Cinq ans ont passé depuis le lancement du Medline 740, dont le 7.5 reprend la carène et les cotes. Les évolutions portent essentiellement sur l’aménagement de pont avec surtout une cellule arrière dotée d’un carré en U, dont la capacité d’accueil est augmentée, et la présence d’une kitchenette intégrée au siège de pilotage. Sans compter la console au nouveau design et quelques détails de cosmétique visant à moderniser le style de ce fer de lance de la gamme « familiale » de la grande marque française. Embarquez en notre compagnie pour mieux faire connaissance avec ce semi-rigide qui ambitionne de concurrencer les nombreux produits italiens de ce segment de marché.

Au ponton

Les plates-formes de bain tendent vers le quai une surface revêtue de mousse EVA dessinant des lattes façon teck. Un matériau qui gagne du terrain dans le domaine du semi-rigide du fait de son apparence moderne et de son absence d’entretien. Moelleux aux pieds ce matériau est également un bon antidérapant. On le retrouve également dans le cockpit… Bien qu’affichant 7,34 m de longueur hors-tout, le fait que ces plates-formes soient démontables permet d’homologuer le Medline 7.5 sous les fatidiques sept mètres. Pas de taxe sur la coque donc, mais par contre le Yamaha F300B, avec sa copieuse cylindrée de 4,2 litres affichant plus de 22 CV de puissance administrative, n’y échappe pas… La communication plage de bain/cockpit est favorisée par la présence d’un passage latéral bâbord, grâce un segment du dossier de banquette arrière amovible. On remonte du bain via l’échelle flanquée d’une petite main courante et la douchette est à portée de main. Le carré arrière a gagné deux places assises par rapport à celui du 740, avec l’apport de deux strapontins. Une fois rabattus, ces derniers n’empiètent pas sur la surface utile, et peuvent même servir de point d’appui au niveau des jambes pour manier la canne à pêche. Et grâce à la banquette en vis-à-vis, adossée au leaning-post, ce sont huit convives qui peuvent prendre place autour de la table en iroko. Cette dernière, qui sert de complément au solarium de poupe, sera bientôt dotée de deux pieds au lieu d’un actuellement pour un meilleur équilibre. A la différence de l’ancien modèle, le leaning-post du nouveau 7.5 comporte quelques équipements de cuisine : réfrigérateur, évier, réchaud (option) et une grande planche à découper. Lorsque vient l’heure du bain de soleil, il faut un peu de patience pour composer le puzzle du matelas, mais une fois en place, ce dernier affiche de belles dimensions : 145 x 165 cm. S’y ajoute celui de la proue qui n’est pas mal non plus (182 x 137 cm sans l’extension optionnelle), se prolongeant jusqu’au siège intégré sur la face avant de la console.

Question rangement, le nouveau Zodiac n’est pas en reste. Il y a bien sûr la cale arrière nantie d’un double fond pour isoler le contenu de l’humidité des fonds, un autre coffre sous l’assise qui lui fait face, une grande soute apparaît aussi lorsqu’on bascule la console vers l’avant, pouvant recevoir les objets longs (skis, gaffe, cannes, avirons…), sans oublier le généreux coffre situé sous le solarium avant. Le coffre à mouillage est indépendant et contient le guindeau électrique avec sa télécommande filaire locale. Une petite delphinière habillée d’antidérapant est flanquée de deux taquets (petits) et propose un petit davier, l’ancre étant à poste dans l’écubier d’étrave, une solution élégante pour la ligne et pratique, évitant d’éperonner un bateau voisin en cas de manœuvre imprécise. N’oublions pas la petite boîte à gants sur le flanc du siège de pilotage. Pour ce qui est de l’accastillage, le Medline 7.5 déploie un certain nombre d’accessoires… En plus de ceux déjà cités, mentionnons l’arceau polyester inversé, intégrant les haut-parleurs de la sono Fusion, et d’où se déploient les tauds de soleil, l’arceau inox qui sert de point de traction pour les sports de glisse et de main courante lorsqu’on se tient sur la plage arrière, les porte-canettes, les vérins d’assistance à l’ouverture des coffres, les vide-vite de 70 mm de diamètre, les mains courantes du leaning-post et de la console permettant aux passagers assis sur le flotteur bâbord de se tenir en navigation…

Le poste de pilotage comporte un tableau de bord suffisamment spacieux pour intégrer une centrale de navigation à écran de 9’’ ou 12’’ en plus de l’écran Yamaha (difficile à lire en plein soleil), de la stéréo Fusion et d’une éventuelle VHF fixe… N’oublions pas, enfin, de mentionner les nombreuses combinaisons de couleurs (24 !) permettant de personnaliser son Medline afin de le distinguer du statut de semi-rigide de grande série auquel il prétend, puisqu’en dépit de quelques petits bémols, il est bien parti pour embrasser une belle carrière.

En mer

Il est temps de quitter le ponton de Marina Baie des Anges pour juger du comportement de ce nouveau Zodiac… Malgré sa cylindrée digne d’une berline allemande, le V6 Yamaha et ses 300 chevaux savent se faire discrets, en ce lieu où les gigantesques « voiles » de béton de cette résidence ont tôt fait de servir de caisse de résonance aux mécaniques bruyantes. Une fois franchi les 300 mètres, étrave pointée sur l’horizon, nous poussons l’accélérateur. Le Medline 7.5 s’arrache du fluide sans effort apparent. Sa reprise d’assiette est des plus promptes puisqu’il lui suffit de moins de trois secondes pour naviguer dans ses lignes, en dépit d’un angle de 22° au tableau arrière, chiffre à partir duquel en peut parler de carène en V profond. Dès les premières évolutions, le nouveau Medline fait belle impression, ce qui venant de Zodiac, qui produit généralement de bonnes carènes, n’est pas vraiment une surprise. « Punchy » mais sain malgré la puissance installée, nous apprécions son équilibre lors de notre mesure de vitesse maxi, dans une houle résiduelle de secteur Est, de plus d’un mètre par le travers. Nous avons dû nous contenter de 45 nœuds à 5 800 tr/min, tandis que le rapport d’essai du chantier fait état de 48 nœuds à 5 900 tr/min, avec la même hélice, mais sur un plan d’eau plus favorable et 1/3 de carburant (2/3 lors de notre essai). Dans les deux cas il y avait deux personnes à bord. Le nouveau Medline n’est donc pas en défaut de vélocité. Il est vrai que 300 chevaux représentent la puissance maximale autorisée sur ce semi-rigide. Il pourrait sans doute en supporter davantage, mais cela ne serait pertinent qu’à la condition de naviguer régulièrement avec un lourd chargement. Tel quel, avec 60% de carburant et les 55 litres du réservoir d’eau, la puissance est largement suffisante. Dans les conditions de notre essai, nous pensons que 225 chevaux feraient le job. Ces relevés de vitesse flatteurs s’accompagnent « mécaniquement » de rendements satisfaisants.  Ainsi, nous avons obtenu 0,65 m/l à 4 500 tr/min pour 33,4 nœuds et 0,79 m/l à 3 500 tr/min pour 24 nœuds, le chiffre chutant logiquement au régime maxi (5 800 tr/min) à 0,45 m/l pour 45 nœuds. Le meilleur rendement, lors des essais chantier s’est établi à 0,83 m/l à 3 000 tr/min et 20 nœuds, ce qui confère au Medline 7.5 une autonomie royale de 220 milles, soit une traversée Cannes-Calvi assortie d’une grande boucle jusqu’à Propriano (retour à Calvi) sans ravitailler ! A ce sujet, l’éventail des allures de croisières est large, et le pilote pourra adapter sa vitesse aux conditions de mer rencontrées et au besoin, hausser le rythme pour ne pas perdre sa réservation au restau de la paillotte…

Bon sur les chiffres, le Medline 7.5 l’est aussi au plan du comportement. Le ressenti à la barre est assez limpide. On peut confier le volant à un plaisancier peu expérimenté, sans crainte. L’assiette reste bien équilibrée, même dans les sauts de vagues mer de face, avec des décollages sans cabrage excessif, et des réceptions en souplesse et bien en ligne. Malgré son identité « famille/farniente », le Zod fait valoir quelques qualités sportives, pour le plus grand plaisir de son pilote. Cela se vérifie aussi en virages où, que l’on dessine de larges courbes à haute vitesse avec un peu de trim ou que l’on braque serré, trim en bas avec un gros volume de gaz, la gîte régulière, le grip ferme mais prévenant, la précision du guidage, de l’inscription à la sortie, mettent instantanément en confiance. La reprise de cap se fait en pleine motricité pour enchaîner le virage suivant. CQFD.