent trop le moteur et font ventiler l'hélice. Le régime monte encore tandis que la vitesse baisse, et l'Acive Trim ne se corrige pas de lui-même. Avec les programmes 1 et 2, le Verado 200 fonctionnait en sous-régime (5 800 à 6000 tr/min maxi), la V-max ne dépassant pas 39 nœuds. Lorsqu'on ralentit, le trim redescend progressivement. A l'arrêt, il retrouve le négatif, puis il remonte au fur et à mesure de l'accélération. A l'attaque d'une courbe, il redescend, mais met plus de temps qu'en mode manuel.
Conclusion Le bilan global est nettement positif. Confortable, rapide, habitable, doté d'un plan de pont bien pensé, il ne fait pas de doute que le Medline 660 va rencontrer un certain succès, d'autant qu'à son niveau de longueur, il est l'un des rares semi-rigide de ce type transportable flotteurs gonflés. Mais, que lui manque-t-il pour vraiment faire oublier la concurrence ? Peut-être un peu plus de personnalité sur le plan esthétique car, s'il ne manque pas d'élégance, il n'évite pas une certaine fadeur.